Compte rendu du 4 septembre

Laurent Pécha | 6 septembre 2004
Laurent Pécha | 6 septembre 2004

Après une ouverture « parisienne » peu concluante, place au cinéma américain pour la première journée du festival, et à sa kyrielle de stars. À commencer par l'attraction principale du week-end, voire du festival : Steven Spielberg venu présenter Le Terminal en compagnie de Tom Hanks, et recevoir en même temps un hommage pour sa carrière (les organisateurs du festival ayant d'ailleurs pour l'occasion décidé de passer l'intégralité des films du cinéaste). La longue (45min) conférence de presse des deux hommes fut un grand moment bien loin des réponses formatées d'usage. Une excellente surprise, d'autant qu'elle n'avait pas débuté sous les meilleurs auspices (badge spécial pour y accéder, interdiction de prendre des photos sous peine de voir la conférence annulée sur le champ, interdiction de poser des questions… non là on rigole, mais un jour qui sait !).

L'autre gros « événement » de la soirée fut la projection du Catwoman de Pitof, venu présenter son film en compagnie de Lambert Wilson (décidément, cette année, les Français ont décidé de tenter de voler la vedette aux Américains). Gros flop aux États-Unis, descendu par la critique un peu partout dans le monde, Catwoman n'est pourtant pas aussi mauvais que la réputation qu'il traîne, du moins à en croire la critique de Laurent Pécha (abandonné par ses deux autres collègues).
Comme on a l'esprit ouvert à Écran Large, nous sommes allés interviewer le duo frenchie du film ; les propos de Pitof seront en ligne dans la journée, et ceux de Lambert Wilson le seront mercredi, jour de la sortie nationale du film.

En attendant la compétition qui démarre lundi, quelques films des diverses sections ont été présentés. Dans celle des documentaires de l'oncle Sam, le très malin et déroutant Incident at Loch Ness et, dans les avant-premières, le terriblement ennuyeux et convenu L'Enlèvement (The Clearing) avec Robert Redford, Helen Mirren et Willem Dafoe.

Alléchant, Incident at Loch Ness l'est à plus d'un titre. Un (faux) documentaire mettant en vedette deux monstres, un réel ou imaginaire selon nos croyances, Nessie, et l'autre sacré, le réalisateur de Aguirre ou La Colère de Dieux, Werner Herzog. Multipliant les niveaux de lecture pour perdre son public, Incident at Loch Ness est un film qui raconte le tournage d'un documentaire, Enigma of Loch Ness, dirigé par Herzog, qui est lui-même au même moment au centre d'un autre documentaire, Herzog au pays des merveilles. Bref, c'est sacrement compliqué et cela le devient encore plus au fil des minutes. Car le producteur du documentaire (celui d'Enigma) est aussi le réalisateur de Incident. Vous êtes perdus ? C'est normal et c'est ce que recherche le malin Zak Penn. La sincérité des protagonistes a beau être constamment mise à mal par l'acuité du spectateur, désormais sur ses gardes depuis l'énorme succès du Projet Blair Witch, le doute subsiste plus d'une fois. Et pour cause, en choisissant Werner Herzog comme sujet principal de son film (Nessie étant un cran derrière, sauf dans le dernier tiers du métrage), Zak Penn brouille les pistes en se servant habilement du passé sulfureux du cinéaste, connu pour avoir enfanté ses films dans la douleur et le chaos (ses légendaires prises de bec, pour rester sobre, avec Klaus Kinski). Devant le bis repetita qu'est le tournage de Enigma, et l'aisance bluffante de Herzog acteur, on en vient souvent à penser que ce qui se passe à l'écran est à bien des égards réel. Un tour de force réjouissant, dont le seul gros défaut est de dévoiler son secret dans le générique de fin. On aurait aimé que le mystère plane plus longtemps que le seul temps de la projection.
L.P.

Présenté à Sundance en janvier 2004, sans doute grâce à la présence de Robert Redford en tête d'affiche, L'Enlèvement a bénéficié depuis (comme tous les films passant par la case Sundance) du label « film indépendant », lui assurant une certaine notoriété pour sa future exploitation en salles. Vaguement inspiré de faits réels (un riche homme d'affaires est enlevé et sa femme doit payer une rançon pour le libérer), L'Enlèvement déroule un récit des plus convenus, assorti d'un rythme d'une rare mollesse. Loin des cinéastes qui l'ont inspiré (Pakula, Coppola, Friedkin), le producteur et désormais réalisateur débutant Pieter Jan Brugge ne parvient jamais à transcender son prévisible récit, et surtout pas grâce à ses flash-back d'une extrême maladresse. Dans de telles conditions, le trio vedette Robert Redford, Helen Mirren, Willem Dafoe fait ce qu'il peut, c'est-à-dire presque rien. Sans un tel casting, L'Enlèvement aurait sans aucun doute atterri directement en vidéo.
S.A.

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