Hacker : critique pirate

Simon Riaux | 18 mars 2015 - MAJ : 22/08/2023 17:39
Simon Riaux | 18 mars 2015 - MAJ : 22/08/2023 17:39

Après un Public Ennemies accueilli fraîchement, Michael Mann s'était essayé aux séries télé avec Luck, annulée suite à la mort de plusieurs chevaux utilisés sur le tournage, la série noire n'est pas prête de s'arrêter, puisque son très attendu Hacker est un four monumental aux Etats-Unis, ne sortira qu'en DTV en Australie (d'où est originaire son acteur principal et superstar), et ne connaît même pas les honneurs promotionnels échus à une petite comédie consanguine bien de chez nous. Le film mérite-t-il cette volée de bois vert ?

Les adversaires du cinéaste ne manqueront pas de se jeter sur le film comme la vérole sur le bas clergé, profitant d'une œuvre mineure pour jeter avec l'eau du bain une filmographie exceptionnelle. C'est que oui, indiscutablement, Hacker est un Michael Mann mineur. Il n'en demeure pas moins un brillant thriller.

La force du cinéma de Mann a toujours été de reposer sur deux piliers lui autorisant un grand écart fascinant. Ses films sont à la fois ultra-documentés, d'une précision maniaque et d'une exactitude historique indiscutable, tout en s'imposant en monument de style et d'inventivité visuelle, prenant toujours soin de sublimer le réel. Or clairement, Michael Mann ne pige à peu près rien au hacking et s'en contrefout totalement. En témoigne la représentation de l'informatique dans le film, embarrassante de clichés et de facilités aberrantes.

 

Hacker : Photo Chris Hemsworth, Tang Wei

 

 

Passé la déception de réaliser que l'un des plus brillants cinéastes encore en activité n'a rien à dire sur un sujet aussi passionnant, on aurait tort de ne pas prendre son pied devant un des films d'action les mieux mis en scène de ces derniers mois, dont les pics d'intensité risquent de vous tétaniser dans votre fauteuil.

 

Chris Hemsworth est le parfait véhicule de ce film paradoxal, à la fois puissant et introverti. Qu'il répande une violence primaire, ou soit balayé tel un fétu de paille par celle de ses adversaires, il incarne parfaitement cette figure qui hante le cinéma de Michael Mann. Il est un fantôme parmi les ombres, un homme en fuite perpétuel du réseau, d'un flux auquel ses semblables ne peuvent échapper et dont ils constituent ici littéralement le corps. Hacker n'est pas le grand film attendu sur la prédation technologique ou la solitude de l'humain 2.0, mais il demeure un excellent film de traque, au rythme hypnotique et aux embardées surpuissantes. 

 

Hacker : Affiche

 

Résumé

Hacker est un Michael Mann mineur, c'est à dire un thriller impeccable qui en remontre à la concurrence grâce à une réalisation et un montage impressionnants.

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commentaires
polux
04/04/2015 à 18:10

Bon film ! je recommande ;)

DJ Fest
23/03/2015 à 09:34

On m'avait prévenu et c'est vrai : le dernier Mann est bien le petit frère de MIAMI VICE, ce qui explique que je me sois senti bien seul pendant la projection. Non pas physiquement (printemps du cinéma oblige la salle était blindée), mais comprenez par là que les deux personnes qui m'accompagnaient me sortaient régulièrement (et en stéréo) durant la première heure du film combien ils s'emmerdaient, avant de pousser la synchronisation jusqu'à s'endormir en même temps (véridique)...

Et pourtant BLACKHAT c'est du 100% pur Michael Mann, toujours aussi stylisé (sinon plus), toujours aussi romantique, avec un soin maniaque apporté à chaque détail (on sent que le mec a vraiment bossé sur les dernières techniques de hacking)... Seulement voilà, comme pour MIAMI VICE il faut se laisser porter par un trip sensoriel, accepter qu'aucun coup de feu n'éclate avant au moins une heure, se contenter des quelques phrases échangées par le couple au centre du film pour se concentrer sur les regards échangées, et puis surtout, surtout, accepter qu'il est ici question de traque technologique et passer outre un jargon que le réalisateur ne perd pas de temps à expliquer de manière laborieuse.

BLACKHAT est un film exigeant, certes, mais ceux qui rentreront dedans seront grandement récompensés. D'abord parce que la maîtrise formelle du réalisateur y est totale : personne ne filme une ville la nuit comme ce mec, définitivement ; les fusillades, même lorsqu'elles sont brèves, sont tétanisantes ; les partis-pris subjectivistes et ultra-sensitifs (beaucoup d'extrêmes gros plans, beaucoup de caméra portée) sont plus que jamais tenus pour un rendu toujours plus personnel... Ensuite parce que (et c'était encore une fois le cas dans MIAMI VICE) si à première vue le film peut sembler froid à cause du caractère mutique des personnages (hormis pour tout ce qui touche à l'enquête, les états d'âmes se résument à quelques phrases essentielles), dans le dernier tiers il décolle véritablement d'un point de vue émotionnel.

Maintenant voilà, si l'on accepte pas certains partis-pris typiquement manniens (le héros comme incarnation ultime du mâle alpha, fût-il expert en informatique, le script qui ne s'étend pas en explications superflues, la violence explosive mais rare), ici poussés à leur paroxysme, mieux vaut passer son chemin. Si, en revanche, on place MIAMI VICE dans son top 3 du réal, il faut voir ce film sur grand écran.

Sol
21/03/2015 à 01:18

Film assez décevant dans la forme (on est loin du prodigieux Miami Vice) et dans la narration (beaucoup d'invraisemblances et de facilités) mais l'univers typiquement mannien donne envie de le revoir et (peut-être) de le réévaluer. Les plus belles séquences du film sont paradoxalement à chercher du côté des scènes intimistes (Mann a rarement aussi bien filmé les femmes que Tang Wei).

Vincent
19/03/2015 à 12:36

Probablement le pire film de Michael Mann.

DJ Fest
19/03/2015 à 11:09

Un peu rude la comparaison avec Ridley Scott.

Déjà parce que HEAT ou INSIDER c'est pas vraiment les débuts, et ensuite parce que si les Scott depuis 10 ans étaient du niveau de COLLATERAL ou MIAMI VICE ce serait déjà beau.

Spip
18/03/2015 à 21:27

Film malade, mais formellement superbe, et qui parvient surtout à éviter l'ennui poli généré par Public Enemies.
Il est néanmoins évident que le bonhomme a le même problème que Ridley Scott : il a commencé par ses chefs d'oeuvres. Depuis, ça baisse.
En même temps, comment faire mieux, voire même égaler, le tryptique - Last Mohican, Heat, The Insider ?

diez
18/03/2015 à 19:12

Il est même mauvais pour être honnête.

Le dernier des Mohicans et son plus beau film à mes yeux, et un de mes film préféré.

Vivement que je vois son nouveau.

Bolderiz
18/03/2015 à 16:43

Ce n'est pas sa plus grande réussite, en effet...

rigolax
18/03/2015 à 14:49

Sans être mauvais, Public ennemies était pas fantastique, non ?

Bolderiz
18/03/2015 à 12:58

Totalement d'accord avec Sylvinception (ça fait deux fois, ooh!!). Total fan de M.Mann. Même lorsqu'il est un peu en dessous ses films sont le dessus du panier. Je peux me voir Le dernier des Mohicans ou Miami Vice en boucle et même The keep, son film maudit... Respect total pour mister Mann. Quand à son petit dernier, le sujet ne me captive absolument pas, mais j'irai le voir, d'une manière ou d'une autre...

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