Scarlett Johansson
À croire que Scarlett Johansson manquait au septième art, à croire
qu'avant Scarlett il n'y avait rien, tant la belle occupe le paysage
cinématographique : pas un mois, voire une semaine sans que son visage
n'apparaisse en une d'un magazine. Scarlett est celle qui en ce moment
dose le mieux l'épineux mélange actrice de cinéma- sex symbol. D'un
côté les unes et la plastique, de l'autre l'actrice aboutie de Lost in Translation, le film de Sofia Coppola qui l'a propulsée sur le devant de la scène en petite culotte rose.
Née à New York en 1984 d'un père d'origine polonaise et d'une mère d'origine danoise, elle commence sa carrière à l'écran à dix ans avec un petit rôle dans une comédie américaine (North), mais c'est deux ans après qu'elle entreprend la construction de son petit nid puisque sa prestation dans L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux aux côtés de Robert Redford est remarquée. On parle d'elle comme de « la jeune fille qui ressemble à une femme de trente ans ». La maturité est effectivement déjà là, en filigrane, et c'est sur cette corde que joue Scarlett Johansson par la suite. Il faudra pourtant attendre trois ans avant un second film marquant, qui lui offre un rôle autrement plus demandant. Dans Ghost world, la Rebecca qu'elle interprète et sa copine brune Enid (Thora Birch) forment un duo d'adolescentes américaines à la marge en parfaite symbiose. Dans ce film ressortent non seulement les capacités d'actrice de la jeune Scarlett mais aussi l'idée qu'elle se fait de son cinéma, puisque Ghost world joue résolument la carte de l'indépendance et de l'anti-conformisme.
Sa
voix rocailleuse et profonde dont elle ne maîtrise pas entièrement
toutes les modulations lui épargne d'office les rôles par lesquels elle
aurait dû passer, et en cela elle se rapproche plus de la grâce de Kate
Winslet qui était d'ailleurs pressentie pour le rôle de Nola dans Match point.
On aime sa moue boudeuse, son air de fille qui en sait beaucoup sur le
monde et son attitude profondément détachée, qui tranchent résolument
avec les paillettes et l'artificialité holywoodienne. La personnalité
bien trempée qu'on lui trouve ne demande qu'à s'épanouir, et c'est
Sofia Coppola qui la prend par la main pour la perdre dans les rues de
Tokyo en 2003 et en faire du jour au lendemain une star acclamée et
couverte de prix (Venise, BAFTA et une nomination aux Golden Globe).
Scarlett
joue à cette époque les jeunes filles simples dans des situations
compliquées. C'est Rebecca qui se demande ce qu'est au juste un adulte,
c'est Charlotte qui suit son jeune mari au Japon et s'attache à un
homme plus âgé. L'année suivante, dans La jeune fille à la perle,
elle est le modèle de Vermeer pour le tableau du même nom et
l'atmosphère doucement érotique du film la fait exister à la fois en
tant que femme quelconque et pour la première fois objet de désir.
« Elle est belle, en plus »
Mais finies les petites productions pour un temps. Assez d'être
intellectualisée ? Il est vrai qu'avec ce début feutré en 2003,
Scarlett dissimulait derrière la profondeur de ses films son sex-appeal
démesuré.) Après En bonne compagnie,
une comédie de studio gentillette, la belle blonde qu'elle est prend le
rôle de belle blonde qu'elle trouve. Ce ne sera pas dans Mission Impossible 3 qu'elle usera de ses charmes à cause d'un problème de calendrier, mais dans The Island .
« Elle joue bien, en plus » Il aura fallu seulement ces quelques années à Woody Allen pour repérer sa nouvelle muse, et l'engager à contre-emploi dans son Match point très londonien. Bonne pioche : jamais la beauté américaine n'aura autant percé l'écran que dans ce second rôle taillé sur mesure par le petit homme qui aime les femmes et qui la filme avec passion. Scarlett joue à l'envi de son image de femme fatale, se transformant d'un même coup en métaphore du fantasme masculin ruinant malgré elle la vie d'un homme bien établi, et la sienne. Le rôle lui vaut les faveurs de la presse, de la profession et réaffirme en un même coup son statut de sex symbol et ses talents de comédienne... et ce n'est dans pas moins de trois films que nous la retrouvons en ce mois de novembre résolument placé sous le signe de Scarlett.
De nouveau sous l'aile de Woody Allen (et cette fois à ses côtés) dans Scoop,
le nouvel opus enlevé du cinéaste ; mais aussi en second rôle dans deux
productions à gros budget mais confiées à des auteurs : Le Dahlia noir de Brian de Palma et Le Prestige de Christopher Nolan.
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