Steve Buscemi (Lonesome Jim)

Didier Verdurand | 14 novembre 2005
Didier Verdurand | 14 novembre 2005

De passage éclair à Paris et sous l'emprise d'un satané décalage horaire, Steve Buscemi n'a pas la pêche en cette fin de journée mais nous a gentiment consacré quelques minutes pour parler de sa nouvelle réalisation, Lonesome Jim et de la position qu'il occupe à Hollywood.

 

Cet été, vous étiez à l'affiche dans une production de 125 millions de dollars – The Island – et vous voilà aujourd'hui à Paris pour parler de votre troisième film en tant que metteur en scène, au budget d'un demi million de dollars. Vous vous adaptez facilement à un tel changement ?
Oui. J'ai pris beaucoup de plaisir à participer à The Island d'autant plus que j'ai été très bien payé donc cela me permet après de ne pas tourner pour les autres et de pouvoir travailler sur des projets plus personnels comme Lonesome Jim pour lequel je n'ai quasiment pas été payé. Par ailleurs, je ne me suis jamais dit sur le tournage de mon film que j'aurais fait mieux avec plus d'argent, je m'estimais déjà privilégié de réaliser un film. Qu'est-ce que je ferais de 100 millions de dollars ? Je n'en ai pas la moindre idée. En fait, je ne sais même pas où ils mettent tout cet argent ! Je sais bien que les effets spéciaux coûtent cher mais franchement, où vont les 100 millions de dollars ?

Lonesome Jim n'a pas ou peu d'aspirations commerciales, un budget aussi réduit évite forcément des déconvenues financières !
Oui, vu l'argent investi, il est très probable qu'on en tire des bénéfices même s'il ne marche pas très bien et qu'au bout du compte, il soit un succès ! Le plus important reste la satisfaction d'avoir fait le film que je voulais faire sans avoir eu à passer par des compromis comme c'est toujours le cas lorsqu'on travaille avec une major. Cette liberté n'a pas de prix.

Vous avez travaillé avec Ben et Casey Affleck. Quelle est leur principale différence ?
Je dirais que Ben a plus de personnalité qui se traduit par une forte ambition. Je n'ai jamais dirigé Ben donc je ne peux pas vraiment parler de leur approche d'un personnage mais j'ai beaucoup apprécié la manière dont Casey a préparé son rôle, il s'est investi comme je l'espérais. Il était recommandé par le scénariste James C. Strouse, le casting s'est fait très facilement. (Rire.) Je l'avais beaucoup aimé dans Gerry et je savais qu'il pourrait tenir un film sur ses épaules.

 


Vous arrive-t-il encore en tant qu'acteur de passer des auditions ?
Non, mon nom est assez connu dans le métier pour m'éviter ce genre d'exercice. J'ai franchi une étape dans ma carrière grâce à Reservoir dogs. J'avais été au casting de Mr. White, finalement interprété par Harvey Keitel. Depuis, je n'ai pas le souvenir d'avoir eu à passer par cette case.

 

Quand Jim retourne dans sa petite ville paumée, c'est un peu comme s'il retournait en prison, qui était l'unique décor de votre second film, Animal factory…
On peut voir les choses ainsi mais je pense qu'il s'enferme lui-même dans une prison par son état d'esprit, son attitude.

Vos projets ?
Je commence le mois prochain Delirious de Tom DiCillo avec Alison Lohman et Michael Pitt. C'est la quatrième fois que Tom me dirigera. J'incarne un photographe qui se lie d'amitié avec un jeune SDF dont tombera amoureux une pop star. Sa soudaine notoriété attisera ma jalousie… Je travaille aussi sur ma prochaine réalisation, conjointement avec Stanley Tucci et Bob Balaban. Nous allons faire trois remakes de films du cinéaste Theo van Gogh, assassiné l'année dernière à Amsterdam. Je reviendrai aussi peut-être à Paris pour jouer dans un film de Nancy Savoca, qu'elle prépare actuellement, mais rien n'est encore signé.

 


Quels films avez-vous aimé en 2005 ?
(Long silence.)

 

C'est si dur que ça à trouver ? (Rire.)
Pas évident en effet, surtout que je vois peu de films au cinéma, je les rattrape la plupart du temps en DVD… Moi, toi et tous les autres me vient à l'esprit.

Je me rappelle d'un fait divers durant le tournage de L'Intrus. Vous vous êtes retrouvé malgré vous au centre d'une bagarre avec Vince Vaughn à vos côtés, face à des habitués d'un bar. Vous avez atterri à l'hôpital après avoir reçu plusieurs coups de couteau pendant que Vince finissait au poste de police pour coups et blessures. Sans revenir sur les circonstances, j'aimerais juste savoir si les jeunes gens qui vous ont agressé savaient qui vous étiez ?
Oui car ils m'ont appelé par mon nom sans que j'ai pris le soin de me présenter ! La célébrité n'apporte pas que des avantages…

Les assurances vont réfléchir à deux fois avant d'accepter que vous refassiez équipe avec Vince Vaughn !
Je serais ravi de refaire un film avec lui mais j'imagine que la production prendrait des précautions pour nous tenir éloignés des bars !

Propos recueillis par Didier Verdurand.
Autoportraits de Steve Buscemi.

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