Critique : Legion - L'Armée des anges

Patrick Antona | 23 mars 2010
Patrick Antona | 23 mars 2010

Loin de la représentation commune des anges au cinéma qui se borne souvent à les dépeindre sous un angle comico-moralisateur (Michael et Angel-A pour les pires exemples), il est une tendance dans le genre fantastique qui illustre leurs faits et gestes de manière plus violente où ils brandissent le glaive vengeur et le bras séculier pour châtier une humanité qui les a bien déçus (Prophecy et Constantine pour les meilleurs). Dieu merci, Legion, l'armée des anges appartient à cette dernière catégorie.

Le premier long de Scott Stewart (spécialiste des SFX qui a œuvré sur Sin City et les Pirates des Caraïbes) est un basique film de siège, où un échantillon d'humanité se voit coincer dans un diner perdu dans le désert de Mojave, encerclé de démons, alors que partout dans le monde se déclenche l'Apocalypse voulue par Dieu pour remettre un peu d'ordre « moral ». Rebelle à la colère divine, l'archange Michael viendra à l'aide des hommes et plus particulièrement d'une jeune serveuse enceinte dont le rejeton est la clé pour la survie du genre, ange dont la particularité est de ne posséder aucun superpouvoir si ce n'est celui de disposer et d'user d'un arsenal qui ferait pâlir de jalousie John Matrix.

On nage évidemment en territoire connu pour un film qui ne renie aucunement ses influences au cinéma de John Carpenter et de James Cameron. On pense ainsi très fortement à Assaut ou The Fog et Terminator est même cité dans les ultimes images. Mais loin de proposer un copier-coller servile de ses modèles, Scott Stewart construit son film de la manière la plus cohérente et la plus lisible qui soit, laissant de côté l'allégorie sur la fin du monde (à la différence de The Mist) pour ne produire en fin de compte un actioner horrifique sacrément bien mis en scène, où la part belle est donnée aux guns et aux explosifs plutôt qu'au goupillon. S'appuyant sur un casting de choix (Tyrese Gibson, Charles S. Dutton et Lucas Black en solides seconds rôles), Legion doit beaucoup à la performance de Paul Bettany, méconnaissable et physiquement impressionnant en ange protecteur ombrageux, ainsi que celle de Dennis Quaid, invariable all-american hero malgré ses 55 ans bien sonnés.

Certes le film a des défauts, particulièrement celui de virer pendant un bon moment au zombie-flick, avec ses assaillants qui passent au gré de l'action du simple état de silhouette bonne à se faire dézinguer trop facilement à celui de possédés aux capacités plus spectaculaires et mortelles, donnant par là les meilleures séquences de frisson au film. Comme le fait de circonscrire les péripéties aux alentours du restaurant (dont le lieu s'appelle ironiquement « Paradise Falls ») et qui laisse de l'Apocalypse une vision bien fugitive et trop lointaine avec son essaim d'anges et rendant quelque peu mensonger le titre du film, la faute en incombant sûrement à un budget bien étriqué au regard des canons hollywoodiens habituels. D'où la nécessité qu'a Scott Stewart de faire dans le psychologique dans sa section médiane où chaque personnage va ainsi exposer son pathos, occasion de remplir un peu le ventre mou entre deux séquences d'action, ambition qui ne vire aucunement au ridicule du fait d'une direction d'acteurs solide mais qui plombe un peu le rythme.

Mais l'action reste le principal moteur de Legion, et c'est un dernier quart d'heure mouvementé et pétaradant qui vient à point nommé, avec intrusion explosive (et attendue) de l'Archange Gabriel surgissant pour en découdre avec son frère rebelle, duel spectaculaire qui vient conclure une première œuvre bien sympathique. De bonne augure pour le prochain film de Scott Stewart prévu fin 2010, à savoir l'adaptation de la BD Priest où le récidiviste Paul Bettany affrontera des vampires dans un monde futuriste.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire