Critique : Survival of the dead

Laurent Pécha | 8 septembre 2009
Laurent Pécha | 8 septembre 2009

Alors que ses enfants espagnols (Rec 2) mais aussi français (La Horde) se défoulent et nous font plaisir avec leurs zombies, le papa débarque aussi à Venise pour allonger sa saga des Dead commencée désormais il y a plus de 40 ans. Romero is back et en plus il est en compétition. Son Survival of the dead s'annonce donc sacrément excitant. Après 90 minutes des plus anecdotiques quand elles ne sont pas embarrassantes pour l'aura du maestro, un seul véritable constat s'impose : il est temps de laisser la place à sa descendance. Son Diary avait déjà donné de sacrés signes de fatigue mais il y avait encore un fond des plus pertinents, cette métaphore sur le monde et notre société qui a toujours été la marque de fabrique de la série (la réflexion sur le pouvoir des images et ses dérives). Dans Survival, il n'y a plus rien si ce n'est un humour maladroit, comme une sorte de parodie d'un mythe que Romero a pourtant créé de toutes pièces. Mal scénarisé, le film l'est assurément avec un récit qui met une bonne demi-heure à vraiment s'établir sur l'île, prétexte à intégrer quelques affrontements insipides à coup de zombies éclatés en CGI foireux (la séquence des têtes encore mouvantes sur des bâtons). Les féroces défenseurs du cinéaste argueront que le bonhomme n'a toujours pas cédé à la mode du zombie qui fonce à tout va et que les voir se mouvoir lentement comme au bon vieux temps, fait toujours un bien fou. Ouais et alors ? Si c'est pour les voir apparaître à intervalles parfaitement réguliers (deux scènes de dialogues, un séquence d'attaque) pour tenter de combler le vide sidéral de l'histoire, est-ce vraiment primordial ?

Comme tout se déroule à un rythme pépère, on a en revanche le temps de réfléchir (ça nous évite de s'énerver devant la vacuité des dialogues et le jeu incroyablement poussé de certains comédiens) à où veut bien en venir notre cher Romero. On découvre qu'il a trouvé son angle d'attaque entre deux vieux, les boss des deux clans de l'île que tout oppose dans la manière de traiter les morts-vivants, un veut les liquider car il ne faut pas troubler l'ordre de la vie et l'autre veut les garder en vie car il y a peut être un moyen de trouver une cure. Qui a raison ? Ou peut-être personne ? Le conflit se réglera dans un simili de western mollasson où Romero sort trop tardivement un étalage de gore auquel il ne croit même plus (les plans du corps dévoré de toutes parts par une ordre de zombies démontre une ultime fois qu'il est loin le temps de Zombie). Et si on doutait encore du résultat final - mais si, on est passé à côté, il y a un truc, c'est pas possible autrement -, Romero nous offre un dernier plan qui met clairement les points sur les i : ses Dead ne peuvent plus être pris au sérieux ! Le roi est mort ce soir !

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