La rançon de la gloire : la critique

C'est toujours triste de voir quelqu'un dont on apprécie le travail se planter dans les grandes largeurs. Pourtant, La rançon de la gloire promettait énormément sur le papier. L'histoire vraie de deux malfrats à la petite semaine qui ont volé le cercueil de Charlie Chaplin pour rançonner sa famille, l'oeil aiguisé et maîtrisé de Xavier Beauvois et un casting solide, tout était là pour nous offrir une comédie noire comme on en avait rarement vu dans le cinéma français. Las, le miracle ne se produit jamais.

Ce n'est pourtant pas faute d'essayer. Mais, face au film, on déchante rapidement et on constate que rien ne fonctionne. Si l'on peut pardonner son installation un peu longue et la caricature sociale qui tombe sur ses personnages principaux tel un bloc de ciment, on sera bien moins compréhensifs face à la démarche du réalisateur. En effet, Xavier Beauvois ne maîtrise jamais son sujet, pire il ne s'y intéresse même pas. On se retrouve avec les égarements d'un artiste perdu dans les méandres de son propre égo, se regardant filmer, alignant des séquences à l'intérêt discutable tout en ne perdant jamais de vue son petit nombril.

Si au moins le film était drôle, la pilule passerait à la rigueur mais ce n'est jamais le cas. On se demande encore comment une histoire avec un potentiel aussi énorme peut se muer en un film aussi long et rébarbatif. Quand on connait le talent de Beauvois, on comprend encore moins sa mise en scène erratique et mollassonne, son manque de rythme évident et le jeu hasardeux de ses comédiens.

Roschdy Zem et Benoït Poelvoorde traversent le film l'air de rien, l'alchimie entre les deux fonctionne rarement et la sinistrose ambiante semble les contaminer à chaque seconde. En ajoutant à cela la prétention démesurée de Beauvois vis-à-vis de Chaplin, qui l'air de rien s'accapare son aura pour se mettre au même niveau, l'inutilité totale de Chiara Mastroianni et l'absence des règles élémentaires de la comédie, on reste bouche-bée devant une telle débâcle.