Star Wars : Battlefront est-il vraiment le grand jeu annoncé ?

Geoffrey Crété | 8 décembre 2015
Geoffrey Crété | 8 décembre 2015

Affronter des TB-TT dans les neiges de Hoth, filer à travers le ciel de Tatooine en X-Wing, foncer à travers les arbres d'Endor sur un speeder, décimer les Stormtroopers avec le sabre de Luke ou au contraire les rebelles dans la peau de Dark Vador : Star Wars Battlefront a des airs de fantasme ultime pour les fans de la saga, et beaucoup de gamers. 

Comme Star Wars Battlefront ne s'embarrasse d'aucune subtilité, se découpe en menus soviétiques et propose un affrontement binaire entre l'Alliance rebelle et l'Empire, le test sur PS4 prendra la même forme manichéenne : du bon et du pas bon, du Jedi ou du Sith, sans demi-mesure.

Avertissement : ce test a été réalisé par un gamer qui aime Star Wars sans se définir comme un fan, qui ira voir Le Réveil de la Force le jour de sa sortie mais pas à la première séance, et aime le shooter sans en être un grand adepte. Bonne idée ou honte galactique, la question reste ouverte.

 

 

JEDI : L'IMMERSION

Une évidence. Il y a un plaisir certain et indéniable à évoluer dans les paysages enneigés de Hoth, les rochers de Tatooine ou la forêt luxuriante d'Endor, dans la peau d'un Stromtrooper ou d'un rebelle, dans celle des héros jouables (Luke Skywalker, Han Solo, Leïa, Dark Vador, Boba Fet et l'Empereur), aux commandes d'un X-Wing ou d'un TB-TT. Inutile d'être un fan absolu pour prendre un immense plaisir à participer à ce chaos galactique où fusent les rayons laser à travers le décor, où l'on peut être dégommé par un AT-ST ou un adversaire sadique, alors qu'on essaie de ne pas oublier le but de la mission sommaire quand l'appel de la guerre est puissant. 

Beaux mais limités et répétitifs, malgré quelques superbes effets de lumière, les décors sont moins sensationnels que le design sonore, qui compose une fantastique mélodie en hommage aux films. Des bruitages impeccables au crim de Wilhelm, capable de faire avaler avec le sourire une énième mort qui donne envie de hurler, Star Wars Battlefront touchera la corde sensible du fan, qui sera sans aucun doute bercé par cette douce symphonie galactico-guerrière.

 

 

SITH : LE MANQUE DE SOUPLESSE

La prise en main est intuitive, et repose sur une mécanique simple et efficace. Sauf que ce gameplay se révèle bien vite lourd, surtout lorsqu'en pleine bataille, le personnage se retrouve bloqué face à une ridicule colline impossible à gravir ou un minuscule rocher infranchissable. Au beau milieu d'une guerre dans un décor flamboyant où s'affrontent des dizaines de joueurs à tous les étages, il y a de quoi rire.

Il y a aussi le cooldown des armes, compréhensible mais pas bien malin, ou encore cette visée-zoom sans incidence sur la précision. De nombreux détails susceptibles de briser le fun de l'exercice et rappeler la nature parfois grossière du jeu.

 

 

JEDI : LES HEROS

Ce sera évidemment l'un des points les plus excitants pour les fans : pouvoir prendre le contrôle, pour diverses raisons et pour des durées plus ou moins courtes, des personnages classiques de la saga. Côté rebelle, le joueur pourra être Luke Skywalker, Han Solo et Leïa. Côté Empire : Dark Vador, Boba Fett et l'Empereur. Sauts grandiloquents, visée améliorée, bouclier d'énergie, étranglement à distance, éclairs mortels : l'éventail des possibilités dynamise la formule, fera fuir les soldats ennemis incapables de résister plus de quelques secondes, et offre surtout à l'aventure un peu d'âme lorsqu'on entend son leader communiquer que Han Solo a été aperçu dans les parages, ou que l'Empereur nous fait l'honneur de prêter main forte à ses Stortroopers. 

 

 

SITH : CERTAINS HEROS

Si le plaisir de manier Skywalker et Vador est incontestable, l'utilisation globale des héros pose problème. Que penser de l'Empereur qui gambade parmi les ennemis sous sa cape noire, lance des éclairs à foison en répétant des menaces digne d'un jouet en plastique, loin de l'aura du personnage énigmatique de la saga ?   

JEDI : LES CIEUX

D'un côté, les modes de combat en vaisseau sont probablement parmi les moins excitants : simplets, répétitifs, pas bien intruitifs et précis, et privés d'un quelconque sens de la vitesse à cause de ces aplats de bleu. De l'autre, il y a un réel plaisir à effectuer des voltiges, à renverser les repères, à suivre un ennemi en 360°. Dans ces moments-là, difficile de ne pas ressentir de précieux frissons.  


 

SITH : LE MODE SOLO

Sans surprise, il n'a qu'une valeur très anecdotique et ressemble à un champ d'entraînement pour quiconque ne souhaite pas bafouer son honneur dès les premières secondes sur la scène online. Une fois qu'on a goûté au multi-joueurs, difficile de revenir à ces terrains plus carrés, qui manquent de bruit et de fureur - la faute notamment à un AI absurde, qui offre des ennemis ou abrutis ou tireurs d'élite. 

JEDI : LE PLAISIR PUERILE

Soyons clairs : dans ses meilleurs moments, Battlefront est un joyeux et exaltant bordel qui force l'admiration. Se retrouver au coeur d'un affrontement entre Rebelles et Stormtroopers, foncer vers l'ennemi au milieu des lasers, s'attaquer à un TB-TT qui a perdu son blindage, fuir lorsqu'on aperçoit le sabre rouge de Dark Vador ou le vert de Luke Skywalker offre des montées d'adrénaline fantastiques. Se mettre à couvert pour observer le carnage et reprendre une position stratégique permet de prendre conscience de l'envergure de la chose, qui s'étale à différents degrés (dans la profondeur, dans la hauteur, en intérieur ou extérieur, dans les sous-terrains ou les bâtiments) et créé un beau chaos.


 

SITH : LE DESEQUILIBRE

Après les premières heures enchantées viennent les ténèbres. Car une fois qu'on a compris les rouages de la machine et qu'on commence à prendre au sérieux les missions, on réalise que SWB donne trop l'avantage à l'expérience. A cause d'un système de rang rigide, qui donne peu à peu accès à de nouvelles armes plus efficaces et même de nouveaux costumes, le joueur en bas de l'escalier se retrouve presque désarmé face à des adversaires moins surdoués que simplement mieux équipés. Avec en plus une absence d'améliorations et l'impossibilité d'embarquer une arme secondaire pour s'adapter aux situations, le jeu se révèle bien pervers, offrant régulièrement des scènes cocasses où un adversaire encaisse des dizaines de tirs avant de nous abattre en deux simples coups et s'envoler avec son jet pack. Le côté obscur de la Force donne alors envie de céder à la colère, et péter les dents du premier malheureux qui passe dans le salon à défaut de pouvoir traquer l'adresse IP et torturer celui qui se cache derrière le pseudo qui nous a abattu 25 fois depuis son perchoir avec son sniper.

 

 

SITH : LA REDONDANCE

Battlefront est axé sur le fun pur. Conséquence : l'exercice est susceptible de vite devenir morne et répétitif. Les différentes missions proposées reposent sur une même mécanique (défendre ou détruire un poste, capturer ou défendre une capsule, capturer ou défendre un droïde, tuer ou être tué) et un mince éventail de décors et options, si bien que la routine se profile vite à l'horizon.

La notion de travail en équipe, sur lequel repose le jeu, devient une vague idée quand des dizaines d'inconnus avancent de manière chaotique sur le champ de bataille, chacun ayant son rythme, son expérience et ses objectifs personnels (prendre le contrôle des véhicules, devenir le héros, etc). Sans oublier que la dimension finalement très maîtrisable des zones de jeu poussera les joueurs les plus avertis et coriaces à en prendre le contrôle grâce aux zones stratégiques, et ainsi orienter le combat selon leur bon vouloir.

SITH : LE POURQUOI

Pourquoi se battre ? A force de réduire la saga à une suite d'affrontements plus ou moins stratégiques et esthétiques, Battlefront perd l'essence de la saga. Voir Leïa tirer sur l'Empereur, qui lance des éclairs à tout va tandis que Boba Fett décolle dans les airs pour éviter les balles de Han Solo est jouissif, certes. Tout comme voir des TB-TT atomiser les rebelles et des Ewoks courir dans le décor. Mais très vite, la chose se réduit à un plaisir sommaire.

Plaisir indéniable, indiscutable, mais sommaire. Sans carcasse dramatique, sans une once de contextualisation, sans même le désir de replacer les choses dans une chronologie ou une structure qui va plus loin que la simple mission pour les QI de Stromtrooper (capturer-le-module, détruire-la-station, anéantir-l'ennemi, traquer-le-Jedi), Star Wars Battlefront ne peut dépasser le cadre du jeu super-cool-super-con. Et donc, ne peut véritablement devenir ce fantastique jeu qu'il était censé être.

 

Résumé

Star Wars Battlefront est un jeu d'hystérie. Un jeu qui donne envie de s'extasier sur un assaut lancé contre un TB-TT, de jouir lorsque l'on décime les Stromtroopers dans la peau de Skywalker, de verser une larme aux commandes d'un X-Wing. Un jeu qui donne également envie de rire face à ces maladresses, voire de crier de rage quand celles-ci deviennent des obstacles à l'immersion et au plaisir instantané, sur lequel toute la chose repose. Un jeu qu'on déteste aimer, et qu'on ne peut véritablement et totalement aimer.

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commentaires
Maverick
08/12/2015 à 18:19

T'as pas tort 8ox, dans le sens où ça prend le dessus et ça marche quand c'est vendu là-dessus. Mais on perd quand même quelque chose (de différent et donc intéressant).
Surtout que malgré le gros plaisir de SWB, tous les gamers autour de moi pensent que ça a plein de défauts et que ça a tendance à vite être abrutissant et vide (super fun mais un peu futile après quelques heures, sans la réelle expérience comme une campagne offrirait)

8ox
08/12/2015 à 16:38

Bah le mode campagne c'est devenu obsolète avec le multijoueurs.
Je trouve hein...

klokateer
08/12/2015 à 12:51

la "seule" amélioration...

klokateer
08/12/2015 à 12:50

Ayant joué à l'époque au précédent Battlefront, je dois avoué être grandement déçu par celui-ci. Un nombre restreint de cartes, moins de stratégies, moins de héros jouables, des mouvements supprimés, la amélioration notoire est graphique...(encore heureux me dira-t-on)

Vickers
08/12/2015 à 12:46

@Domis
Pareil que toi. Ca me manque et me laisse rêver d'un autre jeu...

Domis
08/12/2015 à 12:29

Pas de mode histoire donc jeux inintéressant en ce qui me concerne. Dommage et pourtant....

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