Le Royaume : critique

Lucile Bellan | 31 octobre 2007 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Lucile Bellan | 31 octobre 2007 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Quelques années après avoir offert au public son regard sur le football américain universitaire au cinéma puis à la télévision, Peter Berg, cinéaste éclectique, décide de mettre en images sa vision de l'attentat de Khobar en Arabie Saoudite perpétué en 1998. Avant donc d'être un film d'action ou un character-driven, Le Royaume est ainsi une reconstitution époustouflante de l'acte le plus violent commis contre l'Etat américain dans cette région.


Après un générique tétanisant, qui en une poignée de minutes replace avec une maestria inouïe le contexte géopolitique, Peter Berg appose sa griffe de façon flagrante sur des images surprenantes et terribles. Un match de base-ball puis une explosion, la panique puis une seconde déflagration. La caméra est lointaine mais virtuose, capte de manière brusque et brut chaque geste et chaque détail tandis que la musique de Danny Elfman s'inspire directement des envolées planantes d'Explosions in the sky (groupe qui a collaboré aux bandes originales des Friday Night Lights) et cristallise l'émotion à tous les instants, toutes les échelles.

 

photo, Jamie Foxx


Si certains ne voudraient y voir qu'un divertissement, ou d'autres un film patriotique de plus, Le Royaume dépasse simplement tout cela. Honnête et simple, juste terriblement humain, Peter Berg ne donne de leçon à personne. Son regard a alors la pureté d'un gamin qui découvre des horreurs qui le dépassent et dont il fait tout pour comprendre le mécanisme. Sans faux-semblants ni démarche politique, on touche presque au génie quand l'étau se resserre autour du terroriste. Bon ou mauvais, le dénouement est alors secondaire, puisqu'on sait déjà que l'enjeu n'est pas de gagner cette guerre mais de se rapprocher toujours plus de la réponse à la simple question : pourquoi ?

 
Petit à petit, des personnages complexes, attachants, vrais se dessinent, loin des clichés des films du genre, et par là même, une certaine idée de l'Amérique. Et si quelques maladresses feront tiquer les plus réfractaires, une seule phrase - la dernière - remet le film et l'histoire en perspective. Il n'est alors plus seulement question de cinéma, mais bien d'humanité, de notre humanité mise à mal. Une relecture des images est alors possible et un deuxième visionnage nécessaire.

 

Affiche

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