Critique : 8th Wonderland

Damien Tastevin | 10 mai 2010
Damien Tastevin | 10 mai 2010

Comment combattre un pays qui n'existe pas ? C'est la question que pose ce film de Nicolas Alberny et Jean Mach. Déçus par la façon dont les pays sont gouvernés, des personnes disséminées de par le monde décident de s'unir en formant, par le biais d'Internet, la résistance du 8th Wonderland, premier pays virtuellement crée dont la déité n'est autre qu'un mystérieux webmaster. Si les premières actions de ces natifs de l'ère 2.0 tiennent plus de la blague, originale et hilarante avec installation de distributeurs de contraceptifs goût « hostie » et enlèvement de la dinde de Thanksgiving, bientôt, ce véritable pays se recouvre d'ambitions plus larges. Empêcher l'installation d'une centrale nucléaire au Moyen-Orient ? Rien ne devient impossible pour les 8th Wonderlandiens. Ils se retrouvent donc sur le devant de la scène géopolitique internationale, qu'ils tentent de faire plier par une philosophie dont les principes clés sont la liberté, l'humanisme et l'intérêt du bien commun. Sauf que 8th Wonderland reste un groupe social, avec ses ego, ses tensions et où le mieux peut devenir l'ennemi du bien.

8th Wonderland marque le grand début de Nicolas Alberny à la réalisation d'un long-métrage. Jean Mach a, quand à lui, déjà réalisé le film Par l'odeur alléché. Autant se le dire tout de suite, pour des néophytes, c'est de l'excellent boulot ! Le film aborde tous les thèmes (ou presque) propres à la nature d'un pays indépendant : immigration, pouvoir, élections, corruption des idéaux, nationalisme, conservatisme... Mais surtout, si le film aurait mérité un budget plus conséquent, finalement, les deux réalisateurs tirent le meilleur des moyens du bord. Une poignée de scènes, un maximum de plans face caméra et un montage hallucinant, vertigineux. La salle virtuelle, genre sphère 3D constituée par ordinateur, où communiquent les milliers d'habitants du 8th Wonderland en est le plus bel exemple. Un appel avait été lancé en 2008 pour que des figurants se filment via leur webcam et envoient leurs vidéos aux réalisateurs. Leur utilisation et leur interaction créent une dynamique inattendue, où le rythme n'obéit plus à un récit linéaire mais à une effervescence de personnages, de points de vue, d'idées. Et les deux bonhommes en ont des idées, souvent justes et drôles, parfois jusqu'au-boutistes et cyniques.

Ils peuvent d'ailleurs s'appuyer sur un casting solide et multiple. La plupart des acteurs sont des amateurs ou des novices, mais les réalisateurs se servent de leur fraîcheur et de leur spontanéité pour renforcer la crédibilité du postulat du film. Ces anonymes partagent par écran interposé, et devant son grand écran, le spectateur devient l'un d'entre eux. Il prend part à leurs échanges politiques et idéologiques, s'insurge face à ce faux porte-parole et sourit à leurs « actes » terroristes. Lui aussi est pris dans l'engrenage du pouvoir et de l'illusion et lorsque 8th Wonderland n'est plus ni wonder, ni un land, le film a gagné. Le travail, ou plutôt l'abattage de ses créateurs a porté ses fruits, semé ses germes. Le spectateur sort de la salle mais il est toujours connecté. Cela n'aurait peut-être pas été le cas si le film n'était qu'une charge, une critique, une morale. Mais de par son économie et son inventivité, 8th Wonderland est une merveille de film de genre.

Résumé

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commentaires
jean mach
25/03/2018 à 05:36

8th wonderland ; une merde

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