Emmanuelle Chriqui (Situation amoureuse : c'est compliqué)

Laurent Pécha | 19 mars 2014
Laurent Pécha | 19 mars 2014

Encore largement inconnue du grand public, Emmanuelle Chriqui n'en est pas moins une actrice incontournable pour nombre de spectateurs adeptes d'Entourage, que la belle illumine de ses charmes. Accessible, espiègle et somptueuse, la comédienne a pour elle cette aura typiquement hollywoodienne, dont nous avions dit le plus grand bien il y a quelques années lors d'une première interview que vous retrouverez ici.  

 

Un film en France, le désir de répondre à cette envie d’un cinéma plus international qui t'a toujours attiré ?

Totalement. Je connaissais Manu par l’intermédiaire de Gad Elmaleh. Quand il m’a rencontré à Los Angeles, il m’a demandé pourquoi je ne tournais pas en français puisque je maîtrise la langue. Je lui ai répondu directement que j’en rêvais depuis longtemps mais que je n’avais pas encore eu la bonne opportunité pour le faire. Deux ans plus tard, il m’appelle et m’annonce qu’il va réaliser son premier film. Il me dit que l’actrice qu’il avait choisie, n’était plus disponible et qu’il pensait à moi pour la remplacer. Dès que j’ai lu le scénario, j’ai dit oui. D’autant plus que pour ma première fois en français, j’étais ravi de pouvoir le faire avec quelqu’un qui me connaît bien et qui surtout pouvait me comprendre. Cela me mettait en confiance. J’avais en face de moi une personne qui savait à quel point cela représentait un challenge pour moi de jouer dans une autre langue. Je me sentais guidée par lui. Il n’était jamais impatient. Je savais que je n’allais jamais me sentir comme « la fille qui ne sait pas parler français mais qui essaye ».

 

 

Et le plaisir de jouer enfin sans être trop maquillée, contrairement aux USA où tu nous avais avoué ne pas aimer ce côté excessif pour faire rajeunir sans cesse les actrices.

(grand sourire). Ah oui ! C’est vrai ! Mais justement, c’est à toi de me le dire. Tu as vu une différence ?

Clairement. Tu fais vraiment ton âge. Tu joues une femme qui est dans sa trentaine et qui cherche un nouveau souffle dans sa vie.

Voilà ! Je n’ai pas besoin de ressembler à une jeune fille de 23 ans. Tout est plus naturel et j’en suis ravi.

Tu avais ce désir lors de notre précédente rencontre de te diriger vers des vrais rôles de composition. Des personnages éloignés de ta personnalité. Dois-je en conclure que tu n’étais pas la plus belle fille de ton lycée ?

(rire) A cette époque, c’était surtout très facile pour moi de me faire des amis. Alors, j’étais toujours dans le groupe le plus populaire mais j’étais amie avec tout le monde. Mais je n’étais pas la plus belle. Loin de là !

Vraiment ? On a du mal à y croire !

La plus petite oui. Mais je n’étais pas mignonne. Vraiment pas !

 

 

Donc, c’est un vrai rôle de composition !

(éclat de rire). En quelque sorte oui. On a des points communs, Vanessa et moi mais c’est sûr que pour ce qui est de la beauté et de l’attirance des garçons au lycée, on est très, très différente (rire).

Parlons un peu d’Entourage. On t’avait laissé au moment où tu allais tourner la dernière saison du show. Comment cela s’est-il passé ? Et que peux-tu nous dire du tournage actuel du film ?

Une émotion incroyable. A la fin du tournage de la série, on pleurait tous. J’ai travaillé le dernier jour et quand on a entendu le technicien dire « c’était le clap de fin de la série Entourage », on a tous eu la gorge serrée. On était choqué que cela soit fini. On n’arrivait pasy croire. Rien que de t’en parler, j’ai encore des frissons qui reviennent. En plus, à ce moment, on ne savait pas du tout qu’on allait faire le film. Il y avait juste une idée, un désir de le faire mais rien n’était sûr. Et aujourd’hui, on est à nouveau réuni pour le tournage du film et on a l’impression que rien ne s’est passé entre, un peu comme si on s’était quitté la veille. C’est incroyable ! J’ai déjà tourné pendant une semaine et je dois y retourner pour quelques jours encore.

Et à quoi va ressembler le film ?

Ce sera un peu comme 4 épisodes de la série. Si vous êtes fans d’Entourage, vous allez être aux anges. On cherche à compléter ce que l’on n’a pas pu faire dans la série et on a aussi créé de nouvelles intrigues. Et tout se mélange parfaitement. J’en suis très, très fière. Et très excitée de voir comment le public va réagir.

Et justement, une possibilité de faire d’autres suites ?

On ne sait jamais. Comme toujours, cela dépendra de l’accueil des spectateurs. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on ne dira jamais non à Entourage. Et de mon côté, l’histoire de mon personnage reste tellement ouverte que je serai vraiment ravie de pouvoir avoir la chance de continuer à la développer.

 

 

Il y a 3 ans, on avait parlé de ton expérience sur le tournage du film de Renny Harlin, 5 jours en mars. Tu ne l’avais pas encore vu et le film avait du mal à trouver des distributeurs dans le monde.

J’ai vraiment aimé le film. Je regrette tant que si peu de gens ont pu le voir. C’est une histoire très importante. Je suis vraiment fière de ce film. Tous les acteurs ont fait un super boulot. Je me souviens que Renny m’avait dit de me rappeler de ce tournage car je ne serai pas prête d’en vivre un autre comme celui là. Effectivement, aujourd’hui, on utilise des CGI à toutes les sauces et là, on était face à la réalité. On avait vraiment les avions de l’armée au dessus de nos têtes. On utilisait l’armée georgienne pour toutes les séquences d’action.

 

Et concernant ton désir de devenir réalisatrice quand tu aurais plus de 50 ans.  Est-il encore plus accentué depuis le tournage avec Manu ?

J’ai vraiment compris que si le désir est là, le fait d’avoir été (ou être) un acteur aide vraiment dans une telle situation. Cela aide tellement à communiquer avec ses comédiens. On a plus le droit à des intentions de leur part alors que d’ordinaire, avec un réalisateur traditionnel, on sera plus dans la directive genre « fais le comme ça ». Le danger dans ces moments là, c’est d’avoir l’impression d’être juste un robot. Alors que si on vous donne des intentions de jeu, il y a un rapport de confiance et de plaisir de jeu qui s’avère bien plus stimulant. Enfin, je parle de mon ressenti personnel bien sûr (sourire).

Honnêtement, ce fut l’une des plus belles expériences de ma vie. Je n’avais pas du tout l’impression de bosser. L’ambiance était incroyable, on formait vraiment une bande, c’était comme une famille. Moi, je vivais carrément à Paris. Pas dans un hôtel, j’avais mon propre appartement dans le Marais, pas loin d’ailleurs du tournage où se situe mon restaurant dans le film. Cela n’avait vraiment rien à voir avec ce que j’ai pu connaître en Amérique.

C’était aussi très spécial pour beaucoup d’entre nous : premier film pour Manu et Rodolphe, première fois pour Anaïs dans le domaine de la comédie, pour moi, première fois que je jouais en français.

[à lire de préférence après avoir vu le film] Comme avec Sloan dans Entourage, ton personnage n’a pas vraiment la fin qu’il mérite. On ressort un peu frustré de ne pas en savoir plus.  Comment l’as-tu ressentie ?

Je n’ai pas ressenti ça. Je pense que j’ai compris qu’après le clash dans le restaurant, il n’y a plus rien à faire. Il a pris sa décision et l’on sait qu’il va se marier avec Anaïs. Et puis surtout, en discutant avec Manu du scénario, j’ai saisi que c’était avant tout l’histoire de Manu. Le film est raconté de son point de vue. Il y a des moments où je joue dans son parcours mais à aucun moment le film ne s’articule autour de moi.

J’imagine vu ton enthousiasme que tu as pris goût au cinéma français. Prête à recommencer ?

(grand sourire). J’espère. Mais, c’est comme pour ma carrière en anglais, je suis prête à faire de bonnes choses. Pas simplement tourner parce que c’est en français. L’avenir nous le dira (rire).

 

 

 

 

 

 

Pour les insatiables fans de la comédienne, retrouvez ci-dessous l'intégralité de notre interview précédente, qui pourra également vous être livrée à domicile, imprimée sur papier velun et accompagnée d'une serviette humide tiède, pour peu que fassiez à Écran Large un don avoisinant les 7 000 €.

 

Tu es peu connue du public français, à l'exception des spectateurs d'Entourage. Comment te présenter ? Quel est ton parcours ?

J'ai toujours voulu devenir actrice. J'ai commencé quand j'avais 7 ans au théâtre, au Canada. Au moment du lycée, il y avait près de chez moi une école d'art, pour laquelle j'ai auditionné. Vers 16 ans j'ai commencé professionnellement. Ma carrière a débuté lentement mais sûrement. J'ai commencé par des publicités au Canada. Puis j'ai grimpé les échelons petit à petit, à 20 ans, j'ai finalement posé mes valises à Los Angeles. J'ai continué de beaucoup travailler, et voilà où j'en suis aujourd'hui.

 

Le premier film que nous connaissons de toi est Détour mortel...

Vous ne connaissez pas Snow day ?

Il est sorti en France directement en DVD. On t'a donc découverte via Détour Mortel. Vu le nombre d'actrices de ta génération à Hollywood, comment gères tu la concurrence, qui doit être acharnée ?

Il y a tellement de concurrence... Je dirais qu'aux États-Unis, c'est un véritable business. Ici les actrices doivent gérer leur côte, notamment à l'international. Comme beaucoup d'autres de la même tranche d'âge, j'appartiens à une certaine catégorie en terme de talents et de compétences. Pour autant, je n'aurai pas les mêmes opportunités que Jessica Biel qui jouit, elle, d'un rayonnement international que je n'ai pas encore.

 

« Rien que pour vos cheveux » avec Adam Sandler aurait pu y remédier, mais Sandler n'est pas très connu chez nous. Comment s'est déroulé cette expérience, et n'est-il pas frustrant de ne pas avoir enchaîné sur des rôles plus consistants ?

Comme vous venez de le dire, c'était une très grosse opportunité pour moi. Il me semble que le business de l'Art est la rencontre de la chance et du travail. Aussi formidable que fût cette expérience et malgré la bonne réception du film, il a été suivi par la grève des scénaristes. Non mais c'est pas vrai ! Quel manque de bol, je n'y croyais pas. Pour être honnête je n'attendais plus grand chose et craignais que rien ne m'arrive après ce film. Entourage a été une très bonne surprise dans ce contexte.

Comment es-tu arrivée sur le show, cela te paraît-il fidèle à Hollywood ?

C'est clairement inspiré de faits réels. Le créateur avait un tas d'anecdotes en tête, c'est donc inspiré d'évènements légèrement remixés et exagérés. Mon arrivée sur le show est une drôle d'histoire.

Quand je me suis installée à L.A , comme la majorité des jeunes actrices, je ne voulais pas apparaître dans une série. Je voulais faire des films. Mais tout acteur a des contraintes, vous avez quoi, sept ans pour signer un bon contrat ? À l'époque HBO était en train de transformer le visage de la télévision, en profondeur. Il y a six ans, je discutais avec mon agent, mon manager, et je leur ai dit : « ok, si je fais de la télévision, ce sera pour HBO. »

Le deal concernait un personnage non récurrent sur un arc de trois épisodes, pour la série Entourage. J'y suis allé, à l'origine le rôle de Sloane était le cliché de la Beverly Hills girl pleine aux as. J'ai noté qu'ils avaient modifié le background de mon personnage, lors de ma seconde audition. J'en ai conclu que c'était très bon signe. La deuxième fois, j'ai auditionné avec Kevin Connelly. Il m'a beaucoup apprécié, il y a eu une forte alchimie entre nous.

Puis, plus de nouvelles. Ça a duré un bon moment, c'était vraiment décourageant. Un soir, je suis au téléphone avec ma meilleure amie (la femme de Channing Tatum), quand je vois que j'ai un double appel. Je le prends d'un air endormi et à l'autre bout de la ligne, c'est Kevin (Connelly) qui d'un ton très enjoué me dit qu'il a la permission des producteurs de me dire que j'avais le rôle. Ce soir là, quand on est allé fêter ça, il m'a dit: « faisons les choses bien, vraiment de notre mieux, cela pourrait être un tournant dans ta carrière. » Et cette année, nous achevons la dernière saison d'Entourage ! Suivie peut-être d'un film...

Comment ça se passe au milieu de cette bande de mâles ?

L'équipe est vraiment super. On a passé des moments géniaux. Tout est tourné à Hollywood même, donc on est vraiment tous là, au milieu des restaurants et des boîtes les plus classes et branchés. En plus, on est vraiment une famille, les gars sont supers, hilarants, ils s'occupent beaucoup de moi, un peu comme un groupe de frères très protecteurs.

D'un point de vue créatif, aussi merveilleuse qu'ait été cette expérience, et elle l'a vraiment été, il y a aussi une part de frustration. Le personnage que j'interprète est formidable, il y a tellement de questions à explorer la concernant, un tel potentiel... D'où vient-elle ? Qui est son père ? Cependant le show ne traite pas d'elle spécifiquement, ni des femmes en général. C'est une série de mecs (rire). Mais j'ai eu droit à des étincelles, des fulgurances narratives, vraiment intéressantes.

 

A l'inverse, l'univers de Sebastian Gutierrez traite principalement des femmes. J'ai apprécié Women in trouble, Je n'ai pas encore vu Elektra Luxx, mais ce que j'en connais est plutôt alléchant. Il a bon goût ce Sebastian...

Oui, il a très bon goût, et c'est quelqu'un qui adore vraiment les femmes. Il écrit tellement bien pour nous. Carla Gugino (NDR/ sa compagne dans la vie) et lui comptent parmi mes très bons amis. Tu as vu Women in trouble, Elektra Luxx sortira le 11 mars, mais le même jour sortira également A girl walked into a bar. C'est le premier film intégralement en ligne légalement, le premier film fait pour le net. On y retrouve Carla et moi, Rosario DawsonJosh HartnettDanny DeVito. C'est très bon. Il faut aller le voir en ligne !

Malgré des budgets très serrés, Sébastian Gutierrez parvient à réunir un casting au dessus de ses moyens. Vous y êtes car vous appréciez le travail du réalisateur ?

C'est vrai que c'est très confortable de tourner avec Sebastian Gutierrez. C'est ce dont nous parlions tout à l'heure, c'est une question d'opportunités. On peut faire avec lui des projets d'une qualité d'ordinaire réservée à des actrices telles que Kate Winslet, Cate Blanchett, ou Nicole Kidman. Il peut réunir de formidables comédiennes, parce que nous désespérons de croiser des projets riches et intéressant.

 

Les actrices françaises se plaignent du même problème. D'un monde qui est encore très (trop) masculin, et que même dans la comédie, il y a peu de bons rôles pour les femmes.

C'est vrai. Quand on tombe sur un réalisateur qui veut célébrer les femmes, on a touché le jackpot.

 

Du coup rêves-tu  de tourner avec Tarantino ?

Écoute, il y en a tellement avec lesquels je rêve de tourner. Ce qu'il a fait avec Uma Thurman dans Kill Bill, c'était génial. Elle était tellement badass dans ce film... J'aime beaucoup Tony Scott, son frère Ridley, j'adore leurs films.

 

Zack Snyder arrive avec « Sucker Punch », où lui aussi met en avant un groupe de femmes combattantes...

Ah, être la guerrière, c'est sûr, j'aimerais beaucoup ça. J'essaie de ne pas être féminine à l'extrême, car je ne veux pas me limiter. Ici les gens vous mettent une étiquette, et le défi est de réussir à s'en débarrasser. Les rôles qui m'attirent vont des combattantes de Snyder jusqu'au rêve d'être nominée pour des rôles comme celui de Marion Cotillard dans La Môme.

 

Tu as aimé sa performance ?

Tu veux rire ? Elle m'a coupé le souffle.

 

Je ne suis pas d'accord. Mais nous avons un proverbe en France, « nul n'est prophète en son pays ». Le fait est que chez vous ça a pris des proportions...

Épiques.

 

En parlant d'opportunités, pourquoi avoir choisi Tente ta chance ? Tu apprécies les comédies romantiques ? Était-ce pour collaborer avec Justin Long, qui est un très bon acteur ?

J'adore Justin, nous nous connaissons depuis des années, on s'était rencontrés surWaiting, avec également Ryan Reynolds. Tout le casting de ce film s'est finalement pas trop mal débrouillé... Pour moi c'était important, parce que je suis le plus souvent considérée comme « exotique » on me confie le rôle de la sœur espagnole, de quelqu'un qui n'est pas du coin. Ici je suis une jeune femme d'une petite ville, avec un accent du sud, on ne me caste jamais comme ça. D'habitude les gens disent: « pas elle, elle est bien trop exotique. » Je voulais montrer que je pouvais être ce genre de personnage.


Justement, ce que j'ai bien aimé dans le film, c'est que ton personnage n'est pas le cliché de la fille de la comédie romantique, elle est loin d'être propre sur elle, elle couche avec des hommes mariés. Est-ce ce côté qui t'a attiré ?

Bien sûr. C'est le bonheur d'être comédien, nous pouvons nous inspirer de ce que nous connaissons pour créer. Je ne suis définitivement pas Lucie, mais je peux m'éclater à l'incarner le temps d'un tournage.

  

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Dans le film, tu as une scène très dénudée. Quel est ton rapport à la nudité ? On a l'impression que cela ne te dérange pas, au contraire d'autres actrices américaines.

Peut-être as-tu remarqué que je n'ai aucun problème avec le fait de dévoiler de la peau, mais en ce qui concerne tu n'as jamais vu de nudité totale ou frontale de ma part (NDR/ gros soupir d'acquiescement de l'intervieweur). Je crois que dans les films américains, et je suis très sérieuse, je n'ai jamais vu de nudité qui ne soit pas gratuite. Ce n'est jamais fait de manière naturelle, organique. Ça m'embête. On ne voit jamais deux amants au lit, passer du bon temps, prendre le petit déjeuner, ou dans leur salle de bain, jamais on n'échappe à un panoramique sur une paire de seins. Par choix je n'ai jamais fait ça, je ne dis pas que ça n'arrivera pas, mais je le ferai quand j'aurais une bonne raison de le faire.

 

C'est pourtant le cas récemment avec Anne Hathaway dans « Love et autres drogues », où la nudité est très naturelle, traitée à l'Européenne. D'ailleurs, Edward Zwick a toujours revendiqué la nouvelle vague comme une influence importante.

Je ne l'ai pas encore vu, mais j'en ai entendu beaucoup de bien.

 

Quelles sont tes comédies romantiques préférées ?

L'Amour ne s'achète pas

Un Monde pour nous

Some kind of wonderful

 

L'an dernier à Cannes, j'ai rencontré Renny Harlin, et j'ai vu un premier montage de Five Days in August. Le film n'était pas terminé, il manquait encore beaucoup d'effets. Que peux-tu nous dire à ce sujet ?

Je ne l'ai pas vu terminé non plus. Il ne manquait plus grand chose, mais il n'était pas encore prêt. C'est une des meilleures expérience de tournage que j'ai connu.

Comment perçois-tu Renny Harlin ? En effet d'habitude il réalise de gros films d'action...

Quand j'ai lu le script, je l'ai tout de suite adoré. Les drames politiques font partie de mes films préférés. J'aime le fait de sortir de la salle en ayant appris quelque chose, et j'aime pouvoir y participer. Par conséquent, après avoir lu le script, je voulais en être. Ça a failli ne pas se faire, parce que comme nous en parlions tout à l'heure, des agents voulaient placer des comédiens de la A-list, quelque chose comme Orlando Bloom et Madonna. J'avais un peu le coeur brisé, car ma rencontre avec Renny s'était très bien passée, on était sur la même longueur d'onde. Et au dernier moment j'ai reçu un coup de fil : « tu pars en tournage dans une semaine ! »

 

Ça a dû être une expérience intense ?

C'était un tournage très dur. Une des expériences les plus difficiles que j'ai connues. Pour beaucoup de raisons, d'une part parce que nous filmions sur les lieux ou s'est déroulée la guerre, qui était encore fraîche dans l'esprit des gens. Nous constations chaque jour combien les habitants de Géorgie étaient bouleversés. Je n'avais jamais connu quelque chose de semblable, jamais. Après chaque journée de tournage, impossible de rentrer dormir dans sa loge. On avait besoin d'aller boire un verre. Les journées étaient tellement intenses, réveiller un conflit, c'est usant émotionnellement. Mais d'un autre côté, je n'aurais voulu être ailleurs pour rien au monde.


Le film a du mal à trouver un distributeur et son chemin vers le public. Ce doit être très frustrant, non ?

C'est au-delà de la frustration. On pourrait en parler toute l'interview, mais à quoi bon ?

 

En France, beaucoup de comédiens passent à la réalisation, ils en ont assez d'attendre. Est-ce quelque chose qui t'attire ?

Il y a deux ans, j'ai réalisé un court-métrage. C'était formidable et grisant. Je ne me sens pas encore capable de réaliser à ce stade de ma vie. Cependant, je sais que plus tard, lorsque j'aurai plus d'expérience, je m'intéresserai à ça. Vers la cinquantaine j'imagine.

 

Pour une femme qui a ton physique, le danger est de trop changer physiquement et de ne plus obtenir de rôles, ou de moins en moins. Quelle est ta perception de ce phénomène ?

C'est une sacré question. Je touche du bois en y répondant. En vieillissant, je sens que je m'améliore. Or, j'ai la chance de paraître plus jeune que je ne le suis. À tel point que ça m'a pesé pendant très longtemps, jouer les filles de 16 ans quand on en a 25, c'est extrêmement frustrant. Du coup plus je vieillis, plus je suis enthousiaste. J'utilise de mieux en mieux l'énergie qui est la mienne, je sais beaucoup mieux me consacrer au jeu qu'il y a quelques années, lorsque j'étudiais l'art dramatique. Je sens que je change, mais je fais partie de ces femmes qui entendent vieillir gracieusement. J'adore ça, chez vous les hommes (français).

Si vous regardez une actrice française de 35 ans, et une actrice américaine du même âge, l'une a l'air d'un morceau de plastique, et l'autre, d'une vraie femme. Je préfère la deuxième. C'est probablement parce que je suis plus européenne qu'autre chose, je suis d'origine marocaine, ma famille vient du Bayou, c'est ma culture. Je vais être honnête avec vous, c'est un challenge. Certains matins, quand on se regarde dans le miroir on se dit : « oh ma pauvre ! » C'est pour ça que certains utilisent le botox.

 

En effet. Quand on voit Madeleine Stowe, qui était dans le Dernier des Mohicans, une des plus belles femmes du monde, et ce qu'elle est devenue après avoir recours à la chirurgie esthétique, on ne comprend pas la logique qui régit tout cela.

Vous savez, c'est une sorte de maladie, la peur de vieillir. Cela devient de pire en pire. Si mes yeux commencent à se fermer parce que mes rides sont trop importantes, peut-être que je ferai quelque chose. Mais dans l'absolu, à 30, 40, ou même 50 ans, vous êtes beau si vous prenez soin de vous. Vous n'aurez plus l'air d'avoir 20 pour autant, mais qui s'en soucie ? Une femme dans la quarantaine resplendit. J'essaie de ne pas juger, car chacun trouve midi à sa porte, mais c'est un véritable défi. Je vais vous raconter, j'étais avec un très bon ami, Gad Elmaleh. Je lui expliquais que je rêverais de faire un film en français. Je venais de voir mon agent en France, j'avais mis un tout petit peu de maquillage, je veux dire à peine. Et la directrice de casting que j'ai rencontré, m'a dit : « n'en mettez surtout pas plus, là c'est le maximum ». J'étais sidérée. Aux États-Unis, on y va à la truelle à côté de vous.

Un soir à l'hôtel Costes, je regardais des jeunes femmes superbement habillées, avec une petite queue de cheval, mais avec absolument aucun maquillage. Et elles étaient splendides. Vous seriez choqués si vous veniez à Los Angeles : les femmes, ici, croulent sous le maquillage !

 

Un petit mot sur la série Borgia ?

Une sacré expérience, tournée à Budapest. Techniquement j'ai joué dans 3 épisodes, mais pour être plus précise, je suis très présente dans un épisode et j'apparais dans les deux suivants. Neil Jordan est à la tête du projet. Il était question que je joue dans 6 épisodes, mais je ne sais pas du tout où ils vont emmener les personnages. Je garde les doigts croisés pour qu'ils continuent d'écrire aussi bien. Je joue un super personnage, la duchesse de Naples, qui épouse un Borgia. C'est un mariage politique, elle épouse le plus jeune enfant, qui a douze ans. Il a douze ans ! Et elle a une aventure avec son grand frère. C'est une folle, mais le personnage est génial.

 

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