Evil Dead : critique sang pour sang
Allez savoir pourquoi, mais Evil Dead 2013 est attendu comme le messie par les horror fans. Pourtant, ils ont déjà donné, et pleuré, avec les remakes et massacres de leurs films cultes. Mais ils y croient, ils ont besoin de croire à un film fantasme qui secouerait un cinéma de genre mainstream, moribond, méta. Un film qui serait la réponse parfaite à La cabane dans les bois. Or, la seule vraie cabane dans les bois, c'est celle d'Evil Dead, le film culte réalisé par Sam Raimi en 1981. Le cinéaste est d'ailleurs à l'origine de ce remake, il voulait que les spectateurs d'aujourd'hui vivent le même choc que ceux d'il y a 30 ans, que Fede Alvarez par exemple, le jeune uruguayen qu'il a choisi pour mettre en scène cette nouvelle version. Et le film ne cherche que ça, à choquer.
Il y a pourtant bien une variation sur le mythe, entre hommage appuyé à l'original (la cabane, la trappe, le livre, la tronçonneuse) et affirmation de sa propre identité (au revoir Ash, bonjour Mia). Mais cet Evil Dead essaie moins de faire peur que d'impressionner. Les enfers s'abattent donc sur les personnages, qui subissent les uns après les autres les pires supplices (on coupe, on cloue, on taillade, on arrache), jusqu'à ce qu'il pleuve du sang, littéralement. Le film fait son effet, c'est sûr. Il n'est pas Rated R aux Etats-Unis et interdit aux moins de 16 ans en France pour rien.
Mais cette surenchère pose aussi la question de la représentation et plus encore de la mise en scène de la violence. Nous ne sommes pas dans le torture porn ou chez Saw, mais, paradoxalement, cette violence se révèle à la longue un peu trop mécanique, artificielle et clinquante. Le film de Fede Alvarez se prend très au sérieux, veut trop bien faire les choses, là où le système D de Sam Raimi donnait dans l'imprévisible, le dingue, le jamais vu. Ce n'est alors plus le sang que l'on voit à l'écran mais l'argent.
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(3.8)