Interview Ben Affleck

Didier Verdurand | 1 novembre 2004
Didier Verdurand | 1 novembre 2004

Avant d'être à la une de tous les journaux à scandales, il ne faudrait pas oublier que Ben Affleck a aussi remporté l'oscar du Meilleur Scénariste pour Will Hunting, et qu'il a une sympathique collection de succès au box-office, Armageddon en tête. De passage à Paris pour parler de Paycheck, réalisé par John Woo, il a accepté de répondre à nos questions, juste avant d'enchaîner avec la conférence de presse où un journaliste lui demandera – quelle originalité – s'il est dans ses projets de se marier… Pas vraiment à l'ordre du jour !

Quelles sont les raisons qui vous ont fait jouer dans Paycheck ?
Je suis fan de Philip K. Dick, qui a inspiré Blade runner, Total recall et Minority report. Avec John Woo aux commandes, cela devenait encore plus excitant. C'est un réalisateur prestigieux qui a marqué le cinéma d'action, et j'ai toujours voulu bosser avec lui.

Comment s'est passé le tournage ?
John instaure une bonne ambiance, studieuse, et le rythme devait être soutenu car la sortie américaine était prévue par Paramount pour Noël. Le budget de 60 millions de dollars était en deçà des grosses productions hollywoodiennes. Il en résulte une pression moins soutenue, ce qui est appréciable.

Que sont devenus les quarante-sept costards identiques que vous avez utilisés sur le tournage ?
En réalité, je n'arrive pas à croire que j'ai mis autant de costumes, on ne m'avait rien dit à ce sujet ! C'est juste récemment que je l'ai appris en lisant le dossier de presse ! Je ne sais donc pas ce qui leur est arrivé, mais ils ne sont pas chez moi !

 

 

Est-il plus facile de conduire une BMW R1150R Rockster ou de piloter un avion de chasse dans Pearl Harbor ?
Certainement de conduire une Rockster ! Cela m'amuse de rouler en moto, et puis entre nous, je n'ai pas eu à piloter dans Pearl Harbor ! J'ai essayé de réaliser quelques cascades, quand les assureurs me le permettaient. Le public se rend facilement compte lorsqu'il s'agit d'une doublure, et de toute manière ce genre de scènes m'éclate, je n'ai pas l'impression de bosser.

Vous possédez plusieurs motos ?
Oui, j'en ai quelques-unes. J'aime me retrouver en Europe aussi parce qu'on en voit plus qu'en Amérique. Si seulement je pouvais avoir le temps de me faire un trip…

Dans Paycheck, on vous enlève une partie de votre mémoire. Si vous pouviez oublier quelque chose dans votre carrière, qu'est-ce que ce serait ?
J'ai fait des films que j'aimerais oublier… Mais on tire les leçons de ses propres erreurs. Je suis satisfait de ma vie, et heureux de pouvoir me coucher en repensant à ma journée.

Vous feriez la suite de Daredevil ?
Non, je n'en ai pas envie, même s'il a eu du succès. Le tournage et sa préparation ont été particulièrement épuisants, et je ne crois pas être capable de le refaire. Je suis nettement plus motivé par la nouveauté. À quoi bon se répéter ?

 

 

Pas de Gigli 2 ?
(Rires) Non, et pourtant voilà un film qui aurait peut-être besoin d'une suite ! Nous pourrions gagner des oscars au passage…

En attendant, vous iriez aux Framboises d'Or, qui récompensent les pires films de l'année ?
Pourquoi pas ? Gigli part favori pour obtenir un maximum de nominations (Vrai : neuf nominations accordées après l'entretien !), et nous allons gagner ! La cérémonie a lieu à Los Angeles, il me semble, donc j'irai peut-être !

Où se trouve l'oscar que vous avez obtenu il y a six ans ?
Chez moi, sur mon bureau. Il était avant dans les locaux de ma maison de production, mais j'ai le sentiment qu'il est plus en sécurité à la maison. Je ne veux surtout pas qu'on me le vole, j'y tiens trop !

Quel serait votre bilan de ces six dernières années ?
J'ai eu l'occasion de rencontrer des gens merveilleux, de voyager, d'avoir des activités hors du commun… Il y a eu des désillusions évidemment, mais je n'ai pas à me plaindre.

Vous êtes une star de cinéma, un scénariste, un producteur, et vous avez même réalisé un court métrage il y a dix ans. Prochaine étape, gouverneur ?
Je ne peux pas rivaliser avec Schwarzenegger, il me faudrait un État plus petit ! En tout cas, il est la preuve vivante que tout et n'importe quoi peut arriver dans notre pays de nos jours ! Remarquez, je pourrais me présenter à des élections en France…Je ne parle pas français, mais je sais dire « Vive la France ! »

 

 

Plus sérieusement, nous savons que vous êtes contre la politique de Bush, mais vous intéressez-vous à la politique ?
Oui, c'est normal en tant que citoyen de savoir comment nous sommes gouvernés. Je soutiens des politiques que j'apprécie en leur donnant de l'argent et en allant parfois à leur meeting, mais je n'ai pas prévu de m'impliquer plus que cela. Je trouve en revanche constructif et enrichissant d'aider, notamment avec Matt Damon, les jeunes talents qui n'ont pas de relations à Hollywood, et de leur laisser une chance de percer. Notre statut permet d'ouvrir quelques portes et nous voulons en faire profiter, c'est naturel.

Votre mère est irlandaise, et votre père, écossais. Vous avez reçu une éducation sous influence européenne ?
Oui, j'ai grandi à Boston, qui est une ville américaine où l'on peut ressentir une forte présence européenne. Cependant, lorsque vous allez en Europe, vous vous rendez compte des clivages qu'il peut y avoir avec les États-Unis, même à Boston. Avec le temps, ces différences diminuent, je trouve… Grâce à Internet, la télévision par satellite, le téléphone… Le monde devient de plus en plus petit !

Vous parliez de Matt Damon. Avez-vous vu son dernier film, Deux en un ?
Oui, je l'ai trouvé très amusant.

Vous avez ressenti de la jalousie envers Greg Kinnear, qui joue son frère siamois ?
(Rires) Non, j'ai été suffisamment collé à Matt pendant longtemps, je sais ce que ça fait, et j'étais content de voir que quelqu'un d'autre allait prendre le relai pour un moment !

 

 

Vous avez déclaré que vous vouliez envoyer un chèque à Britney Spears pour la remercier de s'être mariée quelques heures et d'avoir repris les devants de la scène…
Oui, cela me permet de souffler !

… et je me suis demandé comment vous aviez appris l'existence de ce mariage. Vous lisez la rubrique people des magazines ?
Pas besoin de lire la rubrique people pour être au courant ! Vous allumez la télévision à Vegas, et au bout de cinq secondes il y a un sujet dessus ! C'est hallucinant de voir comment la vie privée des célébrités peut toucher les gens. Partout ! Même au Turkménistan, tout le monde savait que Britney s'était mariée ! Mais oui, je le répète, je suis heureux de voir qu'il existe un nouveau sujet de conversation pour les amateurs de potins, et que les gens parlent d'un autre mariage que le mien !

Une telle exposition médiatique perturbe votre métier d'acteur ?
Bien sûr. À force d'être surexposé, d'avoir sa photo systématiquement dans les magazines et d'être dans des reportages bidons, le spectateur confond le personnage du film et Ben Affleck. Il est donc évident qu'en tant qu'acteur je dois encore plus donner pour que le type qui a payé sa place rentre dans le film et oublie tout ce qu'il a pu lire sur moi. Dans Paycheck, j'interprète un ingénieur en haute technologie. Je suis certain que des gens n'y croiront pas, parce qu'ils s'imaginent que jamais Ben Affleck ne pourrait avoir les capacités de faire ce boulot !

Quand vous lisez un scénario, vous pensez à votre image ?
Non, je dois tout d'abord ne pas m'ennuyer à la lecture, c'est mon premier critère de sélection, et c'est pourquoi d'ailleurs j'ai fait tant de films différents. Je ne dois pas oublier qui je suis, et ne pas rester bloqué sur mon image publique, qui n'a parfois rien à voir !

Propos recueillis par Didier Verdurand en janvier 2004.

 

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