The Nines : critique

Vincent Julé | 13 avril 2008 - MAJ : 09/10/2018 12:50
Vincent Julé | 13 avril 2008 - MAJ : 09/10/2018 12:50

« Look for the nines », lit Ryan Reynolds sur un post-it près du téléphone. Acteur de série, Gary est assigné à résidence après un pétage de plomb (crack + alcool + feu) et plusieurs hallucinations (tiens, j'ai pas de nombril). Entre une nounou envahissante et une voisine entreprenante, il commence à perdre la tête, croise la sœur muette de Dakota Fanning, voit des « 9 » partout... Non, ce n'est pas une suite ou un ersatz du Nombre 23. Peut-être un concept proche de Donnie Darko ou The Fountain ? Oui et non, mais surtout plus que ça. Car à ce premier segment intitulé « The Prisoner » répondent deux autres, « Reality Television » où le scénariste Gavin est suivi par une équipe de télévision alors qu'il tente de monter le pilote de sa série, et « Knowing » où le créateur de jeux vidéo Gabriel tombe en panne de voiture en pleine forêt avec sa femme et sa fille. Ils sont bien sûr tous trois interprétés par Ryan Reynolds, mais c'est déjà trop dit.

 

 

En effet, dans le meilleur des cas, The Nines doit être découvert vierge de toute information ou repère, juste animé par la curiosité ou guidé par le hasard. C'est aussi pourquoi ce premier long-métrage du scénariste John August (Go, Big Fish, Charlie's Angels) n'a pas suivi le circuit habituel, tout d'abord de production puis de diffusion. Quasiment autoproduit par le réalisateur, tourné dans sa maison de Los Angeles, le film n'a connu que les joies des festivals (Sundance, Venise) et d'une sortie limitée aux Etats-Unis. Non pas que cette indépendance le rende plus précieux, mais elle renseigne sur la difficulté et la complexité du sujet. Il n'existe à vrai dire pas de bon pitch pour résumer le film, ni d'ailleurs de bonne ou de mauvaise critique. Il s'agit plutôt d'interprétations, de débats, de mises en perspective ou d'ouvertures.

 

 

Pourtant, The Nines parle au fond de quelque chose de terriblement simple : le néant, rien, nada... et toute la création qui s'en suit pour exister. Quelque chose donc de vital, d'universel, d'infiniment grand mais aussi de non quantifiable, de non réalisable, presque de non cinématographique. Le film ne raisonne ainsi pas en termes habituels de narration et de suspense. Très rapidement, Ryan Reynolds se pose les mêmes questions que le spectateur : est-ce un rêve, suis-je mort, suis-je Dieu ? Et toujours la même réponse : non. Tout le travail, la réflexion et le tour de force de John August est de réussir à appréhender ce qui ne l'est pas à travers ce qui est pourtant le plus proche nous, au quotidien. Des gestes, des relations, des discussions, des personnes. Contradictoire ? Fascinant, oui. Surtout que sa mise en scène (inexistante ou limpide, c'est selon) ne fait pas que jouer les mises en abyme ou les échos, elle est tout entière acquise à ce qui fait que la vie vaut d'être vécue, qu'un film transporte au-delà de son générique de fin : l'émotion. Le facteur humain.

 

Résumé

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