Enter the void de Gaspar Noé : infos sur la nouvelle version, différente de celle de Cannes

Julio Lopez | 10 mars 2010
Julio Lopez | 10 mars 2010

Présenté l'année dernière à Cannes, la version de Enter the void, le dernier film de Gaspar Noé, était loin d'être finalisée. Voici quelques explications extraites du tout récent dossier de presse :

Le film a été présenté en compétition officielle au dernier festival de Cannes, alors qu'il était loin d'être terminé et dans une version plus longue. Pourquoi avoir fait le choix de le montrer ainsi ?

Gaspar Noé : Si on vous invite à participer au mondial de foot et que tous vos amis y vont, que le maillot de votre équipe soit prêt ou pas, vous vous en foutez, c'est aussi rigolo ou peut-être même plus de jouer torse nu. Bien sûr, l'image que les gens se font de vous est un peu moins civilisée. Mais c'est tout à la gloire de Cannes et de Thierry Frémaux, prendre des risques et aller jusqu'à programmer des films en cours de finition. Je ne pouvais que répondre favorablement à cette demande et je suis plus qu'heureux d'avoir participé au championnat avec mes producteurs et mes collaborateurs principaux, même si on s'est tous retrouvé sur la pelouse, surexcité et la poitrine à découvert. Cannes est le seul festival au monde où les gens se déchaînent vraiment pour ou contre les films et, il faut l'avouer, j'aime bien ce genre de tourmente. Et contrairement à l'année de Irréversible, j'ai été très fier de pouvoir partager cette fois le prix de la controverse avec Lars von Trier dont j'ai beaucoup aimé le film.

 

 

Dans la version finale, le traitement sensoriel, visuel et auditif du film a beaucoup évolué. Pouvez-vous nous en parler ?

Gaspar Noé : Entre le moment où on a appris que le film pouvait être sélectionné pour Cannes et la date de présentation, il n'y avait qu'un mois pour faire d'une copie de travail très inachevée un film présentable devant une salle de cinq mille personnes remplie d'amis, mais aussi de mes pires ennemis culturels armés de leur kalachnikov. Ayant vu, quelques jours avant, le documentaire sur le funambule qui avait traversé le grand vide entre les Twin Towers, on s'est dit avec mes producteurs que dans notre cas, il n'y aurait de toute façon pas mort d'homme et qu'on pouvait mettre les bouchées doubles pour ne pas rater la joie de relever le défi. Pierre Buffin a alors triplé l'équipe d'effets visuels de BUF pour parvenir à un résultat présentable. La copie présentée à Cannes a été montrée en vidéo haute définition et sans le moindre générique. Il s'agissait d'une sortie directe de mon ordinateur que j'avais moi-même étalonnée et qui avait été mixée en un temps record de trois jours. Je n'aurais jamais cru à l'avance que le résultat aurait été si probant. Mais après un mois de travail sans dormir, la vérité c'est qu'une fois la projection officielle passée, je n'avais plus aucune énergie pour faire les interviews, ni même la fête. Mon seul rêve, c'était dormir.

 

 

Depuis le festival de Cannes le film a été véritablement mixé et on a changé l'ensemble des musiques. Tous les trucages ont été améliorés et des effets de dédoublement ou de tremblotements d'image ont été ajoutés afin de rendre toute la seconde partie du film beaucoup plus mentale. Quelques passages ont été accélérés, d'autres raccourcis. Et surtout, j'ai enfin pu faire le générique de début qui n'existait pas à Cannes et qui aujourd'hui fait applaudir les salles. J'ai enfin pu étalonner le film correctement et le transférer sur 35mm. La version finale du film a été présentée pour la première fois cette année à Sundance et, à ma grande surprise, le film a été comparé à Avatar, à cause de sa complexité technique ou son côté psychédélique, mais bien sûr pas à cause de l'univers décrit.

 

 

 

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