Pixels : critique pixelisée

Simon Riaux | 22 juillet 2015 - MAJ : 03/08/2018 17:25
Simon Riaux | 22 juillet 2015 - MAJ : 03/08/2018 17:25

Il y a cinq ans, Pixels enflammait le web, sous la forme d’un court-métrage techniquement brillant, formellement original, qui incarnait parfaitement la curiosité technologique et la nostalgie qui nourrissent la culture geek. Depuis, la création de Patrick Jean s’est transformée en blockbuster estival. Mais qu’en reste-t-il ?

GAME OVER ?

Au delà de ses qualités et défauts propres, le cas Pixels est une illustration parfaite de certains disfonctionnements hollywoodiens. Le court-métrage d’origine frappait par sa malice et sa modernité, qui ont logiquement avivé l’appétit des studios, mais leur logique interne a totalement noyauté la force de l’idée originale.

D’hommage vibrant à tout un pan la culture populaire contemporaine, Pixels s’est transformé en mauvaise plaisanterie, qui moque et pointe du doigt ce que le court-métrage saluait avec révérence. Confier la réalisation du long-métrage à Chris Colombus est à ce titre un choix aussi malheureux que cohérent. Metteur en scène de Maman j’ai raté l’avion et Mrs Doubtfire, Colombus a vécu une (relative) traversée du désert à la sortie des années 90. La faute sans doute à un univers trop marqué et daté, peu compatible avec les mutations de l’industrie.

 

 

Et le cinéaste, hélas, n’a pas changé d’un iota. Il faut comprendre ici que d’un point de départ – l’attaque de la Terre par des personnages de jeux vidéo – conçu comme un hommage à la culture geek, Colombus tire une pantalonnade dans laquelle le gamer n’est rien d’autre qu’un abruti ventripotent, anachronique et associable. Soit une vision issue de la comédie familiale conservatrice des années 90. Une pure vision de studio, qui s’opposait à l’époque à la valorisation de la démerde par des films tels que Ghostbusters. Montrant qu’il n’a rien compris au projet, ni aux transformations de la société, le réalisateur nous explique gentiment que les gamers (et donc la cible du film) sont toujours des hordes de semi-abrutis tout juste bons à ergoter sur leur passion de marginaux à l’hygiène douteuse.

 

 

MÊME JOUEUR JOUE ENCORE

Néanmoins, au-delà ce cette vision anachronique du jeu vidéo et de ses usagers, Pixels a quelques atouts en poche. Sa facture technique tout d’abord. Car si le film nous explique l’air de rien que les amateurs de Donkey Kong et Pac Man sont des abrutis finis, il nous offre un spectacle visuel plus que solide. Et ici et là, on prend un plaisir sincère à voir les sprites d’hier dévorer goulument les mégalopoles d’aujourd’hui. Ainsi, le métrage propose un spectacle de destruction massive étonnamment coloré et réjouissant, dans lequel réside la vision d’origine de Patrick Jean.

 

 

Autre Joker de Pixels, le formidable Peter Dinklage. Si on connaît et apprécie depuis plusieurs années la finesse de son jeu dans Game of Thrones, l’outrance qu’il déploie ici, sorte de Jim Carrey badass et graveleux, fait véritablement des miracles. S’il ne suffit pas toujours à compenser les lourdeurs d’un casting qui laisse bien trop de place à un Adam Sandler qui n’a manifestement rien à faire de son rôle, il est clairement l’arme secrète du film, qui parvient à nous raccrocher à chaque fois que l’avalanche de clichés ou de facilités menace de perdre le spectateur.

 

Résumé

Sorti tout droit des années 90, Pixels n'a pas compris que les gamers qu'il caricature sont en fait le public auquel il s'adresse. Heureusement que l'esthétique et Peter Dinklage  sont là pour sauver l'entreprise.

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commentaires
????Christophe
01/06/2020 à 15:10

LOL ????

memede lebarbare
25/07/2015 à 17:42

@SIMON : comme tu dis a part les SFX assez bluffant le reste c est la cata

Critique Triste 2 : le retour
24/07/2015 à 13:55

Quand un McG a réalisé cette bombe atomique de CHARLIE'S ANGELS en 2000. il a fait un constat cinématographique des années 90 et le tout avec une mise en scène ultra rythmée et sublime (les longs plans en pagaille), des acteurs à fond dans leur kiff, une BO exceptionnelle, du rire à tous les niveaux, du kitch assumé et de la caricature.
PIXELS n'a pas le gabarit du film de McG mais il reprend les codes de ces années (auquel Colombus a contribué) qui est surement l'âge d'or du cinéma de divertissement avec les années 80. Parce qu'ils s'en foutaient, ils faisaient ce qu'ils aimaient, comme ils le voulaient, ils n'avaient peur de rien et, en plus, ça fonctionnait très souvent. Aujourd'hui, plus de risques, plus d'amusement. Il suffit de voir LES GARDIENS DE LA GALAXY qui est certes sympa mais qui est d'un classicisme extrême et d'un manque d'audace assez fou.
Quand un film ose enfin s'amuser purement, on le critique parce que c'est débile alors que pas toujours. Et quand un film fait comme tous les autres mais rajoute deux musiques sympas et des personnages faussement fous, tout le monde adore...
Je ne comprends franchement plus rien.

Critique triste
24/07/2015 à 13:49

50% sur "les gamers sont montrés comme des loosers donc c'est caca"
50% sur le film est drôle et efficace.
Résultat : C'est une merde.
Des fois je ne comprends pas Ecran Large.
Et franchement, qu'est ce que vous avez contre les années 90 ? Une époque où on osait faire du VRAI spectacle décomplexé. Si Années 90, il n'y avait pas eu, Matthew Vaughn n'existerait sûrement pas. Qu

Yodas
23/07/2015 à 14:31

Film tres sympa ! Des bonnes vannes , bourre de clin d'oeil et adam sandler m'a toujours fais marrer (zohan forever ... La meilleur comedie du siecle!)

Dommage la grosse baisse de regime sur la fin.

diez
23/07/2015 à 11:33

Mais le film ne parle pas du gamers d'aujourd'hui, mais de celui, en quelque sorte, des origines. Et puis sur les 4 gamers il y en a vraiment 1 seul qui en est une caricature foireuse. Les autres sont des adultes (de comedie) qui ont chacun grandit en laissant leur passion de côté.

Le film, est pour les personnages comme pour le spectateur une sorte de recreation beaucoup plus bienveillante que certains autres films. Le gros puceau irrite c'est clair, il est meme de trop, mais au fond et pour peu qu'on aime la comedie us potache, je trouve que le divertissement est honnorable.

Cependant, j'aurai apprécié que le film se lache encore plus dans son côté nostalgique avec plus de jeux ou d'idées en rapport (comme le tetris qui detruit les etages d'un immeuble).

sylvinception
23/07/2015 à 11:33

LOL la photo de Passe-Partout!!

sylvinception
23/07/2015 à 11:32

"de la merde de pustule a vomir beurkkkkkkkkkkkkk"

En même temps avec un tel pseudo...

Simon Riaux
23/07/2015 à 11:00

Voilà, comme La Rédaction. Tout pareil. Des fois j'ai l'impression que c'est moi qui écrit quand tu écris Rédaction.

Simon Riaux
23/07/2015 à 10:59

@Diez

Le problème, ce n'est pas de caricaturer les geeks. On a le droit de caricaturer tout le monde. À volonté. On peut regretter que la caricature en question soit toujours la même depuis 20 ans, quand la population dite geek s'est totalement transformée.
Ça traduit un manque d'imagination assez flagrant, une grosse paresse, et une incompréhension du sujet du film.
Et puis les gars, vous avez le droit d'être "ventripotent" et de "sortir des blagues foireuses" (on en connaît aussi un rayon hein), mais le fait est qu'aujourd'hui, le joueur ne ressemble plus à ça.
Et que le film est quand même bien mauvais.

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