Pourquoi Sony a cédé face aux hackeurs et à la Corée du Nord

Jacques-Henry Poucave | 18 décembre 2014
Jacques-Henry Poucave | 18 décembre 2014

Alors que Sony vient de prendre la diffusion d’annuler purement et simplement la sortie de L’Interview qui tue, les réactions scandalisées se multiplient. Nombreux sont ceux qui auraient aimé voir dans le film de Seth Rogen et Evan Goldberg un nouveau Dictateur, mais la situation est bien différente.

Après que les agences de sécurité nationale américaines aient officiellement déclaré ne pas prendre au sérieux les menaces des hackers baptisés les Guardians of Peace, après que Barack Obama lui-même ait publiquement encouragé le public à se rendre en salle découvrir L’Interview qui tue, beaucoup d’observateurs se demandent pourquoi Sony Pictures a renoncé à sortir le film.

Cette décision est bien sûr liée au fait que plusieurs exploitants aient fait part de leur souhait de ne pas exposer leur clientèle à des risques d’attentats, ou tout simplement à la psychose charriée par la menace d’un nouveau 11 septembre.

Mais cela ne suffit pas à expliquer la situation.

La censure de L’Interview qui tue n’est pas un renoncement d’Hollywood. Ce n’est pas excès de lâcheté du monde occidental. Il s’agit beaucoup plus des conséquences fâcheuses d’un système de production mondialisé que d’une faiblesse américaine.

Car, si Sony Picture a dans son escarcelle des œuvres telles que Spider-Man ou encore James Bond, la société demeure une filière de Sony Corporation of America, qui n’est qu’une antenne de Sony, géant industriel japonais.

Et il semble assez évident que, comme la volonté d’atténuer la violence de la séquence finale de L’Interview qui tue, la décision d’abandonner le film provient de la direction japonaise du groupe.

Le Japon est géographiquement un des voisins directs de la Corée du Nord, et plus encore que la menace de nouveaux piratage, le groupe doit faire face aux pression de son propre gouvernement pour ne pas envenimer une situation diplomatique de fait extrêmement complexe avec un pays dont les dirigeants psychotiques sont en possession du feu nucléaire.

Ajoutons à cela que Sony doit prioriser ses différents organes industriels. La branche cinéma se porte assez mal quand la Playstation 4 est venu apporter une sacrée bouffée d’air frais au groupe.

Sony a été victime récemment de piratages massifs de son déjà vivement critiqué Playstation Network et en veut certainement voir sa conquête du monde vidéoludique entravée par les poussées provocatrices de Sony Pictures.

A côté des parts de marché que Sony boulotte à Microsoft ou Nintendo, la liberté d’expression de James Franco et Seth Rogen ne pèsent rien.

On le voit, ce n’est pas tant l’Amérique que le Japon qui met ici un genou à terre devant Kim Jong-un. Reste que Hollywood devrait s’avérer la principale victime collatérale de cette situation. La Fox a déjà pris sur elle d’annuler le thriller Pyongyang et il ne fait nulle doute qu’à l’heure de la grande lessiveuse à blockbuster, le grand écran devrait accueillir de moins en moins de projets ambitieux ou politiquement engagés.

De même, cette crise devrait logiquement inspirer la Chine. Nouveau marché prometteur pour le Septième Art, le régime pourrait se montrer infiniment plus tatillon et autoritaire dans ses rapports avec les majors américaines.

Ainsi, la représentation des cadres du Parti Unique comme autant de héros virils et courageux dans Transformers 4 pourrait bien constituer la première étape d’un rétropédalage idéologique majeur.

Tout savoir sur L'Interview qui tue

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commentaires
Yo mama
19/12/2014 à 15:04

C'est sympa de balancer des énormités comme ca sans la moindre source.

On notera que votre argumentaire se limite à "il semble assez évident que". Heureusement que personne ne vous lit hein, vous seriez un vrai nid à hoax.