L'association Promouvoir s'en prend maintenant aux Huit Salopards de Quentin Tarantino !

Christophe Foltzer | 7 février 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 7 février 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Et voilà, ça recommence. Seulement quelques jours après avoir obtenu l'annulation du visa d'Antichrist, la tristement célèbre association Promouvoir s'en prend maintenant aux Huit Salopards. Nom de dieu !

La Croisade continue et personne dans les hautes sphères ne semble s'en inquiéter à tel point que cela en devient douteux. Après avoir obtenu l'annulation du visa d'Antichrist, c'est au tour du dernier film de Tarantino d'être pris pour cible par les catholiques traditionnalistes de Promouvoir. Dans un communiqué paru samedi et repris notamment par Libération, l'association d'André Bonnet a manifesté son fort désir de se lever contre l'interdiction aux moins de 12 ans accollée aux Huit Salopards et a carrément déposé un recours, jugeant le film inapproprié pour les enfants en raison de sa très grande violence.

photo

Les arguments sont plutôt clairs puisque l'association estime que la Commission de classification des films du CNC et la ministre de la Culture "ont une fois encore gravement manqué à leur devoir et à leurs obligations légales en se bornant à interdire  ce film aux seuls jeunes adolescents de moins de 12 ans."

Dans le viseur, "plusieurs scènes inadmissibles dont une très longue séquence racontant, images à l'appui, une fellation imposée au fils d'un général sudiste après avoir été contraint de marcher de marcher nu dans la neige et le froid plusieurs heures durant."

Une autre scène choque également les grenouilles de bénitier, qualifiant le film de ramassis de "pure violence extrême, complaisante et gratuite, notamment une tête éclatée avec cervelle explosant au visage d'un personnage.

Bref, un film gravement choquant pour les jeunes adolescents dont toute la seconde partie est fondée sur cette violence."

Alors, certes, le film n'a jamais été destiné aux enfants et sa violence peut en secouer plus d'un. Mais il est malheureux de devoir préciser que cette violence s'inscrit dans un discours des plus intelligents et n'est en aucun cas gratuite. Sans cet aspect, le film ne raconterait pas la même chose et perdrait de son impact. On rappelle quand même que c'est avant tout aux parents de s'intéresser à ce que regardent leurs enfants, de les conseiller, voire de leur interdire eux-mêmes certains spectacles, plutôt que de se déresponsabiliser à ce point et de s'en remettre à des décisions de justice pour pâlier à leur méconnaissance du divertissement, leur manque d'implication dans la vie de leurs enfants et leurs idées morales bien arrêtées et rétrogrades qu'ils essayent d'imposer au plus grand nombre en profitant honteusement d'un flou juridique qu'une ministre de la Culture résolument dépassée par la situation n'arrive pas à comprendre.

Jennifer Jason leigh

On peut nous reprocher de tirer aussi souvent la sonnette d'alarme mais ce nouvel exemple prouve bien qu'il se passe définitivement quelque chose de bien puant dans notre pays, rappelant un autre temps plus obscurantiste et que, si nous n'y prenons pas garde (et pour reprendre l'imagerie lexicale de Promouvoir), c'est un peu comme si on invitait le Diable à notre table.

Et c'est bien tout le problème avec les gros frustrés. Parce qu'ils n'arrivent pas à assumer leurs frustrations, empêtrés dans leurs idées et morales bien arrêtées, ils préfèrent interdire plutôt que de se responsabiliser et de se remettre en question. Le problème étant que lorsqu'un frustré à un semblant de pouvoir, il en use et abuse généralement de façon imbécile et aveugle.

Ah mais c'est que ça commence à nous énerver cette histoire...

Tout savoir sur Les 8 Salopards

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Giantjoe202
09/02/2016 à 14:44

@sylvinception
Oui, lol ! Le vécu étant souvent le meilleur exemple pour ce quo'n veut dire, je me suis dit pourquoi ne pas raconter un bout de ma vie ? Et pour ce qui est de mes fréquentations libertines, ma femme est en général avec ;) C'est génial les couples libres !!!

Mais revenons à notre débat : j'ai lu pas mal de comms sur cette news, mais ce que les "défenseurs de Promouvoir" ne comprennent pas apparemment c'est que ce qui nous dérange ici, c'est le fait qu'une association catholique (donc avec des IDEAUX précis, qui vont dans UNE SEULE direction - la leur - et non pas dans l'intérêt général) décide de ce que peut voir ou non le reste du pays.
L'accès à la culture ne devrait pas être prohibé ou trop censuré. C'est ce qui fait notre société. Il faut donc préserver cela à tout prix !

J'ai aussi lu quelque chose comme "c'est le rôle des parents de vérifier ce que leurs enfants regardent, mais il faut bien aider les parents, d'où les classifications". Euh... aider les parents ? Parce qu'ils ne sont pas assez grands pour savoir ce qui est bon pour leurs enfants ? Et si ce n'est pas le cas, il y a un autre problème qui n'a à voir ni avec les classifications, ni avec les cul-bénis, ni avec les films (choquants ou non).

Alix84
09/02/2016 à 12:22

Salut KLM
Désolé.
Je me suis relu hier déjà et je me suis rendu compte que j'avais mal formulécrit mon texte et que je ne vous avais pas donné la réponse que je souhaitais vous transmettre.
Mon dernier texte ne vous était absolument pas destiné et vraiment je suis désolé de l'avoir mal formulé.
En fait la réponse que je souhaitais vous faire à votre texte précédent c'est simplement que je ne m'associe en rien à promouvoir puisque je ne connais pas l'association.
Ce que je regarde c'est simplement les gosses et l'impact de certains produits entre leurs mains. C'est tout.
En fait ça dépasse cette gueguerre entre écranlarge et promouvoir. Les gosses. C'est tout ce à quoi je pense. Sachez aussi que je ne vois pas nécessairement d'un mauvais oeil le faIt que tel ou tel parent choisisisse de montrer du Tarantino à leurs gosses. Mais je suis contre le fait d'institutionnaliser et de généraliser à tous les gosses un choix perso et spécifique à des gosses qui sont peut-être plus matures que d'autres. Ce que j'essaie de dire c'est tout simplement que nous devons protéger les gosses et qu'on ne doit pas montrer n'importe quoi à n'importe qui... encore désolé. Salut

KLM
09/02/2016 à 11:20

@Alix
Juste, pour clore : vous me disiez extrême dans ma réponse plus haut (qui, je répète, l'était peut-être parce que votre premier commentaire l'était), mais là...

Remettre en question tout le fond de ceci, c'est vraiment "s'acharner à vouloir montrer de telles oeuvres à des gosses" ? Donc ici, soit on pense que le geste de Promouvoir pose une vraie question sur la classification et donc on est du FN et pro-censure, soit on remet le truc en question et on est un pervers irresponsable qui veut traumatiser les gosses en les attachant limite à des sièges de cinéma ?

Et puis bon, parler de "combat que l'on affirme à tort"... VOTRE avis, encore une fois ! Donc partir de ce constat subjectif pour arriver à parler de fanatisme, ça n'a aucun sens, aucune valeur. C'est un raisonnement boiteux totalement creux.
Pourquoi ne pas débattre et aussitôt insulter l'autre et le mettre dans une case ? Ca n'élève en rien la discussion, et certainement pas vous.

Sur ce, on peut dire qu'on a atteint les limites de cette page vu comme c'est parti en vrille.

Bolderiz
09/02/2016 à 08:05

Oh j'ai été censuré, ça alors! Pour un commentaire réclamant un modérateur plus présent lol

Zelig
08/02/2016 à 21:41

D'abord le recours est légal. Que vous vouliez ou non, personne n'a brûlé de copie mais le recours est la loi.
Au-delà de la loi, se pose le film et son contenu. L'auteur de l'article s'énerve pour rien et n'a pas d'argument sinon des affirmations sinon que de dire que la violence n'est aucunement gratuite. Et d'ajouter d'une façon moraliste, à l'égal de l'association : "leurs idées morales bien arrêtées et rétrogrades" (voilà une idée morale arrêtée et rétrograde en quoi ? ou alors il faut dire qu'elle est l'idée d'une morale non rétrograde ?), "méconnaissance du divertissement" etc. L'article est vide.
Sur Tarantino, et son cinéma qui fait dans la surenchère, il joue sur une violence effectivement gratuite en jouant d'un sadisme rare sans hors champ qui fait jubiler le spectateur. On rappelera le film d'Haneke dans Funny Games (la scène de la télécommande) et le film de Bruno Dumont dans Twentynine palms dans une scène violente mais jamais filmée avec complaisance (la scène du viol). Mais personne ne jubile dans ces deux scènes car justement il y a une réelle mise en scène qui, sans éluder la violence, relègue dans le hors champ toute complaisance. A l'inverse, Tarantino nous montre tout (sans hors chmp) et fait jubiler le spectateur consumériste (qui n'a plus que ça pour voir des sensations fortes et se divertir) sans nous donner le réel impact de la violence et comment elle se déroule pour en arriver là. Il justifie celle-ci sous le prétexte que ce n'est qu'un film mais cela n'oblitère en rien ce qui est justifié par la narration dans la justification de la vengeance.
Outre que le film est écrit sur un confetti, une heure trente de blabla et une heure trente de tuerie où tout est prétexte à justifier le massacre, c'est d'une pauvreté sans nom. Dans Inglourious Basterds, il fait jouer le rôle à des juifs qui peuvent se comporter comme des nazis et reproduire une vengeance barbare. Le film est d'ailleurs ouvertement raciste car le rôle de Brad Pitt justifie de scalper des nazis car il a du sang indien dans les veines. C'est bien connu quand on a du sang indien, scalper est une seconde nature.

MystereK
08/02/2016 à 20:53

en fait le système suisse est plutôt pas mal. Déjà l'échelle des âge est plus étendue : 10, 12, 14, 16, 18. Le 18 n'est pas réservé à la pornographie. Et en plus de l'âge autorisé fixé par la comssion, il y a une âge suggéré par les organismes familiaux/religieux, cela donne pour un film : Age autorié 12 ans suggéré 14 ans. Comme cela tout le monde est contant.

Alix84
08/02/2016 à 18:59

D'accord avec Fennec.
Pour répondre à KLM.
Je ne fais pas de ce principe personnel une règle universelle car après tout chacun fait comme il veut chez lui. Mais je pense qu'on aurait grand tort de mettre de tels films entre des mains d'enfants.
Ceux qui mesurent leur esprit soit-disant civilisé et moderne en s'acharnent à vouloir montrer de telles oeuvres à des gosses sont à mes yeux les vrais fondamentalistes fanatiques. J'appelle ça de la perversion.
Je ne vois pas ce qu'il y a d'évolué à vouloir montrer à tous prix ce genre de film à des enfants. Manifester son orgueil dans le fait de pretendre defendre un combat que lon affirme à tort etre juste en montrant des scènes de cul ou de violence extrême à des gosses, voilà où est le vrai fanatisme sectaire et la vraie régression.

MystereK
08/02/2016 à 16:44

@Fenec Non, mais la classification à 12 ans est un guide et beaucoup d'enfant à 12 ans sont déjà aptent à affronter de la violence fictive au cinéma, peut être 14 serait-il plus approprié, mais cete classification n'existe pas et 16 ans c'est un peut être un peu trop. Alors 12 avec un avertissement, cela me va.

Quoiqu'il en soit, cinéphile ou pas, il y a souvent le moyen de se renseigner, ne serait-ce qu'au guichet

Fennec
08/02/2016 à 16:19

@MystereK : Alors on supprime purement et simplement les classifications ? Tu es peut-être assez intelligent pour filtrer pour tes enfants, parce que tu lis la presse ciné. Tu dois faire l'effort de te dire que ça n'est pas le cas de tout le monde et que ces classifications existent aussi pour "les autres".

Les autres, c'est Mamie qui va vouloir mettre un film de cowboys et d'indiens à son petit fils de 7 ans, et qui va lui mettre les 8 salopards. Parce que Mamie elle lit pas Ecran Large.

Les autres, c'est le gars qui n'est pas cinéphile pour deux ronds, et qui ne sait pas répondre quand son fils de 11 ans lui demande s'il a le droit de regarder "Antichrist" que son pote lui a prêté à l'école.

Fennec
08/02/2016 à 16:09

Responsabilité des parents : OK mais faut bien aider les parents, et c'est le but de la classification.

Je rejoins tous ceux qui pensent que des cervelles qui éclatent ce n'est pas forcément pour un enfant de 12 ans. Promouvoir ou non. Je n'en ai rien à branler, de Promouvoir.

Je pense qu'il y a un vrai problème de classification.

Alors oui, il va falloir s'y faire, Promouvoir est visiblement en campagne contre les classifications qu'ils estimes laxistes. On va pas faire semblant d'être surpris à chaque fois qu'un film violent ou explicitement sexuel est ajouté à leur liste, c'est justement le fond de leur propos. Arrêtons une minute de jouer les vierges effarouchées.

Demain si Promouvoir nous dit qu'ils aiment les épinards, Ecran Large va nous prouver par A+B que les épinards sont mauvais. On en est là. Vous avez atteint le point Godwin ("il se passe définitivement quelque chose de bien puant dans notre pays, rappelant un autre temps plus obscurantiste"), celui au delà duquel on ne peux plus discuter sans passer pour un nazi.

Je retiens surtout ces passages de votre article :

"Alors, certes, le film n'a jamais été destiné aux enfants et sa violence peut en secouer plus d'un."

Donc vous êtes d'accord que la violence du film est potentiellement traumatisante pour un enfant. Bref, en fait vous êtes quand même un peu d'accord sur le fond.

"Mais il est malheureux de devoir préciser que cette violence s'inscrit dans un discours des plus intelligents et n'est en aucun cas gratuite."

Aaaaah pardon, c'est de la violence "intelligente", donc c'est bon, on peut montrer de la cervelle éclatée à un enfant ? Là sérieusement, autant je suis régulièrement déçu sur ce site, autant cette fois je suis vraiment choqué par votre raisonnement. Raisonnement qui consiste au final uniquement à dire à tout prix le contraire de ce que dit Promouvoir, quitte à vous prendre les pieds dans le tapis.

Sortez Promouvoir du cadre du problème, et vous verrez que les question soulevées sont un peu moins simples.

Plus