Festival International du Film de Saint-Jean-De-Luz : Jour 4 et fin de compétition aux petits oignons

Christophe Foltzer | 7 octobre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 7 octobre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après une journée comme celle d'hier, on craignait forcément ne pas survivre à une nouvelle sélection de films aussi forts. Mais il faut bien ça pour conclure une telle sélection de la plus belle des manières.

Et on commence directement par Drôles d'oiseaux, nouveau long-métrage d'Elise Girard, réalisatrice de Belleville Tokyo. Et nous ne nous attendions pas forcément à voir un film aussi surprenant dans sa forme. En racontant l'histoire d'amour platonique entre une jeune femme un peu perdue et un vieux libraire septuagénaire, la réalisatrice a choisi de se démarquer des codes classiques de narration en assumant totalement quelques ellipses et autres raccourcis scénaristiques. Ce qui ne manquera d'ailleurs pas de déconcerter le spectateur, même si tout cela est contrebalancé par quelques inserts surréalistes bienvenus, notamment ces satanées mouettes qui tombent raides mortes sur le pavé parisien, procurant ainsi un effet comique toujours très efficace. L'inconvénient de cette liberté de construction réside dans l'impact du film sur le spectateur, qui ne sera pas forcément autant émotionnellement impliqué qu'il le devrait dans une histoire d'amour aussi atypique. Ce sont malheureusement les personnages centraux du récit qui en pâtissent le plus puisque, handicapés d'une mise en situation adéquate, ils ne prennent jamais vraiment corps, ce qui nuit considérablement au fond de l'histoire et à l'objectif recherché. Restent quelques beaux moments, malheureusement trop éparpillés pour rehausser l'ensemble et vraiment convaincre.

 

Photo drôles d'oiaseaux

 

Dernier film de la sélection, Compte tes blessures de Morgan Simon ferait probablement penser à du Xavier Dolan si le jeune réalisateur ne parvenait pa à s'approprier très rapidement son univers. Pourtant, l'histoire semble avoir été vue mille fois déjà : le mal de vivre d'une certaine jeunesse, qui perd sa colère dans le tatouage et la musique hardcore, l'apparition d'une nouvelle compagne aux côtés du père veuf qui va semer le trouble et réveiller le conflit étouffé entre les deux hommes. Bref, du classique. Cependant, il faut reconnaitre à Morgan Simon de ne pas avoir peur de son sujet et de le pousser jusqu'aux bouts. Si l'on pourra se crisper face à de nombreuses scènes beaucoup trop démonstratives du propos, de dialogues soulignant beaucoup trop les problématiques, dûs probablement à la jeunesse de son metteur en scène, de nombreux moments sont par contre parcourus par de vraies fulgurances et étalent le potentiel énorme en devenir de son auteur. Entouré de comédiens parfaits et totalement investis, le film se fait pardonner totalement de ses quelques approximations dans une dernière partie qui va au fond des choses, ne fait pas sa timide et risque d'en déranger plus d'un. En résulte un revirement total du propos, comme s'il nous explosait au visage pour enfin s'assumer totalement. Si le film est loin d'être parfait, il est cependant la marque d'un réalisateur à suivre assurément et qui devrait nous réserver de très bonnes surprises à l'avenir.

La compétition étant terminée, et avant le palmarès de demain soir, il ne nous reste plus qu'à profiter du soleil et des terrasses de café en attendant gentiment le film hors-compétition présenté ce soir, l'attendu Souvenirs avec Isabelle Huppert.

 

Photo Compte tes blessures

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