Tusk : critique dents longues

Simon Riaux | 24 novembre 2014 - MAJ : 04/09/2018 00:18
Simon Riaux | 24 novembre 2014 - MAJ : 04/09/2018 00:18

Étrange parcours que celui de Kevin Smith, héraut de la contre-culture et empereur nerd depuis l'avènement de Clerks, largement digéré par la lessiveuse hollywoodienne, qui s'aventure pour la deuxième fois dans les arcanes du cinéma de genre. Il y explore ici une veine plus grinçante et craspec encore que dans son éminemment respectable Red State.

Que les allergiques au style foutraque du réalisateur se le tiennent pour dit, Tusk est un pur film de Kevin Smith. Ce qui signifie une œuvre foutraque, visiblement tournée avec un budget ridicule, emballée entre la poire et le fromage, fourmillant de private jokes d'un goût douteux. On pourra être rebuté par cet énième bricolage, ou estimer qu'il lui permet une fois encore de nous emmener vers une destination inconnue, à l'occasion d'un trip hallucinant.

 

 

Car passé les faiblesses formelles et structurelles du récit, c'est un sacré film qui s'offre à nous. Une œuvre d'une noirceur et d'une sincérité totales, sarcastique toujours, goguenarde parfois, mais jamais cynique. La descente aux enfers de Wallace, petit sniper du Web à faire son beurre sur la débilité de l'époque est aussi jouissive que jusqu'au-boutiste. Preuve que même après 10 ans de torture porn, il suffit d'un peu de talent et d'imagination morbide pour parvenir à nous retourner brusquement les tripes.

 

 

Mais la réussite de Tusk ne se situe pas seulement dans ses débordements nihilistes, ou dans ses fulgurances gorasses. Smith développe ici un plaisir très communicatif dans la direction d'acteur, en tout point remarquable. Justin Long est exceptionnel de médiocrité hystérique, Michael Parks campe une fois de plus un sociopathe terrifiant. Celui qui emporte définitivement le morceau est un caméo totalement inattendu. Nous ne révèlerons pas ici son identité mais sachez qu'un poids lourd d'Hollywood vient ici prêter main forte le temps d'un troisième acte trop verbeux mais souvent hilarant, entre horreur absurde et cabotinage céleste.

 

Résumé

Presque Tarantinien dans sa volonté de mélanger les genres et les tonalités, Tusk est un film aussi euphorisant qu'écœurant, un joli bijou de mauvais goût.

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