Un otoño sin Berlín : La critique espagnole.

Christophe Foltzer | 8 octobre 2015
Christophe Foltzer | 8 octobre 2015

Après avoir quitté sa ville natale pour habiter à l'étranger pendant quelques années, June revient sans prévenir. Elle se confronte à ce qu'elle a laissé derrière elle, aux gens qui ont bien changé et aux projets avortés, notamment à un voyage à Berlin avec son ancien petit ami. Mais peut-on reprendre le cours de sa vie après une telle séparation ?

Magique et envoûtant, Un ontono sin Berlin surprendra d'abord par son format et le mystère qui se dégage des premières minutes du film. Tourné dans un 4:3 tour à tour étouffant et poétique, le film ne s'embarrasse pas d'une exposition dite classique de ses enjeux et de ses personnages et nous demande de recoller nous-même les morceaux de son passé. Une entreprise audacieuse et risquée que la jeune réalisatrice Lara Izagirre réussit à merveille, le temps de poser son ambiance, pour mieux distiller les éléments de cet avant douloureux.

Film mélancolique qui convoque aussi bien les ténèbres de l'isolement et de l'enfermement en soi (littéralement) que les instants lumineux d'une existence désanchantée, Un ontono sin Berlin ne verse pourtant jamais dans le pathos et évite avec brio la description rébarbative des états d'âme de ses personnages. Le mérite en revient évidemment à la réalisatrice qui laisse respirer son histoire au rythme des sentiments de ses personnages, davantage intéressée par les enjeux émotionnels et la sensibilité humaine que par une véritable étude de cas.

S'en dégage alors une poésie que l'on rencontre rarement dans un premier film et qui touche au coeur. Les moments réellement émouvants fonctionnent à merveille et cette galerie de personnages cabossés par la vie, les épreuves, et qui ont préféré la fuite (ailleurs ou en soi) respirent l'authenticité et sont toujours traités avec beaucoup d'intelligence et de finesse.

Le mérite en revient également au casting, tous aussi parfaits les uns que les autres, et en particulier à Irene Escolar, magnétique June, qui explose chaque plan où elle apparait. On serait tenté de dire qu'elle porte à elle seule le film sur ses épaules, mais ce serait oublier l'excellence de la performance de ses camarades de jeu. 

Touchant, triste, joyeux et émouvant, Un otono sin Berlin est un condensé de vie où les gestes et les petites attentions sont tout aussi importants que les grands évènements. Comme dans la réalité donc, l'important est dans le non-dit et, à ce titre, le phénoménal plan final restera longtemps en mémoire tant il condense toute sa problématique et nous permet de ressentir un personnage au plus profond de sa chair. Ce qui n'arrive pas souvent.

Résumé

Malgré quelques défauts de jeunesse, Un otono sin Berlin crée la surprise en jouant la carte de l'émotion et de l'intelligence. On ne s'attendait pas à autant de maturité et de justesse tant sur le fond que la forme pour un premier film. Ce qui nous fait nourrir de grands espoirs en sa réalisatrice.

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