Critique : Pulse

Julien Foussereau | 1 septembre 2006
Julien Foussereau | 1 septembre 2006

Si opposer son veto à n'importe quel remake peut être considéré à juste titre comme une forme avancée d'étroitesse d'esprit, il est difficile de se réjouir devant cette américanisation récente du ghost nippon qui a généré, au pire, des catastrophes, au mieux, des films efficaces et oubliables. Hollywood s'attaque aujourd'hui au Kairo du prolifique Kyoshi Kurosawa après avoir épuisé les filons Nakata (Dark Water, Ringù et consorts) et Shimizu (Juh-On)… Autant crever l'abcès : Pulse est aussi soporifique que Kaïro était terrifiant. Certes, les qualités de l'épouvante venue du Soleil Levant ont toujours eu du mal à entrer dans le moule des majors nord-américaines mais la nullité de Pulse s'impose à un point que le film en vient même à détrôner Le Cercle - The Ring 2, l'autoremake déjà bien corsé de Hideo Nakata, de sa place de lanterne rouge.

Pulse n'est qu'un enfilage de choix artistiques, tous plus douteux les uns que les autres. Dans cette vengeance des morts sur les vivants via une webcam, Kyoshi Kurosawa distillait un malaise tenace en glissant subtilement du banal quotidien à la terreur. En bon pubard, Jim Sonrezo y va à l'épate en sursignifiant tout. C'est profond les étudiants, cellulaire à l'oreille, ordinateur portable sur les genoux, toujours plus virtuellement communicatifs, toujours plus isolés… C'est beau les métaphores niveau collège surtout lorsqu'elles sont dépeintes à grands renforts d'effets clippesques désamorçant toute montée du trouillomètre (on ajoutera que Sorenzo est un mauvais élève qui pompe sans honte la photo dessaturée et granuleuse du Ring de Verbinski).Toutefois le ratage de la réalisation serait peu de choses s'il n'y avait ce scénario retravaillé par Wes Craven. Ce dernier enchaîne une passe de trois après le minable Cursed et le médiocre Red Eye.

En tant que coscénariste, sa seule bonne idée – élargir l'enjeu de la webcam à l'ensemble des télécommunications pour créer un genre de « nuit des bugs vivants » - est anihilée par les clichés navrants que sont les protagonistes. Un vrai loto pour les nuls où il est aussi facile de deviner le nombre de victimes que leur ordre de passage - même le numéro complémentaire ! Evidemment les minorités ethniques ne font pas long feu entre le latino hacker piratant les films avant leur sortie et la black peu farouche et nonchalante. Côté WASP à dents blanches, Kristen Bell et Ian Somerhalder sont en vacances plus ou moins prolongées entre deux saisons de séries télé. La vitesse de déduction de leur personnage est comparable à celle d'une connexion bas débit. Fort heureusement, ils sont jeunes, beaux et Sorenzo ne se gêne pas pour les mettre en valeur. Pulse est, en ce sens, un cas d'école : un film d'épouvante tellement naze qu'il faut en passer par une poignée de gros plans anatomiques inattendus et gratuits de Kristen « taille mannequin » Bell pour ne pas s'endormir d'ennui.

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