Critique : Sleeping beauty

Stéphane Argentin | 11 mai 2011
Stéphane Argentin | 11 mai 2011

Le pitch de départ est pour le moins intriguant : Lucy, une jeune étudiante, accepte d'être droguée, endormie, pendant que des hommes font ce qu'ils veulent de son corps. Une seule règle : pas de pénétration ni aucune marque sur le corps des « dormeuses ». Pour son premier long-métrage, Julia Leigh, romancière australienne, suit volontiers les traces de Jane Campion (dont le nom figure au générique de fin parmi la liste des remerciements) avec sa mise en scène travaillée et son héroïne à la dérive. C'est ainsi qu'au cours de sa première moitié, le film nous fait pénétrer peu à peu dans cet univers étrange où des individus fortunés d'un certain âge louent les services de ces prostituées d'un nouveau genre.

Au-delà de cette secte mystérieuse qui, par certains aspects, ne sera pas sans rappeler le Eyes wide shut de feu Stanley Kubrick, c'est avant tout et surtout le quotidien de Lucy qui nous est présenté. Un quotidien fait de cours à la fac et de petits jobs alimentaires (dans un bar, derrière une photocopieuse) pour tenter de payer le loyer avec comme trait commun, un don de son corps : à la science (elle participe à des expérimentations), à un ami de longue date (pour le réconforter) et bien sûr à cette mystérieuse organisation occulte. Un train-train quotidien si l'on peut dire qui montre bien vite les limites de cette relecture contemporaine du mythique conte de La Belle au bois dormant. Voir Emily Browning (la combattante de Sucker Punch) à poil se faire tripoter et bringuebaler tel un fétu de paille avant de revenir à ses préoccupations quotidiennes, tout ceci est bien joli visuellement parlant, mais rapidement barbant car aussi réussie sur la forme que vide sur le fond. 

Qui sont toutes ces personnes ? Quelles sont leurs motivations ? Mystère. De surcroit, l'approche blafarde, depuis le look visuel jusqu'à l'interprétation, ne laissant guère de place à l'émotion ou l'empathie, c'est donc davantage avec un sentiment voyeuriste que l'on suit cette belle oie blanche qui, pour le coup, n'est plus la seule à pioncer lorsque survient l'ultime séquence.

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