Critique : Another Earth

Stéphane Argentin | 11 octobre 2011
Stéphane Argentin | 11 octobre 2011

« La révélation de Deauville » annonce fièrement la campagne promo. Certes mais pour être tout à fait exact, la révélation avait déjà eu lieu 8 mois plus tôt à 8 000 kilomètres des planches normandes : à Park City, un petit bled juché à 2 500 mètres d'altitude dans l'Utah et qui abrite chaque année depuis plus de 30 ans THE festival indé US : Sundance. C'est en effet là-bas, en janvier denier, que fut présenté pour la toute première fois un film débarqué de nulle part (actrice principale inconnue, réalisateur inconnu). Et pourtant à l'issue du festival, le film en question raflait le Prix Spécial du Jury non sans avoir été acheté entre temps par Fox Searchlight (le département « films d'auteurs » de la Fox). Son nom : Another Earth.

À l'issue de ladite projection, nous vous faisions d'ores et déjà part de notre émoi pour ce qui allait se révéler être notre véritable coup de cœur du festival. Coup de cœur pour le film mais aussi coup de cœur pour l'actrice principale. Et puisque nos fidèles lecteurs savent que nous ne nous arrêtons pas à des considérations bassement hormonales (et pourtant Dieu sait que la miss est très charmante) en voici la preuve : « Retenez bien le nom de Brit Marling. Elle est époustouflante dans Another Earth » annonce l'affiche française. Et là, force est de constater que nous ne pouvons que plussoyer à 100% avec cette appréciation de Rolling Stones Magazine. En plus d'être la coscénariste du film, c'est en effet elle qui, devant cette gigantesque planète Terre à l'arrière-plan, occupe la plus grande partie de ladite affiche qui annonce cette « autre Terre » avec un double « O » fort à propos.

Trois éléments qui résument à la perfection les fondements de cet OFNI : la thématique de la deuxième chance accordée aux Hommes sur fond de science-fiction. Soit le parcours d'une étudiante (Brit Marling, tout bonnement É.P.A.T.A.N.T.E.) qui va croiser le chemin d'un compositeur (William Mapother, magistral en mari / père anéanti) à la suite d'un tragique accident et alors qu'une planète jumelle de la Terre vient d'être découverte. Lyrique, poétique, introspectif, autant de qualificatifs qui s'appliquent à la perfection à cette petite merveille de long-métrage qui, pour les exemples les plus récents, ne sera pas sans rappeler Bienvenue à Gattaca ou encore Moon (autre film présenté à Sundance deux ans plus tôt). Autant d'œuvres (de chef d'œuvres) dont le pendant science-fictionnel n'est qu'un prétexte à une introspection des plus humaines. Exit ici les considérations scientifiques de hauts vols et autres blastages d'aliens à plus ou moins grande échelle.

Histoire de mettre les points sur les « i », nous parlons bien ici d'une SF 100% intimiste à 180° des Michael Bay et autres Roland Emmerich mais, à l'arrivée, autrement plus gratifiante sur le plan cinématographique mais aussi et surtout sur le plan personnel car représentative du parcours d'individus de chair et de sang : celui de deux êtres anéantis qui, au contact l'un de l'autre vont, s'ils font les efforts nécessaires, avoir droit à « une deuxième vie, une deuxième chance ». Pour l'heure, Another Earth a la chance de sortir dans les salles françaises et nous ne saurions que trop vous recommander chaudement d'aller découvrir les 90 minutes de cette petite merveille (autre point positif : pas besoin de se farcir 2h30 de film !). Et si, par malheur, vous ne pouvez pas le voir en salles (18 copies sur toute la France) et bien pensez dès à présent à lui accorder une deuxième chance... au moment de sa sortie en vidéo. Des œuvres aussi belles en valent vraiment la peine.

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