L'Enquête

Guillaume Meral | 13 février 2015
Guillaume Meral | 13 février 2015

Que le cinéma français essaie de sortir de la manufacture des comédies pour prime-time et des psycho-drames sentencieux, on ne va pas s’en plaindre. Qu’il trouve dans la transposition de fait-divers sa planche de salut susceptible de le sortir de cette dichotomie mortifère s’avère déjà plus problématique, à plus forte raison lorsque la reconstitution factuelle constitue l’unique horizon artistique du projet. Malheureusement, L’enquête vient s’ajouter à la longue liste des projets succombant à cet écueil.

En adaptant sur grand-écran le combat acharné du journaliste Denis Robert contre la multinationale Clearstream, Vincent Garenq disposait de tous les atouts nécessaires à la composition d’un grand film-dossier dans les règles de l’art: un sujet fort et très médiatisé en son temps, mais dont les ramifications complexes ne demandaient qu’à être éclairées sur grand-écran, une matière dramatique « David contre Goliath » ayant fait ses preuves ailleurs, un acteur principal investi (Gilles Lellouche, très bon)…

Malheureusement, contrairement au récent L’affaire SK1, qui osait embrasser le genre comme vecteur d’évocation des questionnements soulevés par l’affaire abordée, L’enquête ne reste jamais qu’à la surface des faits relatés. A force de confondre la pédagogie factuelle avec le processus d’empathie envers le héros (pourtant indispensable pour emporter le spectateur dans la croisade de celui-ci), Garenq oublie d’incarner son sujet, quand bien même sa mise en scène façon petit Michael Mann illustré essaie de faire croire le contraire (plages d’apnées introspectives incluses).

Enième symptôme, le film se contente de dérouler mollement les figures de styles attendues (la famille qui demande de renoncer, le témoin qui ne veut pas parler, offensive médiatiques diffamantes…) sans jamais réussir à définir les protagonistes autrement qu’à l’aune de leurs vocations purement fonctionnelles (voir le personnage d’Imad Lahoud, qui ne fait pas l’objet d’un début de caractérisation). Aussi scolaire qu’inoffensif, L’enquête ne dépasse jamais sa condition de compte-rendu télévisuel de l’un plus gros scandales de ces 15 dernières années.

Résumé

D'un sujet passionnant porté par un comédien investi, Vincent Garenq ne tire qu'un téléfilm de luxe, appliqué mais sans âme.

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commentaires
diez
16/02/2015 à 13:57

La critique n’apparaît pas dans la fiche du film. ;)

Vu le film. Sujet passionnant, prenant à plus d'un titre. Plus un docu-fiction qu'un film de cinéma, mais une véritable enquête qui fait froid dans le dos. Un Gilles Lelouche investi. Et une violente critique de sa société dans son ensemble. reste que le film en dehors de la description de son sujet principal manque l'impact et de suspens. Le thriller politique aurait été plus pertinent que l’enquête documentaire. reste un film à voir et une vulgarisation qui permet de comprendre pas mal de choses sur ce scandale mondial étouffé de bien des manières.

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