Green Inferno : Des activistes appellent au boycott du film d'Eli Roth

Christophe Foltzer | 27 juillet 2015
Christophe Foltzer | 27 juillet 2015

Alors qu'on l'attend de pied ferme depuis un long moment, le Green Inferno d'Eli Roth se retrouve au centre d'une polémique qui pourrait bien peser sur sa carrière.

Les gens se plaignent de tout, tout le temps et Internet n'arrange rien à l'affaire. S'il en fallait une nouvelle preuve, on parlerait volontiers de ce qui est en train d'arriver au Green Inferno d'Eli Roth, au coeur d'une polémique, victime d'une pétition appelant à son boycott.

Tout est parti d'une interview durant laquelle le réalisateur avouait que les personnages de son film étaient inspirés d'activistes nommés Social Justice Warriors. Il faut croire qu'ils n'ont pas apprécié la plaisanterie puisqu'ils ont lancé il y a quelques temps une pétition online appelant au boycott pur et simple du film :

"Les films de ce genre véhiculent toujours une image négative des peuplades indigènes en les dépeignants comme des cannnibales. [..] En tant que raconteur d'histoire, vous avez une grande responsabilité envers les autres et l'influence que vous pouvez avoir sur eux. Propager autant de haine sur ces gens qui ont été ravagés et violés pendant autant d'années n'est pas constructif dans notre combat pour sauver l'Amazonie. La plupart des peuplades amazoniennes sont plus connectés à la nature que vous ne le serez jamais et ne penseraient jamais à autant de violence pour le profit. [...] Si vous voulez vraiment changer les choses, donnez plutôt votre argent à des associations comme la nôtre, nous qui sommes sur le terrain et nous battons pour les droits des indigènes."

La pétition ne semble pas avoir fait grand bruit puisqu'à ce jour, seules 634 personnes l'ont signés. Si le débat de fond sur la représentation et le sort des indigènes est évidemment intéressant et important, nous ne pouvons nous empêcher de penser que cette polémique existe surtout parce que les membres des SJW n'ont pas forcément supporté de se voir se faire bouffer. En tout cas, nous on a plus que hâte.

Tout savoir sur The Green Inferno

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commentaires
Bolderiz
30/07/2015 à 10:30

Bon marre là. Le cinéma n'est pas forcément un média véhiculant un sous-texte ou un message plus ou moins subliminal. Le cinéma c'est aussi des films n'ayant pas différents niveaux de lecture. Le cinéma peut être simplement bestial, effrayant, purement viscéral ou tout simplement débile. Filmer avec ses tripes afin que voir un film soit une expérience purement sensorielle c'est aussi cela le cinéma. Là nous sommes face à un film qui n'a pas d'autres ambitions que de nous faire flipper dans un milieu malsain c'est son but, son unique but. Pas la peine de lui donner la fonction de véhiculer des messages ou même des intentions il n'a ni l'un ni l'autre. Revoyez un peu un Predator, un Conan, un Evil Dead , les Dents de la mer, A toute épreuve, que des chefs d'oeuvres dont la fonction est divertir, faire flipper et le tout filmé avec hargne ou générosité, en tous les cas avec honnêteté... Faire du cinéma (de genre en tous les cas) un pensum ennuyeux lui enlève toute sa fraicheur, son âme, sa moelle... Marre de mettre de la polémique partout, pour rien, même dans un petit film comme celui-ci!

Nemo
29/07/2015 à 13:41

non mais vous êtes sérieux là , un film qui fait appel au plus bas instinct, qui raconte un mensonge. l'argument sur selon lequel on ne doit pas porter un jugement morale sur une oeuvre d'art est déjà un sophisme de votre part et en aucun cas un postulat universel. tout en prenant comme hypothèse que tout peut être appeler de l'art ou sous prétexte qu'un tacheron réalise un film alors pendant qu'on y est décrétons que les snuff movies sont de l'art. et merci pour la comparaison entre fritz lang et eli roth la grande classe pour un site sur le cinéma...le cynisme ambiant est vraiment la gangrène de notre époque moderne...

Harrymovie
28/07/2015 à 12:19

Un "Cannibal Holocaust" de 1981 outrageusement revisité. Il s'est passé 35 ans depuis. Nos valeurs ont j'espère évoluées, enfin je le croyais.

Oli
28/07/2015 à 00:04

@Grift

Oui, je me suis bien emmêler sur les @ et pseudo ...

Mais effectivement, c'est vers ce que tu souligne précisément que j'émettais l'importance de la responsabilisation du créateur vis à vis de son œuvre. Le jeu en vaut il vraiment la chandelle ?
La vie humaine face au simple divertissement ...

Grift
27/07/2015 à 21:09

Je li votre débat avec beaucoup d'intérêt (même si le @Oli de Oli m'a bien fait marrer).

Cependant je trouve qu'a trop theoriser sur ce qu'on peut faire ou ne pas faire on peut passer à coté du vrai problème (à mon sens).

Ok pour dire que l'auteur n'est responsable de l'interpretation de son oeuvre, mais il peut quand même se demander si ce qu'il produit va faire (d'après lui, puisque c'est subjectif) plus de bien que de mal. Et dans ce cas précis l'argumentaire sur la représentation des tribus amazonienne n'est pas complètement loufoque... Il a forcement du y penser a un moment.
Sans présumer de l'ambition artistique du film, si j'avais eu a faire ce choix je me serais dis que je risque de faire plus de degat que de bien... Il me semble qu'il y a plein de moyen de faire un film avec la même thématique sans abimer l'image de personnes qui n'ont rien demandé et qui risque d'en patir.

Oli
27/07/2015 à 18:34

@Oli
Vaste débat en effet.

Par contre, je suis sans voix d'apprendre l’existence de l'interprétation négative de Metropolis, tant tout converge vers l'exacte opposée. Que Fritz Lang ait en plus fuit l'Allemagne suite au avances de Goebbels pour la réalisation du grand film sur le IIIe Reich me paraît une "note d'intention" assez claire sur les idées de l'auteur.

Simon Riaux
27/07/2015 à 18:05

@Oli
Bien sûr, personne ne peut décider de ce qu'il convient de penser d'une oeuvre. Mais tenir les artistes responsables de l'interprétation, c'est quand même très risqué.
Exemple : quand Fritz Lang réalise Metropolis, le film est considéré comme visionnaire et progressiste. Aujourd'hui certains y voient une fable réactionnaire (pro-système et pro-domination de classe), ainsi qu'une parabole antisémite (via notamment la figure de l'inventeur). Lang est-il responsable de la vision positive du film, ou de la négative ? ou des deux ?
Et s'il est responsable de l'interprétation négative qui est faite de son oeuvre cela signifie-t-il qu'il faut en limiter l'accessibilité ?

Autre problème, Green Inferno est un film hommage. A un genre, a une époque et à ses codes. Faut-il l'oublier et en faire une interprétation premier degré ? Faut-il même en faire une ?

C'est pour ça que la question de l'interprétation devient toujours une question morale, à savoir, qu'est-ce qui est bien, souhaitable, ou mauvais. D'autant plu que cela demande de penser à la place du public, ce qui pose encore d'autres problèmes.

Oli
27/07/2015 à 17:52

@La Rédaction
Si vous pouvez corriger ma coquille au niveau de mon pseudo dans la réponse ci-dessus et effacer cet erratum ensuite, n'hésitez pas ;)

@La Rédaction
27/07/2015 à 17:49

Mais je pense que les auteurs sont responsables de l'interprétation de leurs œuvres. Toutes les idées ont le droit d’exister dans l'Art, ce n'est pas vraiment une question de ce qui est morale, mais encore faut il en être conscient et les assumer.
Le soucis dans le cas présent est qu'Eli Roth présente l'image d'une tribu amazonienne belliqueuse et cannibale de manière totalement gratuite et irresponsable avec pour seul et unique but d'offrir des images gore.
Or quand on sait le traitement réservée aux véritables tribus existantes à l'heure actuelle (et honteusement occulté par nos médias) je trouve tout à fait normal d'être scandalisé par l'image véhiculée par ce film.
On pourrait facilement imaginer une parabole de ce film mettant en scène une autre ethnie ou communauté connue du grand public et bien plus de personnes se soulèveraient pour crier au scandale.

Simon Riaux
27/07/2015 à 15:57

@Oli
Votre point de vue est évidemment audible et vos arguments intéressants. il comporte néanmoins deux problèmes de taille.
Tout d'abord il réintroduit une notion d'auto-censure chez les auteurs, en considérant qu'ils seraient responsables de l'interprétation de leurs travaux. Ce qui revient à les encourager à ne pas "déraper".
Ensuite cela revient à introduire de la morale dans l'art. Il y aurait le bien, ce que l'on peut et "doit" dire d'un côté, de l'autre, le "mal". Même avec de bonnes intentions, c'est très problématique.

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