Stargate, Resident Evil, Tomb Raider, Invasion Los Angeles : les vraies bonnes idées de remakes à faire

Geoffrey Crété | 4 février 2014
Geoffrey Crété | 4 février 2014

Le remake comme blasphème ultime est un mythe à abattre. Devenu un genre à part entière au fil des exploitations et aberrations, ce refaçonnage industriel a transfiguré sa triste condition pour offrir, à l'occasion, de bonnes surprises, voire de très belles relectures.

La discussion a été alimentée par de nombreux matchs : True Lies contre La Totale, The Thing contre La Chose d'un autre monde, Ocean's Eleven contre L'Inconnu de Las Vegas, L'Invasion des profanateurs de sépulture, mais aussi des duels plus discutés avec Millénium, Les Infiltrés, Ring ou La Dernière Maison sur la gauche. Après les dispensables Old Boy et RoboCop, et alors que se profile un Godzilla de haute volée, place à un monde de fantasmes, où le remake sauverait de bonnes idées extirpées de mauvais films. L'alternative à l'habituel top des pires remakes, pour conjurer le mauvais sort et tordre le cou aux clichés.

Stargate, la porte des étoiles de Roland Emmerich (1995)

Ça parle de quoi : Un paria de l'égyptologie, convaincu que les pyramides ont été construites par des aliens, est enrôlé par l'armée américaine, qui a justement trouvé la preuve qu'il a raison : la porte des étoiles. Une fois décrypté, l'engin ouvre un tunnel à travers l'espace-temps vers une planète désertique inconnue, régie par une espèce de Dieu égyptien, en réalité un extra-terrestre diabolique qui souhaite s'emparer de la bombe atomique ramenée par les soldats pour détruire la Terre.

Ça vaut quoi : Chaque minute passée ramène la fabuleuse idée de base vers le pire du film hollywoodien. Amourette insipide, personnages caricaturaux, humour de vestiaire, en plus d'un bric-à-brac de série Z qui démontre la médiocrité de Roland Emmerich. En outre, une porte des étoiles qui offre un premier aperçu de l'Ailleurs avec un désert monocorde, un vieux village et une pyramide habitée par des ersatz de divinités égyptiennes, n'a pas grand chose à voir avec de la grande SF.

Ça mérite quoi : Avec trois séries, deux téléfilms, une série animée, lancés après l'abandon des deux suites prévues au film, Stargate aura confirmé son potentiel. Dans un monde meilleur, il y aurait de quoi créer une franchise à la Star Wars, avec moins de philosophie fumeuse, entre Riddick et Indiana Jones. Une contre-programmation qui mérite d'abord une planète plus excitante et une mythologie moins ras-des-pâquerettes - le mystère des pyramides est alien : presque aussi bête que les Crânes de cristal d'Indiana Jones 4.

Ça mérite qui : Christopher Nolan, qui va tâter ce terrain avec Interstellar. Ou J.J. Abrams pour la version pop-corn con qui déboîte.

 

 

Jumanji de Joe Johnston (1995)

Ça parle de quoi : Un jeu de société maléfique qui, parmi de nombreuses offres, aspire le joueur dans un monde parallèle, ou matérialise la faune et la flore exotique.

Ça vaut quoi : Plaisir régressif assuré avec le film culte de nos enfances, une époque où Robbin Williams était une star et Kirsten Dunst, personne.

Ça mérite quoi : Quiconque a vu le film a depuis une envie irrépressible d'explorer toutes les possibilités du plateau, de piétiner chaque case et défier une par une les charades. La série animée aura achevé cette curiosité avec une version où les deux enfants traversent le miroir pour résoudre des énigmes et éventuellement sauver Alan dans le dernier épisode. Carte blanche totale donc pour construire un monde incroyable à l'écran, sans tomber dans l'overdose numérique d'un Voyage au centre de la Terre.

Ça mérite qui : Guillermo Del Toro. Le Joe Dante des années 80. Henry Selick sans dessin animé.

 

 

L'Age de cristal de Michael Anderson (1976)

Ça parle de quoi : Un monde futuriste où l'humanité est enfermée dans des villes-bulles, et où chaque individu a une date de péremption pour éviter la surpopulation. Sauf que tout ceci est un vaste mensonge.

Ça vaut quoi : Un solide classique de la SF des années 70 qui n'a pas lésiné sur les effets spéciaux et décors improbables. Un sacré coup de vieux donc, là où un Rollerball a résisté à l'épreuve du temps.

Ça mérite quoi : Michael Bay y a puisé la première demi-heure de The Island, mais L'Age de cristal mérite un vrai bon film de SF qui embrasse la totalité du discours. Interdiction de sombrer dans l'anticipation désormais facile à la THX-1138.

Ça mérite qui : Kathryn Bigelow, entre Strange Days et Zero Dark Thirty. Andrew Niccol période Truman Show et Gattaca. Ou Nicolas Winding Refn, s'il reprend sa version abandonnée avec Ryan Gosling et Rose Byrne.

 

 

Les Femmes de Stepford de Bryan Forbes (1975)

Ça parle de quoi : Une citadine moderne accepte de déménager dans une banlieue paisible à la demande de son mari. Elle y découvre un havre de paix cauchemardesque, où chaque mari a remplacé sa femme par une version robotisée obéissante.

Ça vaut quoi : Un bon cru de la SF parano des années 70, qui tire des merveilles d'une idée simplette. La mise en scène, loin d'exploiter à sa juste valeur le fond de l'histoire, offre tout de même une conclusion tétanisante. 

Ça mérite quoi : Une réactualisation qui parle au nouveau millénaire, réoriente les enjeux féministes, mais conserve l'allure mystérieuse et angoissante. L'erreur a été commise avec Et l'homme créa la femme, un remake oublié avec Nicole Kidman, véritable catastrophe industrielle tâchée par une production houleuse.

Ça mérite qui : Sean Ellis période The Broken. Sean Durkin pour Martha Marcy May Marlene. Le Kiyoshi Kurosawa de Kaïro. Roman Polanski en mode Rosemary's Baby.

 

 

Alone in the Dark de Uwe Boll (2005)

Ça parle de quoi : Un détective, doté de pouvoirs paranormaux et parti en croisade contre les forces du Mal, s'allie à une ancienne conquête pour empêcher une race de démons de détruire la planète.

Ça vaut quoi : Plan 9 from outer space en couleurs et avec Tara Reid dans le rôle de Vampira.

Ça mérite quoi : Un film qui ressemble un minimum au fantastique jeu, et pas à un téléfilm de seconde zone avec le fils de Steven Seagal. Avec comme ingrédients de base un vieux manoir perdu, des souterrains labyrinthiques et des monstres tapis dans l'ombre, Alone in the dark se présente comme un candidat idéal pour un film d'angoisse pur. Le quatrième épisode, avec son île isolée et sa civilisation disparue à la Alien, est un fantasme de cinéphile.

Ça mérite qui : Un Neil Marshall pour une copie propre orientée terreur. Ou Lucio Fulci période L'Au-delà, plan final du film.

 

 

Lara Croft : Tomb Raider de Simon West (2001) et Lara Croft Tomber Raider : Le Berceau de la vie de Jan de Bont (2003)

Ça parle de quoi : Une aristo-bombasse, condamnée à vivre seule dans un manoir depuis la mort de son père, occupe son temps entre voitures de luxe, robot domestique, ventes aux enchères et courses contre la montre pour sauver l'humanité. 

Ça vaut quoi : Un film pop corn de base, sans aucune inventivité. Le premier, filmé avec les pieds, a donné au second comme ambition principale de se hisser au minimum syndical du genre. Triste ambition, relevée avec brio. Avec Angelina Jolie, à peu près parfaite, comme consolation.

Ça mérite quoi : Il est bon de rappeler que Lara Croft est d'abord une aventurière avec une sérieuse pulsion de mort qui s'enterre dans de vieux tombeaux oubliés, seule avec deux flingues et une trousse de soin. Cette profonde solitude, accompagnée d'un danger omniprésent qui se conjugue au fantastique, mérite une aventure moins centrée sur l'action que l'aventure, et la magie des décors. Reste que le dernier épisode en date, reboot de la franchise, a pris une tournure bien plus hollywoodienne, articulée autour de séquences d'action anthologiques. Préférons lui la trame des premiers, où l'héroïne explore la Grèce antique, l'Atlantide, l'Egypte ou encore une épave mémorable - un échantillon à en baver d'excitation.

Ça mérite qui : Matthew Vaughn. Le Joe Cornish de Hanna. Martin Campbell à la sauce Casino Royale. Ou Patty Jenkins, pressentie pour Thor 2, afin de refiler le bébé à une réalisatrice.

 

 

Resident Evil de Paul Anderson (2002) suivi de Resident Evil Apocalypse (2004), Extinction (2007), Afterlife (2010), Retribution (2012) et un sixième opus (2015).

Ça parle de quoi : A la base, d'un virus qui s'échappe d'un laboratoire secret et réanime les morts. Aux dernières nouvelles, d'une super-héroïne increvable, entre X-Men et Jackie Chan, qui a presque réussi à détruire la diabolique Umbrella avec une armée de clones, et a regagné la Maison Blanche pour une dernière bataille contre le Mal. 

Ça vaut quoi : A l'époque du premier film, il était facile de bâcher Paul Anderson sur sa série B tiédasse, loin de correspondre au jeu vidéo initial, véritable monument du survival. Depuis, la franchise sur console a sombré dans les abysses du grand n'importe quoi, laissant le loisir de décider, au gré des épisodes, qui est le plus ridicule. 

Ça mérite quoi : Là encore, une simple adaptation qui ne pille pas uniquement le matériau pour en tirer un film d'action minable. Jusqu'au cinquième épisode sur console, Resident Evil a donné de quoi écrire un pur film de terreur, avec une atmosphère poisseuse et des décors fantastiques. Pour quitter les sentiers de la série Z, le bestiaire et la mythologie sont à simplifier, mais le cœur même de la franchise appelle à une sinistre odyssée - de préférence adaptée du tout premier épisode, parfait en tous points.

Ça mérite qui : Juan Carlos Fresnadillo. Ciaran Foy, révélé avec Citadel. Sans Milla Jovovich.

 

 

Jumper de Doug Liman (2008)

Ça parle de quoi : Des X-Men capables de se téléporter sont poursuivis par une société secrète, qui refuse de laisser vivre ces êtres blasphématoires.

Ça vaut quoi : Pas grand chose, la faute à un scénario très con et une cool-attitude désagréable. Le concept est mal exploité, les héros sont tête-à-claque, et la mise en image, d'une lourdeur déprimante. 

Ça mérite quoi : Un vrai bon film d'action, qui exploite le potentiel d'une poursuite à travers les dimensions, étalée sur des siècles de chasse aux sorcières. Et éventuellement l'option de se téléporter ailleurs que sur Terre.

Ça mérite qui : Duncan Jones ou Joseph Kosinski. Dans les deux cas, avec un vrai scénario.

 

 

Catwoman de Pitof (2003)

Ça parle de quoi : Une timide employée d'une diabolique compagnie de cosmétiques est abattue par sa hiérarchie lorsqu'elle découvre leurs sombres méthodes. Au fond des égouts, elle est ramenée à la vie par une bande de chatons, dotée de pouvoirs félins et libérée de sa pauvre condition humaine.

Ça vaut quoi : Tout l'or du monde pour le cynique qui aime se repaître des échecs du système.

Ça mérite quoi : Anne Hathaway a beau s'en sortir avec les honneurs, la Catwoman de Christopher Nolan est loin de la sublime Michelle Pfeiffer chez Tim Burton. Plus fouillée, plus complexe, plus vénéneuse, plus humaine, elle a provoqué le fantasme d'un film dédié à ce personnage hors-normes. A une époque de rationalisation des super-héros, Catwoman mérite un film à cette hauteur.

Ça mérite qui : Eva Green, choix facile mais irrésistible, sous la direction du Zack Snyder de Watchmen, pour un blockbuster baroque.

 

 

L'Expérience interdite de Joel Schumacher (1990)

Ça parle de quoi : Quatre étudiants en médecine décident de percer le mystère de l'au-delà. A tour de rôle, ils se provoquent un arrêt cardiaque, et sont réanimés après quelques minutes passées de l'autre côté. Mais chacun reviendra hanté par un secret diabolique, du camarade d'école accidentellement tué à la sex-tape inavouée.

Ça vaut quoi : Un bon téléfilm des années 90 avec Kiefer Sutherland et Julia Roberts, classé parmi les moins pires film de Schumacher. Ce qui n'empêche pas le scénario d'user des pires ficelles du genre, et de gaspiller une belle idée avec des péripéties bien triviales.

Ça mérite quoi : Une vraie aventure aux frontières du réel, qui ne résume pas l'être humain à une caricature rongée par la culpabilité de bas-étage.

Ça mérite qui : Adrian Lyne période L'Echelle de Jacob. Tarsem Singh avec The Cell comme bande démo. Et avec le directeur artistique du Silent Hill de Christophe Gans.

 

 

Dune de David Lynch (1984)

Ça parle de quoi : Il est question de l'Epice, trésor galactique convoité par tous les peuples de la Guilde Spatiale, dans un futur très, très lointain. Il y a aussi un Prophète, un Ver titanesque, du sable, Sting et une terrifiante épreuve de la boîte.

Ça vaut quoi : Ni nanar honteux, ni chef d'œuvre incompris, l'adaptation de Lynch prouve que le roman de Frank Herbert, d'une densité étouffante, a gagné sa place de classique inadaptable.

Ça mérite quoi : Avec un premier livre fragmenté en deux volumes, eux-mêmes replacés au sein d'un cycle en six pièces, Dune semble condamné à ne pouvoir exister que sous forme de franchise colossale. Qui ne sacrifie ni les effets spéciaux, ni la complexité de l'histoire.

Ça mérite qui : Un forcené à la Peter Jackson, qui en fera l'œuvre suprême de sa vie de metteur en scène. Les Wachowski dans une dizaine d'années.

 

 

Invasion Los Angeles de John Carpenter (1988)

Ça parle de quoi : Un baroudeur trouve dans un quartier défavorisé de Los Angeles une paire de lunettes pas comme les autres, qui révèle la véritable nature du monde. Il découvre ainsi qu'une race d'extra-terrestres, cachée derrière une apparence humaine, contrôle les médias et les esprits, via des messages de propagande subliminaux incrustés dans la vie de tous les jours.

Ça vaut quoi : Du 100% Carpenter, avec notamment une improbable scène de baston à mains nues qui s'étale sur 5 interminables minutes, par pure générosité. A classer aux côtés de Jack Burton.

Ça mérite quoi : Remaker du Carpenter s'est révélé être une idée assez terrible ces dernières années, mais Invasion Los Angeles ne ressemble à aucun des précédents. Ce n'est pas un des films les plus connus du maître, et contrairement à The Thing ou Halloween, il est traité au second degré. Ce qui laisse la porte grande ouverte à une version sombre, pour une invasion alien terrifiante et inédite, dans la veine des profanateurs de sépulture.

Ça mérite qui : Richard Kelly, avec son amour des univers croisés et la beauté de The Box. Shyamalan période Signes.

 

 

Ça, Il est revenu de Tommy Lee Wallace (1990)

Ça parle de quoi : Une bande de gosses marginaux est terrorisée par un alien polymorphe, plus connu comme un clown qui s'est terré dans les égouts, et matérialise les pires cauchemars de ses victimes.

Ça vaut quoi : Une proportion spectaculaire de la population a été traumatisée par la vision de Tim Curry en clown, qui invite un pauvre môme à le suivre, car « ils flottent tous en bas ». Une sacrée réussite pour un téléfilm poussiéreux sans grande inventivité, sauvé des vieux tiroirs grâce à plusieurs scènes d'angoisse mémorables. 

Ça mérite quoi : Mieux qu'un téléfilm et un vulgaire film industrialisé truffé de jump scares. Pour rendre justice aux deux volumes du livre, un seul film semble périlleux, mais pas impossible si tant est que la nature extrême de l'histoire soit respectée - le gang bang pour sceller le pacte, les origines de la créature.

Ça mérite qui : The Mist a prouvé que Frank Darabont sait adapter Stephen King et faire exister un groupe de personnages. Un James Wan plus mature pourra faire l'affaire. Cary Fukunaga a été annoncé à la tête d'un film en deux épisodes, resté sans nouvelles depuis des mois.

 

 

I, Robot d'Alex Proyas (2004)

Ça parle de quoi : Dans un futur où les robots sont des outils de confort vendus dans les boutiques, un policier réactionnaire soupçonne une de ces machines d'avoir assassiné le père fondateur de la robotique, allant ainsi à l'encontre de toutes les lois établies. 

Ça vaut quoi : Pas plus qu'un vulgaire film vendeur de pop-corn, truffé de placements de produits, de courses-poursuites et effets spéciaux en tous genres. Prétexte à un énième Will Smith show, le nom d'Isaac Asimov, crédité comme inspiration, n'a plus grand chose à voir avec un scénario basique qui picore dans son oeuvre colossal.

Ça mérite quoi : Une vraie adaptation de l'écrivain culte, qui ne se contente pas de piocher quelques maigres idées dans son répertoire. Les Cavernes d'acier, qui raconte l'enquête d'un policier assisté d'un robot humanoïde pour résoudre un meurtre, offre de superbes panoramas de science-fiction intelligente.

Ça mérite qui : Le Danny Boyle de Sunshine et 28 jours plus tard. Ou Alfonso Cuaron, désormais réalisateur attitré de l'espace. Avec Ronald D. Moore au scénario.

Liste non exhaustive. Prière de ne pas hurler au scandale.

 

 

Tout savoir sur Resident Evil : Extinction

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