Microbe et Gasoil : Critique à fond la caisse

Simon Riaux | 3 juillet 2015
Simon Riaux | 3 juillet 2015

Porté aux nues avec Eternal Sunshine of the spotless mind, vivement critiqué après Le Frelon Vert, Michel Gondry alterne depuis quelques années entre projets intimistes , voire expérimentaux (The We and the I) et projets plus « attendus » (L’Ecume des Jours). Avec Microbe et Gasoil, comédie tendre et inattendue, le réalisateur français semble en passe de trouver un nouvel équilibre.

Si l’on a toujours suivi avec curiosité et plaisir chaque nouvelle création du réalisateur, on notait ces derniers temps une forme de flottement, d’indécision, qui semble ici se cristalliser et se dépasser. C’est que Gondry condense dans Microbe et Gasoil la plupart de ses thèmes et obsessions, et les dose avec un remarquable sens de l’équilibre.

On retrouve ainsi son amour des doux dingues et de la marginalité, son goût pour la démerde et la bricole (la voiture-maison de ses héros devrait rester au panthéon de ses inventions), et de nombreux appels du pied au cinéma américain. Ainsi, le métrage oscille entre le teen movie classique et le road trip, deux figures essentielles du cinoche d’outre-Atlantique, que le metteur en scène prend soin d’adapter aux routes de France. Ses deux héros nous régalent ainsi de bons mots et de péripéties gentiment loufoques (dont une séance de tonte au milieu d’un bordel pas piquée des vers).

Et si la musique du film s’avère difficilement supportable, ou que dans son envie d’explorer ses personnages de fond en comble Gondry bégaie et se répète parfois, on lui pardonne. Pour une poignée de séquences inutiles, l’artiste parvient encore à surprendre et à marier la sophistication de ses travaux postérieurs, avec le dénuement esthétique qui a caractérisé ses plus récents efforts. Et la photographie du film, en apparence baveuse et pas bien engageante, de se révéler un très beau tremplin aux prestations fragiles de ses acteurs, ou à des jeux de perspective lors des scènes de déplacement.

Résumé

Drôle, délicat et inattendu, le nouveau Michel Gondry est assurément un des films de l'été. Parfois bancal mais diablement attachant.

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commentaires
diez
12/07/2015 à 22:39

Une belle deception qui s'appui uniquement sur de petites bonnes idées. Cependant, elles sont trop desincarnées et a l'exploitation banale et bancale que l'ensemble n'emporte aucune sorte d'adhesion ou d'enthousiame.

Jo
10/07/2015 à 17:18

Vous avez beaucoup d'humour sur écran large !
Je pense comme vous, sans Condry, le cinéma français n'est plus rien.
Si, si, je suis sérieux

Jay W
09/07/2015 à 10:52

Totalement d'accord avec Boddicker
C'est un réal de génie... s'il a un scénariste. La Science des rêves est par ex un exemple frappant : idée intéressante, mise en scène intéressante, mais histoire et perso sans réel intérêt

Cela dit j'ai beaucoup aimé son The We and the I

Boddicker
07/07/2015 à 10:43

Je crois que "Eternal sunshine..." à plus été une extraordinnaire rencontre de talent Gondry/Kaufmann/Brion/Carrey (et le reste du casting), qui à crée cette fantastique et unique émulation, pour le reste je trouve le cinéma de Gondry poseur, nombriliste et vide...

Jay W
04/07/2015 à 12:08

Eh bien j'ai trouvé le film franchement dispensable et vide, téléphoné et ennuyeux, mal rythmé et incarné. La bienveillance autour de Gondry m'étonne toujours... sachant qu'il a plus de mauvais films que de bons.

Lemonade
04/07/2015 à 11:33

J'ai vu le film en avant première à Paris et j'ai trouvé la musique super : c'est jean claude vannier le compositeur, il a bossé avec gainsbourg, birkin, et la musique du film a un truc délicat et hors du temps qui va bien avec ce film.

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