Critique : La Vie est une goutte suspendue

Nicolas Thys | 15 février 2011
Nicolas Thys | 15 février 2011

Les contes cinématographiques ressembleraient-ils aux essais ? Parfois oui, c'est ce que semble dire La Vie est une goutte suspendue, portrait très subjectif d'un homme normal, c'est à dire sur Terre , semblable à tous les êtres humains mais différent, unique. Avec une personnalité forte mais sans folie, qui se fait et se défait à chaque plan, oscillant entre force morale et faiblesse physique. Le beau film d'Hormuz Kéy semble perdu entre plusieurs genres tout à fait différents.

Du documentaire, il en a tout l'air. Le réalisateur a suivi Christian de Rabaudy pendant presque deux ans, jusqu'à la mort de ce dernier, point final de son film qui passe comme l'éclair, comme s'il ne pouvait l'accepter (les personnages de contes sont immortels après tout). Il en a retiré des heures de rushes et il en a montré un peu plus d'une heure quinze. Donc un être qu'il montre dans ses lieux de vie, avec ceux qui l'entourent. Des images brutes mais cadrées, comme il le rappelle au début.

Et voilà l'essai. Essai philosophique avec les jolies phrases par moment du protagoniste mais surtout dans la démarche du cinéaste de présenter un homme dans son être au monde, dans toute sa splendeur et toute son humanité. Mais surtout essai cinématographique dans lequel on voit l'homme et Hormuz Kéy parler du film, de leur rapport au plan, à la manière de filmer, de se déplacer, dans lequel les mouvements s'arrêtent et repartent brusquement comme si tout le film n'était qu'une manière de dire : « voilà comment j'ai voulu le montrer, voilà ce qu'il me demandait de faire, voilà ce que j'ai fait ». Et le montage, montage étrange, éparpillé, qui perd et dépasse le spectateur sans raconter une vie, le film n'est pas une biographie, juste un portrait éparse de quelques moments de vie et d'un corps en mouvement, diabétique et squelettique, d'un corps qui se bat.

Et c'est là que vient le conte. Il est à la fois celui de Kéy qui a apporté un manuscrit qu'il récite par moment en voix off. C'est aussi un conte de la vie, d'un ancien professeur de philosophie, auteur de plusieurs ouvrages, sur le point de mourir. Qui veut une dernière fois être là, parler de l'art, du monde, de la vie. C'est un conte du quotidien mais d'un quotidien qui pense et qui se livre avec ses moments forts et ses banalités sidérantes.

C'est là, la force du film. Peut-être aussi un peu sa faiblesse parfois. Le merveilleux est ailleurs...

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