Critique : Intraçable
Il suffit d'une précision pour résumer ce que vaut Intraçable : le dernier film de Gregory Hoblit a été écrit par un avocat et un orthopédiste, sans doute pour tuer le temps entre leur partie de golf et l'apéro. Et si trois scénaristes sont crédités, c'est simplement parce qu'un script doctor a été appelé à la rescousse in extremis. On n'ose imaginer à quoi ressemblait le script avant cette intervention de dernière minute.
Sous ses airs aguicheurs (youpi, des tueries tordues façon Saw
!), Intraçable est un fait un thriller tout à fait ordinaire,
tant dans sa construction que dans sa résolution. Mais c'est aussi et surtout
un film désespérément con, pas assez cependant pour devenir jouissif. Les
invraisemblances et les trous d'air du scénar s'enchaînent à une vitesse telle
qu'il devient impossible d'en faire la liste. Le degré de consternation ne
cesse de croître, surtout lorsque l'on fait connaissance avec le vilain serial
killer après à peine une heure de film : à la fois génie du crime (il a monté
un plan machiavélique en environ 2 jours) et prodige de l'informatique (son
matos est si perfectionné qu'il arrive à berner le FBI comme il veut), il est à
placer sur le podium des psychopathes les moins crédibles de l'histoire du
thriller.
Habituellement, lorsque des scénaristes se permettent de dévoiler l'identité
du tueur plus d'une demi-heure avant le générique de fin, c'est qu'ils ont un
autre rebondissement à proposer, une réflexion à offrir. C'est en effet le cas
dans Intraçable,
puisqu'il nous est proposé un poignant pamphlet contre les ravages d'Internet,
encore moins convaincant qu'une publicité pour le contrôle parental. Ensuite,
le polar reprend ses droits, le personnage de Diane Lane nous expédiant les
antécédents et le mobile du tueur en cinquante secondes avant de mettre cinq
minutes à rentrer chez elle (comme un léger problème de rythme). Il faut
d'ailleurs saluer le travail de l'actrice, qui parvient à rester digne de bout
en bout, visiblement convaincue par les inepties qu'elle doit défendre. Il n'y
a bien qu'elle !
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