Logan : les adieux déchirants de Hugh Jackman à Wolverine
Bonsoir Monsieur Jackman. Je vous ai rencontré il y a 17 ans, sur l’unique écran de cinéma d’une petite ville. Et comme on a fait un bout de chemin depuis cette surprise griffue, je vais te tutoyer. Et aussi te remercier. Pour Logan, en salles cette semaine.
MIEUX VAUT TARD QUE JAMAIS
Depuis ta première apparition, sous la houlette de Bryan Singer, tu nous a scotché. Cigare à la bouche, grognant dans une cage après avoir mis une déculottée à un redneck aviné, tu t’es inscrit instantanément dans la mémoire collective comme la meilleure représentation possible de Wolverine.
Certes, tu es un grand australien, finalement assez éloigné du physique courtaud et épais de ton alter ego de papier, mais tu cristallises à la perfection le mélange de rage associable du personnage et son humanité contrariée. Et lorsque quelques minutes après ton apparition, les trois lames contenues dans ton avant-bras déchirent les jointures de tes phalanges pour titiller la glotte d’un pauvre hère, toutes nos hésitations s’envolent.
Mais jusqu’à présent, et ce n’était pas ta faute, Hollywood ne t’avait pas gâté. Scénarios simplistes, problématiques du personnage sabordées, violence aseptisée, aventures solo indigentes ou mollassonnes… Tu avais promis, dès Wolverine Origine, puis à nouveau avec Le Combat de l’Immortel, qu’on aurait droit à une aventure badass et vénère. Et systématiquement la déception fut au rendez-vous, jusqu’à ton caméo bien faisandé dans Apocalypse. Du coup, tes adieux en fanfare, on y croyait moyen.
POUR TOI PUBLIC
Et tu l’as fait. Avec James Mangold, vous avez tenu parole. Enfin, nous l’avons, ce baroud d’honneur furibard, cette histoire non pas d’un héros qui sauve le monde, mais d’un vieillard qui réalise qu’il mérite peut-être d’être sauvé. Et si le résultat n’est pas parfait, il est suffisamment fort pour nous tirer des larmes et enfin rendre grâce à ton talent.
Et à bien y regarder, rien ne t’obligeait vraiment à mouiller la chemise, baisser ton salaire et renoncer à Logan. Tout simplement parce que la Fox était trop contente de t’avoir sous le bras, que le rôle t’assurait un impact, une liberté et une visibilité enviable, mais aussi parce que ta carrière n’est pas aussi assurée qu’elle en a l’air.
Toi dans Australia
Car en dehors des X-Men, tu es loin d’avoir joué la sécurité ou jouit d’une veine de cocu. Pour un succès public et d’estime tel que Prisoners, tu as dû essuyer des échecs à la hauteur d’Australia, Les Misérables, Chappie ou tout récemment Pan. Bref, quant tu abandonnes Wolverine, non seulement tu le laisses à son meilleur, mais tu finis en beauté, sans assurance d’y gagner autre chose que la reconnaissance du public.
Toi dans Les Misérables
ON IRA TOUS AU PARADIS (mais toi c’est sûr)
Mais surtout Hugh, ce qui rend ton Logan bouleversant, au-delà de ses qualités cinématographiques, de son humilité et de son ambition, c’est sa dimension de testament. La maladie, tu en as évidemment une connaissance intime, toi qui parlait sans fard de la sixième récidive de ton cancer de la peau après une nouvelle opération pour te débarrasser d’un carcinome basocellulaire. Tu l’as décrit comme bénin, on te croit (et on te souhaite qu’il en reste là le salopard), mais tu ne nous feras pas croire que cette conscience aiguë d’un corps qui défaille, tu ne l’as pas injectée dans tes rôles.
Dès Pan, on avait tiqué et été ému par ton Barbe Noire. Pirate redoutable et redouté, à la pâleur cadavérique, obligé de se nourrir – littéralement - de rêves pour préserver l’apparence de sa jeunesse. Soit une métaphore amère de ton métier, et dans tous les sens du terme, de ta condition. Et si tu n’es pas nécessairement à l’origine de l’idée, on se dit que tu ne l’as pas choisi innocemment, ce pirate désespéré.
Toi dans Pan
Le parallèle est encore plus saisissant dans Logan, où pour le coup, tu as dès le début investi toutes tes forces dans la conception narrative et artistique du projet. Ce Wolverine n’est pas seulement présenté comme affaibli et déclinant, mais il est décrit par la caméra de Mangold à la manière d’un cancéreux, d'un malade en phase terminale, dont le corps est sur le point de le trahir.
Le Septième Art a trop souvent mis en image ces malades pour que le spectateur ne le reconnaisse pas d’instinct. Ainsi, ce portrait d’un Wolverine déclinant, tu lui as donné la valeur d’une lettre d’adieu déchirante, d’un message venu quasiment d’outre-tombe, où, sans hésiter, tu choisis d’aller jusqu’à l’effacement de ton personnage au cours d’un ultime plan qui lie définitivement ton destin, celui de Wolverine et de ta génération de héros.
Pour ces heures passées à te regarder insuffler la vie à une icone de notre jeunesse, la sincérité avec laquelle tu auras lié ton destin à la sienne et l’humilité bouleversante avec laquelle tu as choisi de nous livrer un peu de toi à la faveur de baroud d’honneur, merci Hugh.
17/08/2017 à 23:17
J'ai bien aimé votre film Logan sa m'a ému sur tout a la fin à votre mort j ' etai en larme
07/03/2017 à 03:51
Merci pour l'article : j'aurais aimé pouvoir l'exprimer avant de le lire.
Ceux qui sortent déçus n'ont, à mon avis, pas compris grand chose à Wolverine. Peut-être s'attendaient-ils trop à un simple film de super héros. Dommage pour eux 'être passés à côté.
03/03/2017 à 18:03
Tres bon film, je l'ai vu et pour moi à présent c est mon coup de coeur pour 2017 !
Violent, triste, glauque et émouvant
A voir
03/03/2017 à 14:23
Hugh Jackman est super captivant dans The Fountain .
03/03/2017 à 11:11
Vous avez quand même oublié le Prestige de Nolan...tant pis. C'est de Logan qu'il est question avant tout.
03/03/2017 à 11:09
Et clin d'oeil très drôle dans ton cameo de La Nuit au Musée 3.
03/03/2017 à 10:23
@Jide
:)
03/03/2017 à 08:59
A la Rédac' : "Du coup, tes adieux en fanfare, on n'y croyait moyen".
Cherchez l'erreur...
;-)
03/03/2017 à 03:37
Opération Espadon !!!! quelle claque a l’époque
03/03/2017 à 00:37
@Broly
Sauf si on parle cinéma, et pas box-office. Peut-être.