Nine : Critique

Sandy Gillet | 3 mars 2010
Sandy Gillet | 3 mars 2010

Alors que le genre dit « musical » (à ne pas confondre avec la comédie musicale) continue à briller de mille feux à Broadway, il reste un parent pauvre au cinéma n'émergeant qu'une fois de temps à autre sur la scène mondiale dans des tentatives d'adaptations (Chicago, Mamma mia !...) ou de créations originales (Moulin Rouge) diversement appréciées par le public et la critique. Tout en faisant partie de la première catégorie, Nine pioche son inspiration principale dans l'univers du cinéma en racontant la panne d'inspiration d'un maestro italien à l'orée de sa nouvelle production.

Nine est une relecture de Huit et demi, chef d'œuvre de Fellini qui l'avait appelé ainsi car il s'agissait de son huitième film plus quelques sketches. Sorte de film dans le film, Huit et demi s'inspirait pour beaucoup du véritable « blocage » du cinéaste qui las, avait décidé d'en faire le sujet de son prochain long, prenant à contre-pied une production qui avait déjà monté certains décors et commencé le casting. Nine, tel une synthèse, se propose de mélanger la grande et la petite histoire faisant de la musique de fin de Huit et demi, le socle d'un film à grand spectacle scénique. Et si le projet semblait sur le papier légèrement casse gueule, quelques centaines de représentations à succès plus tard auront convaincu les plus sceptiques que le jeu en valait la chandelle.

 

 

Le fait est qu'à part les cinéphiles les plus endurcis, personne n'allait crier au scandale (parmi les spectateurs du film qui aura vu le film de Fellini ?), et si Nine ne convainc pas totalement, c'est plus par sa propension à manquer d'idées de mise en scène et de souffle épique lors des numéros musicaux que par sa volonté à rester fidèle à un matériau originel il est vrai puissant et que l'on ne peut que difficilement trahir. Ce qui, on en conviendra, est un peu un problème pour une oeuvre dite musicale et l'on pourrait passer en revue dès lors toutes les femmes pour qui le film dédie à chacune d'entre elles son morceau de bravoure. Si certaines s'en sortent sans trop de casse (Pénélope Cruz en tête, reine du strip-tease façon « Pin-up »), on sera plus circonspect sur notre Marion nationale en femme trompée qui n'arrive à aucun moment à nous faire croire qu'elle en souffre sans parler de son pathétique numéro musical où l'on sent, à chaque plan, l'effort des répétitions mal digérées.

 

 

Bref Nine sent la sueur et le cambouis dans lequel Rob Marshall, pourtant un habitué du genre (remember Chicago) n'a de cesse de plonger les deux mains pour essayer de le tirer vers le haut. Il en résulte un spectacle pas désagréable à l'œil pour autant (la fameuse inspiration fellinienne) mais pas suffisamment inspiré pour se dire que le genre se doit d'être exploré ainsi. Ne serait-ce qu'au-delà du plaisir immédiat des sens et de la folie empesée des chorégraphies qui peuvent un temps faire illusion, l'intérêt d'un tel projet mastodonte est tout simplement nul. Reste que Fellini ne s'en retournera pas pour autant dans sa tombe et que finalement c'est peut être bien cela le plus important !

 

 

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