HideAways : Rencontre avec Agnès Merlet

Tonton BDM | 19 novembre 2011
Tonton BDM | 19 novembre 2011

Entre deux soirées de beuverie et un bagel partagé en terrasse avec George Romero, l'auteur de ces lignes a quand même pris le temps de voir quelques films et de rencontrer quelques réalisateurs lors du Festival International du Film Fantastique de Strasbourg en septembre dernier, à l'occasion duquel le très joli HideAways a obtenu le prestigieux Méliès d'Argent du meilleur long-métrage fantastique Européen. A cette occasion, rencontre avec la délicieuse et talentueuse Agnès Merlet, réalisatrice du film qui sort en France le 23 novembre...

 



Comment définiriez-vous HideAways ?

C'est un conte surréel, influencé par la littérature gothique anglaise du XIXème siècle, entre autres par Mary Shelley... Pour moi, le héros du film James est une sorte de personnage à la Frankenstein, extrêmement fragile, qui a peur car il fait souffrir et détruit les gens contre son gré.

Quelle a été votre implication dans le scénario du film ?

Je me suis uniquement occupée de l'adaptation, sur un scénario original de Nick Murphy, un jeune scénariste irlandais dont c'était le premier script et qui, après avoir vu Dorothy, m'a proposé de le réaliser. Il y avait dans son scénario des éléments qui m'étaient très personnels, telle que la relation des adolescents à la violence et à la mort.

Des difficultés particulières concernant le montage financier du film ?

Non, cela a été relativement simple : on a monté le film sur un mode de financement que l'on avait déjà mis en œuvre sur Dorothy : une coproduction France/Irlande, avec les mêmes subventions de l'État que pour mon film précédent, avec un apport de la Suède pour les effets spéciaux... La principale difficulté que l'on a rencontré a été une baisse de budget, car on m'a reproché de ne pas avoir choisi des acteurs assez connus, assez bankables. Il a donc fallu tout réadapter à la baisse, mais cela arrive à beaucoup de films...

Ces coupes budgétaires vous ont-elles forcé à faire des concessions ?

Pas spécialement. Si je tenais à ce que les effets de la malédiction de James soient réellement montrés à l'image au début du film, et non simplement évoqués, comme le proposait à l'origine le scénario, mon choix a cependant été de « simplifier » au maximum les effets spéciaux de la dernière partie du récit, car le script d'origine en aurait nécessité beaucoup plus, et ce n'est pas ce qui m'intéressait le plus dans cette histoire. La fin du scénario aurait du mettre en scène énormément d'effets spéciaux, mais j'ai trouvé qu'on pouvait faire comprendre les choses d'une manière beaucoup plus simple.

 

 

 

Un mot sur votre actrice principale, car je l'aime d'amûr : vous la connaissiez ?

Elle s'appelle Rachel Hurd-Wood, je l'avais vue dans Le parfum. Elle n'a pas fait beaucoup de films car elle suit des études et ne tient pas particulièrement à devenir actrice à temps plein : elle sélectionne donc ses projets avec soin. En même temps, elle n'a que 19 ans, elle a commencé à 15 ans, son père est comédien, donc elle connait le monde du show-biz et ne se prend pas la tête avec la célébrité.

Comment avez-vous abordé la scène d'amour entre les deux jeunes gens ?

J'ai eu la chance d'avoir deux acteurs qui s'entendaient extrêmement bien en dehors du tournage : ce n'est jamais évident d'aborder une scène d'amour quand il y a un dégout de l'un pour l'autre... L'autre chance est qu'ils sont complètement désinhibés, en particulier Rachel, et pour obtenir l'effet escompté à l'image, j'ai préféré les laisser libres un moment, afin qu'ils s'approprient l'espace et la scène... On avait deux caméras, et on a choisi de faire une seule prise, assez longue, afin de ne pas briser la magie, l'alchimie de la scène. Tout en restant assez pudique.

 

 

 

Quelle est votre relation à l'image, et comment sélectionnez-vous vos directeurs photo ?

A chacun de mes films, j'ai changé de directeur photo. Dans le cas de Tim Fleming, on m'avait montré un court-métrage irlandais sur lequel il avait bossé, The door, un film à la Tarkovski qui se déroulait en Union Soviétique : j'ai tout de suite beaucoup aimé ce qu'il faisait, un très bon cadreur, avec un univers très poétique. Comme il était photographe avant de se tourner vers le cinéma, on a beaucoup travaillé sur photos, et il a réussi à imposer son idée de travailler en Super 16 et Scope, ce qui paraît à priori en totale contradiction avec l'emploi d'effets numériques.

Quelle tonalité visuelle vouliez-vous donner au film ?

Mes influences picturales pour ce film tournent essentiellement autour des peintres préraphaélites, et d'un photographe américain qui s'appelle Gregory Crewdson qui remet en scène des images dans le style des films Hollywoodiens des années 60 avec un matériel incroyable et en donnant à ses images un côté étrange qui m'a beaucoup inspiré. Côté cinéma, beaucoup de films m'ont également influencé, le Sleepy Hollow de Tim Burton bien sûr, ou encore Stalker d'Andreï Tarkovski.

La chanson du générique de fin est assez amusante...

Oui, il s'agit d'une surprise du compositeur du film Éric Neveux, dont la compagne qui est chanteuse a un jour improvisé cette charmante petite chanson, qui raconte à sa manière le film.

Quels sont vos projets ?

Je me suis remise à l'écriture d'un scénario original, plutôt orienté polar, que je tournerai en France.

 

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