La Taularde : La critique au mitard
Mathilde, professeure de Lettres, se retrouve en prison après avoir aidé son mari à s'évader. Plongée dans l'enfer carcéral, elle voit devoir se battre pour survivre, s'imposer tout en faisant attention à ne pas se perdre au passage.
Nous avions laissé Audrey Estrougo avec Une histoire banale, son précédent film, important drame sur le viol et ses conséquences, boudé par les distributeurs pour d'obscures raisons. Alors qu'elle aurait pu montrer patte blanche et s'embarquer dans une comédie avec Kev Adams histoire de faire des entrées et assurer son avenir, la réalisatrice ne baisse pas les bras et poursuit son combat en livrant son meilleur film.
Si l'on peut s'attendre à toutes les figures imposées par le genre du film de prison, on comprend très vite que Taulardes n'est pas un film comme les autres. Opposant la froideur du bâtiment aux esprits echauffés qui le hantent, Estrougo nous livre un portrait sans concession d'une partie de la population livrée à elle-même, à qui l'on interdit toute identité et sans réelle perspective de réinsertion. Des clans qui se forment en une micro-société qui ne reproduit qu'à petite échelle les târes du monde moderne, aux figures d'autorité aussi prisonnières que les détenues et tiraillées entre leur devoir et leur humanité alors que les moyens viennent à manquer, Taulardes nous propose au final une étude de l'être humain perdu dans ses contradictions, ses désirs, ses engagements, vacillant sous le poids de la société, la loi du nombre et la violence des échanges et qui s'accroche à son rêve au point d'en perdre de vue son sens premier. Un constat terrible et perturbant que la réalisatrice maitrise de bout en bout, avec énormement d'intelligence et de subtilité, évitant à son film de ne se réduire qu'à un pensum.
Comment ne pas parler du film sans évoquer l'incroyable performance de Sophie Marceau. Ceux pour qui la comédienne se résume à La Boum et Belphégor risquent de se prendre une énorme baffe tant elle crève l'écran. Totalement dévouée au film et à son personnage, Sophie Marceau porte l'histoire et s'investit à fond, prenant à bras le corps les moments les plus sombres du récit, ne reculant devant rien pour rester fidèle à la vision du propos. Et des scènes choc, il y en a ! Marceau trouve sans conteste son meilleur rôle et prouve qu'elle est très loin du personnage de gentille romantique qui lui colle aux basques depuis des années en faisant preuve d'une profondeur de jeu qu'on ne lui connaissait pas, à l'image du reste du casting d'ailleurs, exemplaire du début à la fin, troublant de vérité et de justesse émotionnelle.
Lecteurs
(0.0)07/10/2015 à 17:28
"Ceux pour qui la comédienne se résume à La Boum et Belphégor":Et l'étudiante;) En tout cas bravo à la réalisatrice et à l'actrice, en ésperant que les spectateurs adhèrent et ne tirent pas à boulet rouge sur les rares films Français qui ose se démarquer.
07/10/2015 à 15:23
On attend la sortie très vite
07/10/2015 à 14:38
Si prometteur pourles femmes,. Vivement sa sortie et je n'ai aucun doute pour la réalisatrice at l'actrice Sophie MARCEAU. Merci au producteur.
Christine D.C.JOLY.