La Tour 2 Contrôle Infernale : Critique mongoloïde

Simon Riaux | 10 février 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 10 février 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Depuis le 28 mars 2001 et la sortie de La Tour Montparnasse Infernale, ils sont réduits au silence, bâillonnés par la majorité hilare, un film culte et une société qui les contraints à vivre dans la peur. « Ils », ce sont les rares malheureux dont le cerveau ne synthétise pas l’humour d’Eric et Ramzy. Nous donnons aujourd’hui la parole à l’un d’entre eux.

 

Dans ton Culte

Pour qui est né à l’orée des années 80, ne pas rire aux délires d’Eric et Ramzy, c’est un peu comme se découvrir un gros bubon purulent sous les valseuses un soir de dépucelage. Ça entraîne deux-trois complexes. On perd rapidement tous ses amis et que plus aucune fille ne veut vous parler sans une lueur embarrassante de compassion au fond des yeux, alors on essaie de comprendre. Comment ? Pourquoi ?

Et à bien y regarder, La Tour Montparnasse Infernale était plus affaire de poésie que d’humour. Le numéro de mongoloïdes orchestré par le duo était touchant plutôt que drôle et renvoyait ses spectateurs à l’intimité de l’humour enfantin, où potentiellement tout, absolument TOUT peut devenir source d’hilarité. Dès lors, l’improbable couple renvoyait le public à ses propres souvenirs et liait avec lui une relation affective à la fois profonde et fragile.

 

Eric & Ramzy

 

C’est peut-être ce qui permit à La Tour Montparnasse Infernale de devenir une œuvre culte, et c’est probablement ce qui empêchera La Tour 2 Contrôle Infernale de provoquer autre chose que des crises de colique néphrétique. Car l’équilibre absurde, la folie douce qui présidait à leur précédente aventure, semble avoir été quelques peu piétiné.

 

Eric & Ramzy

 

Pas si Seuls Two...

Désormais, les deux comiques écrivent leurs mésaventures, tandis qu’Eric Judor les met en scène. Dans un premier temps on note avec plaisir qu’ils servent leurs seconds rôles avec bonheur. Philippe Katerine bénéficie des meilleures répliques (qu’il déclame génialement) et Grégoire Oestermann émerveille en doppelganger libidineux et sexiste de Jack Lang, devenu une sorte de ministre de la Défense pas piqué des vers.

De même, on trouve ici et là de pures idées burlesques, visuelles, cartoonesques, qui font mouche. Qu’un personnage perde des litres de sang, qu’un autre entame une relation compliquée avec des éperviers, ou que la caméra s’attarde n’importe comment sur le visage de Katerine et l’on sent affleurer le talent et l’inventivité des deux complices.

 

Eric & Ramzy

 

Mais un peu quand même...

Malheureusement, ces qualités ne représentent finalement qu’une partie négligeable du métrage, qui passe bien plus de temps avec ses héros gogolifiés. La mise en scène se contente généralement de les filmer en plans fixes, ou en champ/contrechamp, déblatérant des vannes plus ou moins réchauffées. La magie s’évapore alors instantanément, tandis que l’équipe technique profite de ces interminables tunnels de dialogues pour aller faire une pause casse-croûte. En effet, on ne compte plus le nombre de plans flous, ou cadrés sans véritable soucis de ce qui se déroule à l’image.

Curieux objet que cette Tour 2 Contrôle Infernale, qui semble vouloir enterrer tout ce qui faisait le caractère du film initial. Eric & Ramzy y sont comme écrasés par la machine qu’ils ont créée. On a ainsi le sentiment que si le désir de cinéma du couple est indiscutable, ce n’est probablement pas ce film qu’ils avaient envie de faire. Difficile du coup de ne pas voir dans cette suite aussi lourde que l'oeuvre originale était légère un décalque de la série Platane (comme nous le faisait intelligemment remarquer le camarade Ilan Ferry au sortir de la projection) où Judor se représentait en clown pathétique, forcé de tourner dans une séquelle dont il ne voulait pas.

 

Affiche

 

 

Résumé

Pour deux seconds rôles épatants et une poignée de belles idées visuelles, il faut supporter un show dont même ses deux auteurs semblent lassés...

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commentaires
herve
27/02/2016 à 10:15

Por ma part , j ai ri beaucoup pendant le film! Certes ce n est pas le film de l année mais j ai passé un agréable moment !!!

Holly
12/02/2016 à 00:21

On ne s'improvise pas bon en orthographe non plus visiblement

bidule
11/02/2016 à 21:23

Ils ont jamais été très drôles le mieux du film C est la bande annonce qui est pas mal faite on ne s improvise pas réalisateur

ANDYnewman
11/02/2016 à 09:37

Refuser le terme (très batard) de "culte" pour La Tour, mais le coller sur Dikkenek... Clairement chacun parle de ses goûts, pas de phénomène, parce que Dikkenek c'est pas le truc le plus cité et discuté par les gens en général

fatcap
11/02/2016 à 07:33

dikkenek est culte,la tour mortparchiasse heu....non

Caporal
10/02/2016 à 20:42

Le débat a glissé vers culte ou pas culte (ce qui n'est pas tout à fait la même chose), parce que personne ne questionne la médiocrité du premier.

lemon
10/02/2016 à 20:22

Je suis rassuré, je ne suis pas le seul à me demander encore en quoi le 1 pouvait être drôle.

Kaligula
10/02/2016 à 11:21

Tiens d'ailleurs je viens de regarder vite fait les phrases cultes de La Tour ; et réaliser que "Ô ! Mais c’est de toute beauté !", que j'ai entendu mille fois sans le situer, vient de là.

Kaligula
10/02/2016 à 11:18

La définition de culte est vague, et je n'entend quasi jamais la réplique des gladiateurs. Surtout comparé au doigt de whisky de La Cité.
C'est évidemment une question de génération, de milieu, de goûts. "Ca dépasse les frontières", ça me semble un peu simpliste, surtout que culte voulant tout et rien dire, il y a différents degrés de "culte". (preuve entre les ZAZ et La Cité de la peur). Et c'est probablement pas anodin que personne ici (pas même moi) n'aime La Tour, et débatte sur son statut de film culte.

Il existe des gens qui n'aiment pas La Cité de la peur, qui n'aiment pas Les Inconnus, ne reconnaissent pas si on sort une réplique de Friends. D'autres considèrent cultes des nanars imbuvables et peuvent citer les Chuck Norris. Star Trek est culte, mais qui peut citer des noms de planète ou de monstres ?

Donc pour être dans le raccourci, oui tout est potentiellement culte, quand on en est à citer et discuter et revoir et connaître par coeur (donc pour la génération de ta mamie et Amour, gloire et beauté, je pense pas que ça marche).

La Tour Montparnasse est probablement "culte" dans le degré "culte à sa sortie et quelques temps, puis ça passe un peu et ne dure pas comme La Cité de la peur". Dans ce cas-là, oui effectivement vous pouvez débattre de la terminologie et établir une échelle de culte. Mais de là à affirmer que ceci est culte, ceci ne l'est pas, et que culte a une définition claire et indiscutable, à peine lié aux goûts et à l'identité de chacun, je vous suis pas. (pas sûr qu'un amateur de SF, de giallo, de comédies à la Eddie Murphy, des Monthy Python et des comédies romantiques aient les mêmes films cultes par ex : la précision et le calibrage de chacun sera très différent)

SMQ
09/02/2016 à 22:30

Entièrement d'accord avec Anthony, évidemment que 'Y'a t'il un pilote...' est un film culte, car oui, certaines répliques sont rentrées dans l'inconscient collectif. Il suffit de les sortir et on sait d'où elles viennent. Après il y a peut-être une question d'âge, de génération, qui fait que l'on n'a pas les mêmes références, etc...mais c'est justement ce qui définit un film culte : ça dépasse ces frontières là ! Et c'est clair qu'en ce qui me concerne, aucune réplique/scènes/etc... de la Tour n'est culte. ça reste limité à un cercle plus ou moins restreint, mais en aucun cas ce n'est passé dans l'inconscient collectif.

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