Dofus, cinéma, bande-dessinée et jeux vidéo : découverte d'une création française protéiforme et ambitieuse

Sophie Sthul | 5 février 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Sophie Sthul | 5 février 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Alors que Marvel a brutalement démocratisé des termes tels que multiverse ou transmedia, une création française a porté haut les couleurs de ces concepts, demeurés longtemps inconnus du grand public, et ce, depuis 2004.

Il s’agit de Dofus, dont le traitement médiatique a de quoi surprendre, alors que la première adaptation en long-métrage de la création protéiforme éditée par Ankama arrive sur nos écrans. Pour les non-initiés (et dieu sait qu’ils sont nombreux), Dofus pourrait passer au mieux pour un anime japonais traité avec répugnance par des médias qui n’ont toujours pas accepté de se défaire de leur préjugé, ou au pire pour un produit opportuniste essayant de manger à tous les râteliers.

Or, Dofus n’est ni l’un ni l’autre, mais a su s’imposer comme une véritable œuvre hybride, se jouant de ses racines, comme de ses supports. Il faut d’abord rappeler l’évidence, depuis plus de 20 ans, l’animation japonaise berce, influence et participe de l’imaginaire occidental, et français en particulier.

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Dans un contexte où les mangas sont souvent apparus aux nouvelles générations comme plus créatifs, audacieux et subversifs que l’indéboulonnable bédé franco-belge, il n’y a rien de très surprenant à ce qu’advienne des œuvres mêlant habilement les deux cultures. De même qu’il n’y a finalement rien que de très logique à voir ces œuvres envahir d’abord le support vidéoludique.

Dofus est MMORPG, soft jouable en ligne, qui va rencontrer rapidement le succès. Une réussite décuplée par celle d’un concurrent, World of Warcraft, qui va démocratiser la pratique vitesse grand V. Dès lors, Dofus, machine créative dont la souplesse ne demande qu’à s’exprimer, va envahir de nouveaux médiums.

Bande-dessinée, dessin-animé, jeux vidéo. Le tout se déclinant sur plusieurs époques à travers les galaxies Dofus et Wakfu. Ce monde, aussi abordable que complexe, s’attaque désormais au cinéma, sans oublier sa nature d’entité multi-support.

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Car si Dofus – Livre 1 : Julith approche de nos écrans, ce ne sera pas seul. Une fois de plus, Ankama a prévu de donner vie à ses personnages et à l’univers qui les entoure au-delà des salles obscures. Si le long-métrage à venir n’est en apparence qu’une nouvelle parcelle dans cette toile singulièrement cohérente, elle sera instantanément élargie par une bande-dessinée en deux tomes.

Ainsi, Dofus – Julith & Jalash arrivera très prochainement et permettra aux curieux d’approfondir le récit découvert au cinéma, en comprenant l’origine du conflit opposant deux des protagonistes du métrage. Si on se méfie souvent des produits dérivés, on rappellera ici qu’il s’agit bien de l’ADN du projet depuis sa genèse, et que Dofus ne s’entend pas comme un principe dont une œuvre serait la colonne vertébrale, mais bien comme un ensemble de systèmes s’enrichissant les uns les autres.

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Nous reviendrons donc prochainement sur ce cas particulier du secteur culturel français, finalement très peu considéré et abordé par la presse. Car Dofus a bâti sa popularité et son rapport avec le public assez loin des institutions, mutant et croissant avec ses fans.

Ainsi, l’univers généré par Ankama en vient à rappeler une autre œuvre (elle, cantonnée à la bande-dessinée), qui partage avec elle ces racines mutantes, multiples, un sens de l’hommage et du détournement aigu ainsi qu’une véritable générosité. Il s’agit bien sûr de Donjon, initié par Lewis Trondheim et Joann Sfar. On a connu pire comme parentée.

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commentaires
diez
08/02/2016 à 00:07

Vu le film. Au debut, les voix des deux gamins est assez insupportable, on s'y fait dans une certaine mesure.

Le film en lui même est trés intéressant et propose une histoire de fantasy médiéval (un truc dansle genre) plutôt ambitieuse. Cependant, techniquement Dofus accuse un retard considérable dans ce que l'animation française propose aujourd'hui pour le cinéma.

Au détour de certains combats ou plans on s'étonne d'en prendre plein les yeux grâce à une mise en scene frénétique, des personnages aux mouvements fluide, mais trop souvent ces éléments laissent place à des choses loin de suffire pour un projet aussi ambitieux. Les personnages font trop souvent plat dans des décors mal animés, voir pas du tout.

Cette sensation du personnage plat superposé sur le décor plat ne fonctionne pas. Des fonds sans vie, des animations maladroites... d'autant que quand ça bouge, nottement lors des combats, c'est assez impressionnant. Pourquoi alors s'être contenté pour le reste de se la jouer les Cités d'or 2 ?

Pourtant, la narration réussit, quand elle prend enfin son envol et ne se concentre pas sur des gags sans intérêt, a donner de l'ampleur à un récit au potentiel énorme. La classique histoire de l'orphelin élu qui sauvera son peuple est joliment exploité avec des héros haut en couleur le tout imprégné d'une bande originale épique comme on a pas l'habitude d'en entendre par chez nous.

Pour les lourdes maladresses et faiblesses techniques je pense qu'il y a moyen de faire mieux, de revoir les ambitions à la hausse et de donner aux dessins une vraie âme, ce dont ils manquent cruellement. Pour l'audace et la singularité du projet je salue volontiers et avec fierté les studios Ankama et leurs équipes.

Jeanne
07/02/2016 à 14:17

Dans me souvenirs, et je n'ai vu que des bouts, la série était belle et bien animée mais les voix étaient tellement insupportables que c'était juste impossible à regarder. Le film aura-t-il les mêmes acteurs ?

diez
05/02/2016 à 21:39

Oui, j'aimerai bien votre avis aussi. Je me demande s'il faut bien connaître l'univers pour bien apprécier le film ou s'il se suffit en tant que première partie d'une saga à venir.

Ratatak
05/02/2016 à 19:34

Et sinon, vous en pensez quoi après l'avoir vu ?