Les Bêtises : Critique maladroite

Simon Riaux | 22 juillet 2015
Simon Riaux | 22 juillet 2015

La comédie française, genre sinistré, écartelé entre les commandes de prime time de chaînes télé peu exigeantes et les délires auteurisants d’un cinéma indépendant qui rit quand il se brûle, attend toujours ses sauveurs. Rose et Alice Philippon seront-elles les messies de la rigolade hexagonale ?

En l’espace de quelques minutes, le spectateur est assailli de notes d’intentions qui se marient avec une élégance inattendue. On passe ainsi de Buster Keaton à The Party, éclaboussé de gouttes de Tati, entouré de personnages tantôt lunaires, tantôt charnus, entre Vaudeville et surréalisme, sans que le scénario ne tranche. Il faut dire que ce dernier s’attarde sur chaque détail, sur chaque réplique avec une bienveillance remarquable, en funambule permanent, n'écrasant jamais ses personnages sous le poids d’une dramaturgie presque trop riche.

Si Jérémie Elkaïm déroule sans mal sa partition de maladroit malaimé, ce sont Sara Giraudeau et Jonathan Lambert qui impressionnent la rétine à chacune de leurs apparitions. Ils composent un pas de deux détonnant, cristalline et en apesanteur pour la première, éruptif et inquiétant pour le second, leurs performances font office de liant au sein d’un casting très hétéroclite sur le papier. On note ainsi la présence gentiment retorse d'Alexandre Steiger, excellent de douce dinguerie.

Hélas, trois fois hélas, Les Bêtises souffre du grand mal du cinéma français. L’absence de cinéma justement. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, la multitude d’idées et d’influences maniées par le scénario ne s’incarne jamais à l’image. On cherche en vain une idée de mise en scène, un principe dans le découpage, ou une quelconque forme d’inventivité du côté du montage. Le film s’avère d’une pauvreté technique embarrassante, comme si personne ne s’était posé la question de comment représenter visuellement la folie douce qui habite cette curieuse intrigue. Et l’ensemble de saccager ses meilleures trouvailles par son incapacité à leur trouver une forme attrayante…

Résumé

Excellement écrites et interprétées, ces Bêtises enivrent et amusent, malgré une mise en scène qui manque cruellement de caractère.

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commentaires
diez
26/07/2015 à 13:04

Quelles meilleures inspirations que celles provenant du cinéma de Jacques Tati ? Car en effet, Les betises, du duo Rose et Alice Philippon se sert de ce cinéma d'un autre temps pour nous concocter une comédie certe maladroite, mais aux intentions sincères.

Le Monsieur Hulot de ce film est interpreté par Jérémie Elkaïm. De ses nombreuses maladresses découle une ampathie naturelle pour un personnage lunaire et touchant. Sa quête identitaire sera parsemée d'embuches qu'il relevera dans des séquences burlesques qui ravivront la fibre nostalgique des anciens et amusera les nouveaux.

Encore faut-il accepter ce postulat de départ qui plonge le film dans un absurde assumé et maitrisé. Une fois cette idée acceptée Les bétises est une grande bouffée d'air frais rencontrant des personnages colorés (Sara Giraudeau en est un exemple tout à fait charmant), des gags et autres séquences émotions.

La réalisation est le point noir du long métrage, mais n'entâche heureusement presque jamais son contenu riche en émotions. La petite surprise de ce mois de Juillet déjà bien fournit en beaux films.

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