Piet de Rycker (L'étoile de Laura)

Dans le cadre du Festival du cinéma allemand, Piet de Rycker, réalisateur de Plume, le petit ours polaire sorti en décembre 2004, est passé à Paris pour présenter son nouveau film L'étoile de Laura. Film d'animation destiné aux plus jeunes, il sortira sur nos écrans le 19 octobre 2005.

D'où vous est venue la passion du dessin animé ?
Lorsque j'étais enfant, j'aimais beaucoup dessiner et voir mes idées prendre forme sur le papier. À 12 ans j'ai vu Merlin, l'enchanteur de Walt Disney et c'est à ce moment-là que j'ai su que je voulais faire des dessins animés. À 15 ans j'ai réalisé mon premier film en Super-8 avec mon frère, puis à 18 ans j'ai entrepris des études pour apprendre réellement à créer un dessin animé.

 

Qu'avez-vous apprécié dans le livre L'étoile de Laura de Klaus Baumgart ?
À la base, le livre de Klaus Baugmart dont nous nous sommes inspirés pour L'étoile de Laura, ne compte qu'une trentaine de pages. Nous avons donc dû élaborer une histoire autour. L'image qui m'a frappé dans ce livre, c'est celle d'une étoile blessée. c'est une image importante: « On doit prendre soin de quelqu'un de blessé ». De là, nous avons décidé de créer une blessure également chez le personnage de Laura. Elle ne contrôle pas son déménagement, elle arrive dans une ville où elle ne connaît personne. C'est la réciprocité de soin entre Laura et l'étoile qui m'a intéressé.

 

 

Après Plume, le petit ours polaire qui est ami avec un phoque (pourtant chassé par ses congénères), ici Laura devient amie avec une étoile. Vous avez l'air d'aimer les amitiés un peu étranges ?
Je pense que l'on fait un dessin animé pour contrôler sa propre vie. On met en scène tous ses rêves pour créer un monde meilleur. Dans ces deux dessins animés, leur amitié naît d'une émotion spirituelle, c'est une amitié pure pas encore salie par la réalité. C'est cette pureté que j'aime dans ces amitiés atypiques. Le principe est que l'on tente, avec de l'espoir, de rendre les choses meilleures, mais toujours avec l'aide des autres. C'est au moment où l'on commence à avoir confiance dans les autres que l'on peut avancer. Au début, Laura voue une amitié exclusive à son étoile et elle ne voit pas Max, son voisin qui tente de devenir son ami. C'est quand elle décide de laisser partir l'étoile et de lui faire confiance qu'elle ouvre les yeux. Avant son amitié et sa vision de sa propre vie étaient une prison pour elle-même.

 

 

Comment s'est passée cette nouvelle collaboration avec Thilo Graf Rothkirch ?
Avec Thilo, ça fait quatre fois que l'on travaille ensemble. Nous avons les mêmes idées. Nous aimons essayer d'avoir un langage différent pour raconter une histoire. Nous avons voulu centrer nos films sur des personnages blessés et humains, qui tentent de trouver une nouvelle façon de se positionner dans leur environnement. Nous cherchons toujours de nouvelles pistes pour nous éloigner des manières classiques de réaliser. Mais du coup nous prenons des risques. De plus, Thilo et moi sommes compatibles concernant notre manière de travailler. Lui, c'est un artiste, il est très fort concernant l'image finale. Tandis que moi, je suis meilleur en post-production, pour le développement de l'histoire...

 

Vos trois derniers films sont des adaptations de livres pré-existants. Avez-vous l'intention de créer vos propres personnages ?
Oui et ça a déjà été le cas. Thilo a créé les personnages de Tobias et son lion il y a quelques années. Mais c'est difficile. En effet, quand on adapte un livre déjà existant, les producteurs, les spectateurs connaissent déjà les personnages. Et donc c'est très dur d'arriver avec des personnages originaux et inconnus. C'est compliqué car le marché est très cloisonné et on a du coup besoin de beaucoup d'argent pour en faire la promotion et ce n'est pas notre cas. Mais actuellement nous avons présenté des personnages originaux à notre producteur et il semble qu'il aime l'histoire... à suivre.

Propos recueillis par Isabelle Banos.