Hercule : critique qui travaille

Simon Riaux | 2 octobre 2022 - MAJ : 03/10/2022 14:05
Simon Riaux | 2 octobre 2022 - MAJ : 03/10/2022 14:05

Presque unanimement conspué par la critique, Brett Ratner est aujourd'hui considéré comme un des plus funestes réalisateurs hollywoodiens, dont la carrière, des Rush Hour en passant par le troisième épisode de la franchise X-Men, fait office de repoussoir à geeks. Dwayne Johnson quant à lui, a su passer du catch au blockbuster décomplexé avec l'assentiment du public. C'est donc avec circonspection et curiosité que nous découvrons aujourd'hui Hercule, qui tente de marier la chèvre numérique et le chou antique.

Hercucul

Revisiter un mythe est de ces entreprises qui permettent de réévaluer une icône et son sens profond. Une démarche dont se revendique haut et fort Brett Ratner, qui ressemble ici à une forme d'arnaque cynique. Contrairement à ce que laissait entendre la promotion du film, il n'est pas ici question de mythologie. Hercule n'a plus rien d'un demi-dieu et encore moins d'un surhomme.

Réduit à l'état de mercenaire, le personnage, accompagné d'une tripotée de compagnons d'armes tout droit sortis du sinistre Roi Arthur d'Antoine Fuqua, se voit également dépossédé de toute l'ambiguité qui faisait sa richesse. Leader incontesté, homme au grand cœur, le fils de Zeus n'est même plus le meurtrier sauvage immortalisé par la légende, Hollywood s'accommodant mal de caractères moralement répréhensibles.

 

Hercule : photo, Dwayne JohnsonAllez Médor, va chercher bâton !

 

la grasse hollywoodienne

Une fois les douze travaux expédiés en un flash-back inaugural, il ne reste plus au film qu'à dérouler son programme d'actioner lourdaud. Très bavard et plutôt chiche en action, le métrage a alors bien du mal à dissimuler les failles de son scénario ainsi que la bêtise de son personnage principal, qui change d'opinions politiques comme de slip de peau.

Le script ne ménage pas non plus les oreilles des spectateurs, grâce à des dialogues navrants où Hercule nous donne du « Fucking centaure ! », après avoir accepté de prendre un « sédatif ». On s'étonnera également de ne croiser dans cette Grèce antique que des individus laïques et sécularisés, désireux d'abattre les mythes et soucieux de la réalité, autre invraisemblance totale d'un scénario aux fraises.

 

Hercule : photo, Dwayne Johnson"Ils sont où les fucking ennemis ?"

 

Reste le soin apporté à la confection de l'ensemble par une poignée d'artisans sérieux. Sans surprise, Dante Spinotti parvient à créer une photographie qui met pertinemment en valeur le travail de Jean-Vincent Puzos (Amour) sur les décors, plus tangibles et sombres qu'à l'accoutumée. Quant à Dwayne Johnson, s'il ne sait trop sur quel muscle danser, son engagement physique et la dimension éminemment naïve de son jeu sauvent l'entreprise du naufrage total. On regrettera amèrement que la sincérité de sa démarche n'ait pas trouvé meilleur écrin pour s'épanouir.

Enfin, difficile de nier ici et là un relatif plaisir, dû tant à la brutalité des rares affrontements qu'à l'absurdité de nombreuses scènes qui confèrent au visionnage une bonne humeur un brin moqueuse, mais bien réelle.

 

Hercule : affiche officielle

Résumé

Une fois encore, Brett Ratner aura emballé un blockbuster terriblement méprisant de son public et bien peu soucieux de son sujet ou de la mythologie qu'il convoque.

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Lecteurs

(2.8)

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commentaires
Ringo
03/10/2022 à 20:33

Franchement j'aime beaucoup l'approche de ce film, qui tourne le dos à la légende et montre comment de simples récits grossis, répétés, amplifiés, peut donner corps à une légende, à ces "super héros" qui étaient déjà fantasmés dans l'Antiquité, même si pour la plupart fruits d'incestes ou de tromperies (sacré Zeus !). C'était sans prétention, et répondait à mes attentes personnelles. Et puis quand même, à la fin, le héros assume son statut.

Flo
03/10/2022 à 13:45

Repartez chez vous sans laisser de thraces.

Un film qui se retrouve coincé entre deux chaises – sans compter son exploitation peu respectueuse du roman graphique d’origine, très cru, et de son auteur décédé Steve Moore – puisqu’il entend traiter le personnage sous l’angle de la démystification dramatique.
Un côté pré « Logan », où les histoires fantastiques ne sont littéralement que de la pub. Avec aussi une touche des « 7 Samourcenaires », pour les guerriers dangereux qui mettent quelques caches sur leur conscience pour de l’argent, jusqu’à ce que…
Sauf que c’est aussi un gros film d’action hollywoodien commun, dont les protagonistes ont plus à voir avec la bande de joyeux compagnons de Robin des Bois qu’avec des mercenaires vraiment troubles, même chez ceux qui ont quelques traumatismes. Comme si on était encore à l’époque de la série tv avec Kevin Sorbo, mais qui se prendrait ici un peu trop vite au sérieux.
Allez donc faire une œuvre complètement violente et radicale avec ça… Impossible – sauf avec des brittaniques ?
Dwayne Johnson a beau être né pour le rôle et légèrement méconnaissable, à aucun moment le film ne prend le temps de traiter en profondeur son sujet, à savoir « Qu’est-ce qui fait un Mythe ? Ou une Réputation ? Ou une Icône ? ».
Cela y est vite expédié car l’action n’attend pas pour les fans de l’acteur musculeux, toujours censé être gentil, fort et imbattable, incapable de montrer plus de gravité et de faiblesse par peur irrationnelle de perdre son public.
Ne reste qu’un agréable divertissement du dimanche soir, n’abusant pas trop d’une esthétique pompière et d’images de synthèse, et privilégiant quelques bonnes scènes de bataille « en dur ». Avec des acteurs sympas, dont l’un qui nous fait même une « Han Solo ».

starock
03/10/2022 à 08:11

Une fois de plus un film divertissement avec une approche grand public hyper assumée.
Excellent moment de cinéma, un cinéma franc avec son public, un film qui s'amuse de son sujet et c'est tant mieux.

OMG
02/10/2022 à 20:34

Deux étoiles, c'est une de trop

Crat
02/10/2022 à 20:22

Une grosse daubasse bien bien puante

Rakis
27/06/2022 à 20:20

Ben franchement j'ai aimé l'approche du film qui démythifie le personnage, tout en rendant son importance au personnage qui finit par grossir et raconter les histoires, le conteur d'histoires, l'Homère en puissance. Vous pensez tout de même pas que L'Iliade et l'Odyssée narrent des faits réels, même s'il y a peut-être un fond de vérité, la Guerre de Troie ? Le personnage de Ian McShane est savoureux et il y a de belles scènes d'action, même si l'on est certes loin du film épique attendu. Bien plus regardable que le Choc et La Colère des Titans.

Emeth
27/06/2022 à 15:23

Je m'attendais à un navet irregardable hier soir . Alors oui, il n'existe aucun respect pour la légende tragique d'origine (les douze travaux servant à l'origine à expier des meurtres, et ces derniers n'arrivant pas après) mais j'ai bien aimé l'idée de *léger spoiler * transformer Hercule en mercenaire naïf avec peu de lien divin *fin du spoiler* , l'humour des compagnons plus attachants que Dwayne Johnson et le fait de questionner la construction des mythes . Ces points relèvent un peu le niveau du film

Kynapse
27/06/2022 à 04:47

Autocorrect par une nuit de fatigue, misère…

Kynapse
27/06/2022 à 04:41

*tu

rientintinchti2
27/06/2022 à 04:40

Excusez-moi, je voulais dire les sœurs Wachowski.
J’adore ces sœurettes :3

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