Festival CinémaScience de Bordeaux - Régis Wargnier et José Garcia

Lucile Bellan | 27 octobre 2008
Lucile Bellan | 27 octobre 2008

Alors que le premier festival CinémaScience de Bordeaux voit poindre ses derniers jours, Ecran Large vous propose les entretiens de deux hommes de cinéma attirés par l'expérience de rapprocher cinéma et science : le président du Jury et réalisateur de son état Régis Wargnier, et le juré pour l'occasion et comédien José Garcia. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que les deux hommes ne tarissent pas d'éloge sur le concept de ce festival organisé par le CNRS.

 

 

Régis Wargnier, comment vous êtes-vous retrouvé à Bordeaux ?

Par le train... et en avion aussi à cause des allers et retours. (Rires) En fait, c'est un ami qui travaille dans les relations publiques pour le festival qui m'a prévenu de l'événement. Comme j'aime beaucoup aller là où les autres ne vont pas et que j'ai été attiré par l'idée de juger les films en compagnie de chercheurs et non pas uniquement de gens du métier, j'ai accepté de présider le Jury. Et puis ce qui est intéressant, c'est que j'ai un autre regard sur les films, car si je les avais vus dans un autre contexte je me serais moins focalisé sur leurs aspects scientifiques. Tous ces films très différents nous rappellent que la recherche est partout. Ce n'est pas un monde fermé et hors d'atteinte avec des gens en blouse blanche, mais des homes et femmes qui s'occupent de notre nourriture, de nos fringues, de l'environnement. Ça m'a rapproché de la recherche et ça l'a désacralisée.

 

 

Les films qui composent la compétition officielle sont très éclectiques dans le domaine de la science en général, avez-vous personnellement un sujet de prédilection ?

Pas en particulier, je suis curieux de tout et c'est vrai que je suis servi par la compétition officielle qui concentre à la fois des films sur la psychiatrie et la psychanalyse autant que sur l'espace, la biologie, et l'écologie. Et puis c'est aussi un festival de rencontres. J'y ai découvert que les chercheurs sont des gens très ouverts, presque rêveurs, passionnés et « monomaniaques » en ce qui concerne leur travail, des comportements que je partage avec eux dans mon métier de cinéaste. Ils revendiquent leurs recherches, le mot, le concept de recherche. Parce que les gens avec qui ils travaillent demandent des résultats, eux, ils travaillent dans cet esprit de quête, sans savoir si il y aura un résultat ou pas.

 

 

 

 

Aborder un des thèmes de la science vous intéresserait en tant que cinéaste ?

Je ne sais pas. Mais en parlant des films et de leur différence de traitement, ça me fait penser à un très beau film d'Arthur Penn, sur l'autisme, même si c'est un mot qu'on n'employait pas à l'époque. Le titre français est Miracle en Alabama. Je me souviens d'une scène où une femme soignait une enfant en état d'enfermement, bloquée sur elle-même. Et il y avait une scène extraordinaire, un plan de 10 minutes où elle l'obligeait à manger avec une cuillère et l'enfant refusait, jetait la nourriture, puis la cuillère. Et cette femme revenait à la charge, et il y avait une bataille physique, que gagnait l'adulte. C'est un film qui aurait pu être dans la sélection. Donc la psychiatrie est bien sûr un sujet qui m'intéresse mais pour parler d'un autre sujet, les films sur l'espace par exemple, pas forcément ceux de la compétition mais en général, on ne peut pas les faire en France. Pour une question de financement, de moyens. Même si il y a eu le film parodique de Kad et Olivier, Un ticket pour l'espace.

 

 

Une actualité professionnelle dans un avenir plus ou moins proche ?

Je devrais commencer le tournage de mon prochain film au printemps 2009. Mais je ne peux pas en parler car c'est trop loin et encore incertain. Rendez-vous donc dans les salles en 2010.

 

 

 

 

José Garcia, c'est par passion ou intérêt pour les sciences que vous participez au festival en tant que jury ?

Je ne participe jamais à ce genre d'événement, parce que j'aime bien avoir mon avis personnel mais je n'aime pas trop le partager avec les autres. Surtout parce qu'il est toujours bon et ça m'embête par rapport aux autres. (Rires) En fait, c'est Régis Wargnier qui m'a demandé si ça m'intéressait. Je suis content de participer parce qu'il y a un jury de scientifiques et je trouve que ça sortait un peu du cadre professionnel entre producteurs/acteurs/réalisateurs où on tourne un peu en rond. Là, ça nous permet de voir des films qui ont trait à la science et de rencontrer des scientifiques. Et moi je trouve que c'est passionnant de parler avec ces gens-là, qui font avancer un peu le schmilblick au jour le jour.

 

 

Avez-vous un domaine scientifique de prédilection ?

Toutes les thématiques sont intéressantes : l'astronomie, la physique la mécanique quantique, la recherche des atomes, le travail sur la physique, la chimie. Et puis, on a quand même trois personnes qui sont des chercheurs du CNRS, pour chacun, leurs domaines sont absolument passionnants. Il y a une dame qui travaille sur la mémoire, il y en a un qui travaille sur le thème de la biodiversité et une autre personne sur les astres. On a de la chance avec ce festival de se retrouver avec des gens qui pourraient être coach, ces gens qui travaillent avec nous sur les films pour être sûr qu'on ne fait pas d'erreur. Et je trouve qu'à leur contact, on évolue bien.

 

 

 

Vous êtes donc un peu un touche-à-tout, vous n'avez pas de coup de cœur sur un sujet en particulier ?

Si, j'ai des coups de cœur en biologie, en énergie renouvelable. Mais tout me passionne, je suis curieux de nature. Et il ne faut pas prendre les gens de science pour des gens complètement sérieux, là, on n'est tombé que sur des gens qui avaient envie de rire. Ils ont envie de raconter ce qu'ils font, et de sortir un peu de ce carcan académique. C'est aussi pour ça que j'ai fait ce festival : il faut vulgariser un peu pour montrer que la science est quelque chose de quotidien.

 

 

Une actualité professionnelle dans un avenir plus ou moins proche ?

Je devrais tourner en 2009 mais malheureusement je ne peux pas en parler parce que toutes les choses sont en train de se mettre en place. Avec tous ces problèmes de financement, tout peut se retrouver chambardé et je ne préfère pas en parler tout de suite. Moi, je me suis arrêté pendant 2 ans, parce que j'avais envie de profiter un peu de la vie. Et pour l'instant, je ne me projette pas, je gère au jour le jour, au quotidien. Donc normalement les gens me retrouveront dans les salles en 2010, et cela fera trois ans qu'eux et moi, on aura pris le large, et ils auront peut être envie de voir ma tête... ou pas.

 

 

 


 

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