Critique : Better things

Nicolas Thys | 16 janvier 2009
Nicolas Thys | 16 janvier 2009

L'amour est un art abstrait.

 

Souvent, il propose une expérience de l'être, du monde et de la vie bien au-delà de ce qu'il est possible pour nous d'imaginer, de concevoir dans notre monde limité. A la manière d'une drogue il nous transporte dans des paradis perdus, des lieux étranges semblables aux nôtre mais jamais tout à fait identiques, comme si quelque chose avait changé dès lors qu'il nous avait touché. Il nous fait vivre des instants doux mais cruels, réels et surréels. Et surtout il n'a pas d'âge.

 

Voilà en quelques mots l'idée de Better Things : drogue et amour ont de nombreux traits communs. Idée et non message car jamais le film ne critique, n'appose sa volonté ni ne cherche à rendre des comptes. Simplement il expose et le spectateur reçoit, ou pas. A priori réaliste dans sa description de l'addiction, de l'overdose ou de la prise de drogue et de ses effets, il est en fait emprunt d'une grande poésie et ne fait que prendre quelques parcelles de réalités premières pour les transformer en des images et des sons étonnants, fracassants.

 

Malgré quelques longueurs, pourtant indispensables, cette œuvre d'un formalisme implacable tant dans sa photographie terne, bleutée ou ultra-colorée que dans son montage et dotée d'une grande puissance rythmique, propose des histoires à la fois bouleversantes et terribles de justesse. Une mort jeune et son pendant affectif, addictif, quelques amis sans repères autre que des sentiments qui vont et viennent, un couple âgé proche et distant, une petite fille agoraphobe mais vivante et sa grand-mère pratiquement partie mais avide de liberté. Plusieurs récits, quelques mots, une petite musique de Schubert, quelques plans comme cette main ouverte et ce baiser céleste : une profondeur immense qui nous entraine dans des méandres d'une infinie tristesse.

 

L'expression réalisme poétique trouverait dans ce film une autre signification que celle qu'on lui attribue habituellement, plus appropriée certainement. D'autant que Better things n'a pas vraiment de fin...

Résumé

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