Aux yeux de tous : Critique

Laurent Pécha | 4 avril 2012
Laurent Pécha | 4 avril 2012

Quand une œuvre de fiction se fait l'écho (involontaire) d'une atroce réalité, le regard que l'on lui porte, dépasse très vite le simple cadre (voulu) d'un récit énergique. Avec les événements de Toulouse et ses conséquences, Aux yeux de tous se pare ainsi d'une réflexion encore plus actuelle et douloureusement réaliste sur une société moderne gangrenée par le pouvoir plus qu'envahissant de l'image.

Pour son premier film, Cédric Jimenez utilise le medium cinématographique avec l'assurance d'un vieux briscard renvoyant à tout un pan du cinéma français des 70's où politique et thriller faisaient bon ménage. Sauf que le jeune homme s'est mis au goût du jour en intégrant un parti-pris esthétique en totale adéquation avec le monde dans lequel on vit et ce sans jamais chercher à viser le film concept facile (=pas cher) à produire.

 

 

Dans la droite lignée de la mode désormais appelée du film de « found footage » rendu populaire avec les Blair Witch, Cloverfield, Rec et autres, Aux yeux de tous prend le pari de nous narrer l'histoire abracadabrante d'un jeune couple pris au piège d'un attentat à la bombe dont ils sont les auteurs involontaires et qu'un hacker va tenter de blanchir en recoupant les images disponibles. Et des images, il y en a dans Aux yeux de tous puisque le film prend le pari de n'être raconté que par le prisme des caméras disponibles dans notre vie de tous les jours. Audacieux pari que le réalisateur parvient à tenir par sa capacité à respecter scrupuleusement la chartre établie, en ne tentant jamais l'esbroufe aussi inutile que mal venue (c'est presque toujours « crédible ») et surtout en jouant avec malice avec le rythme de son récit.

 

 

Qu'importe si les comédiens en font trop pour compenser une caractérisation forcement schématique (on est en temps réel et le film débute sur les chapeaux de roue) et si certains rebondissements paraissent un peu «faciles », Jimenez annihile ces faiblesses sur la table de montage ne laissant jamais le spectateur le loisir de gratter le beau vernis d'un thriller à l'efficacité si rare dans nos contrées. Et que l'œuvre s'offre un final d'une rare intelligence et lucidité sur l'interprétation que l'on peut faire de l'image, renforce notre enthousiasme.

A l'heure où de manière tristement paradoxale, le film a bien du mal à faire honneur à son titre au vu de la réticence d'exploitants de le projeter dans leurs salles (ah ça, pour le Marsupilami de Chabat, y a de la place !), il est bon de rappeler qu'il est toujours bénéfique de découvrir les talents de demain en première exclusivité.

 

 

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