Maggie : La critique contaminée

Simon Riaux | 29 avril 2015
Simon Riaux | 29 avril 2015

Dès son annonce, Maggie avait surpris son monde. Que venait donc faire le doyen du cinéma d’action bourrin, Arnold Schwarzenegger, dans un drame en territoire zombie, présenté comme ouvertement tragique et mélancolique ? Si le film d’Henry Obson souffre justement de ses indécisions, il n’en demeure pas moins un étrange objet, inclassable et sympathique.

Quand le film de morts-vivants se voit mixé avec un autre genre (parodie, romance, satire) le résultat est le plus souvent goguenard et indigent, comme le sinistre Warm Bodies nous l’a rappelé il y a peu. La première qualité de Maggie est de ne pas se cacher derrière son petit doigt. En cette fin de pandémie putrescente, les paysages sont mutilés et les chairs flétries. On croise en permanence cadavres, carcasses et autres signes de l’apocalypse qui vient juste de survenir. Maggie ne recule jamais, ni devant la violence, ni devant la noirceur absolue de son sujet, et gagne ainsi rapidement le respect du spectateur.

On est également étonné de la simplicité et du naturel avec lequel l’intrigue épouse des thématiques inattendues (quoique survolées bien trop superficiellement). Dans ce monde où la jeunesse semble destinée à être sacrifiée, victime idéale d’un mal qui paraît contaminer avant tout les adolescents, la figure d’Arnold Schwarzenegger détonne. Même si le Chêne Autrichien nous offre une partition finalement beaucoup trop monolithique pour nous émouvoir, l’idée de lui faire jouer un homme qui répugne à user de la moindre forme de violence s’avère payante.

 

 

Alors que les personnages secondaires l’enjoignent tous d’éliminer d’un coup de fusil sa fille contaminée, le héros d'hier rejoue sa carrière à l’envers, comme s’il n’avait plus le cœur à utiliser ce qui fut pendant plusieurs décennies son unique mode d’expression. C’est dans ces recoins inattendus que se glisse un beau spleen, soutenu par une photographie trop systématique, mais dont les tons dé-saturés flattent la rétine.

Maggie ne manque pas d’attraits, hélas Henry Obson articule platement son récit et n’y insuffle pas le rythme nécessaire. Intelligent mais trop froid, le métrage souffre en outre d’une fin fonctionnelle, qui esquive au dernier moment le véritable sujet du film (l’euthanasie et ce qu’elle convoque de courage ou de lâcheté) pour prendre une porte de sortie qui rend l’expérience plus anodine que nous ne l’espérions.

 

Résumé

Inabouti mais attachant, ce film de zombie traversé par une infinie mélancolie ne manque pas de qualités.

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Lecteurs

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commentaires
Edward
28/05/2015 à 17:27

Très bon film sur "l'acceptation de la mort" porté par un Arnold et une Abigail touchants.

RiffRaff
28/05/2015 à 09:20

Le film est vraiment pas mal. Schwarzy montre qu'il peut jouer. Sa prestation est loin de l'indigence que l'on pourrait craindre à le voir dans un drame.
Sinon je rejoins les critiques d'EL sur le rythme qui pourrait être mieux maitrisé. Par contre la fin n'esquive pas le sujet à mon sens, c'est la réponse choisie par le réalisateur, pas forcément celle qu'on attendait mais pas non plus hors sujet.

RiffRaff
28/05/2015 à 09:20

Le film est vraiment pas mal. Schwarzy montre qu'il peut jouer. Sa prestation est loin de l'indigence que l'on pourrait craindre à le voir dans un drame.
Sinon je rejoins les critiques d'EL sur le rythme qui pourrait être mieux maitrisé. Par contre la fin n'esquive pas le sujet à mon sens, c'est la réponse choisie par le réalisateur, pas forcément celle qu'on attendait mais pas non plus hors sujet.

Rico
28/05/2015 à 06:24

Un excellent drame avec un Schwarzy dans un rôle dans lequel on ne l'attend vraiment pas. Et n'en déplaise à certains, je le préfère dans ce rôle ou dans TWINS plutot que dans ces mauvais films d'action où les calembours n'ont finalement pour autre but que rendre les films tout publique.

stivostine
27/05/2015 à 11:23

arnold joue mal dans le genre drama, de toute facon cest pas un acteur,il ne saura jamais jouer. vivement conan pour voir son vrai retour (pour terminator jai des doutes)

rushdam
01/05/2015 à 22:55

I'LL BE BACK, bientôt dans Terminator Genesys, Arnold se fait plaisir et se forge un beau catalogue. C'est pour quand la réalisation??

anderson072
30/04/2015 à 12:09

cool avec arnold

sylvinception
30/04/2015 à 09:45

Il verse une larme à un moment dans le film non ??
C'était vraiment le maximum que le réal pouvait espérer ptdr!!

west666
30/04/2015 à 08:50

Enfin un retour correct de mister swarz ??????

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