David Cronenberg tape sur les frères Weinstein et se félicite de la disparition de pellicule

Jacques-Henry Poucave | 2 octobre 2015
Jacques-Henry Poucave | 2 octobre 2015

Le Festival de cinéma de Reykjavic a remis à David Cronenberg un prix pour l’ensemble de sa carrière. L’occasion pour le réalisateur de La Mouche de répondre aux questions d’un public de cinéphiles.

Alors qu’il est sur le point de publier un roman intitulé Consumed, le metteur en scène est revenu sur son goût pour la littérature, qui ne date pas d’hier.

« J’ai toujours cru que je deviendrais romancier. J’aspirais à une carrière littéraire. La dimension technologique du cinéma m’intéressait, ce qui m’a fait dévier de mon chemin. C’est pourquoi il m’aura fallu 50 ans pour finalement écrire mon premier roman. »

L’humilité a beau ne pas être le point fort de Cronenberg, il a abordé sa carrière avec une certaine honnêteté intellectuelle. Il est notamment revenu sur sa conception de l’auteur, et a expliqué comment Dino de Laurentiis et les producteurs du film Dead Zone lui avaient permis de progresser.

« J’ai toujours interprété la politique des auteurs comme un principe qui fait nécessairement de moi le scénariste ET le réalisateur. Mais bien sûr pour eux, ça désignait des artisans comme Howard Hawks, qui sont devenus des auteurs en gagnant leur légitimité.

C’est à ce moment que j’ai découvert qu’il était très intéressant de mélanger mon sang avec celui d’un autre écrivain, dans le cas présent, Stephen King. On ne devrait pas se questionner sur les origines d’un film. J’ai réalisé des longs-métrages basés sur les travaux de J.G. Ballard et William S. Burroughs. Ça a changé ma compréhension de la mise en scène. »

Au moment de se plier au traditionnel conseil aux jeunes réalisateur, le papa du Festin Nu et de Videodrome s’est fendu d’un avertissement et d’un petit missile en direction des frères Weinstein.

« Ma première règle en matière de cinéma est la suivante : ne travaillez pas avec des trous du cul. Je ne donnerai aucun nom. Enfin si, les Weinstein, qui montent en secret leur propre version du film pendant que vous travaillez sur la vôtre. »

Alors que de plus en plus d’artistes se battent en faveur de la pellicule et tentent de retarder sa disparition programmée, pour Cronenberg, il n’y a pas photo, le numérique l’emporte.

« Je pense que le numérique est supérieur, de très loin. Même les cinéastes comme Spielberg, qui travaillent sur pellicule, finissent par faire le montage sur une version numérique, pareil pour l’étalonnage. Je me fiche que Kodak prétende que la pellicule soit meilleure. Oubliez ça.

Les copies qu’on envoyait dans les salles étaient toujours horribles comparées à l’originale. La seule chose qui me manque, c’est l’odeur de la pellicule dans la salle de montage. Mais on peut s’en faire un déodorant.

Ils devraient commencer à en faire un parfum, Eau de Kodak. »

Tout savoir sur David Cronenberg

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Olfa
02/10/2015 à 23:05

REYKJAVIK !!!!!

Hasgarn
02/10/2015 à 19:58

Sa filmo parle pour lui. Et c'est pas le premier à baver sur les Weinstein.

Bolderiz
02/10/2015 à 16:00

Dans la série je l'ouvre et balance des trucs fielleux pour exister...

sylvinception
02/10/2015 à 13:50

On attends la réaction de Quentin...