Une nouvelle chance : Critique

Laurent Pécha | 20 novembre 2012
Laurent Pécha | 20 novembre 2012

Alors qu'il avait pourtant annoncé qu'on ne le reverrait plus devant une caméra, une nouvelle chance nous est donné de voir Clint Eastwood à l'œuvre. Le titre français, qui a évité fort justement de tenter de traduire l'original si référentiel au base-ball (Trouble with the curve évoque une technique de lancer de balle), souligne ainsi en quelque sorte l'événement de revoir une nouvelle fois le comédien œuvré sur grand écran. Et fait d'autant plus événementiel qu'Eastwood revient pour un film qu'il n'a pas signé. Il faut remonter à 1993 et l'excellent Dans la ligne de mire pour retrouver un tel privilège. Toutefois, il y a lieu de tempérer cette rareté en soulignant qu'Une nouvelle chance est l'œuvre de Robert Lorenz que Clint connaît parfaitement depuis presque 20 ans pour l'avoir eu comme assistant réalisateur puis producteur de ses films depuis Mystic river.

Nul doute que cette familiarité a fini de convaincre Eastwood de se prêter à un rôle qu'on imagine écrit sur mesure pour lui. Ce recruteur de joueurs de base-ball en bout de carrière, vestige prestigieux d'un passé révolu où l'humain prônait encore sur les machines, l'acteur en connaît toutes les moindres parcelles d'ADN. Du Maître de guerre à Gran Torino en passant par Space cowboys sans oublier le déjà cité Dans la ligne de mire, le comédien n'a cessé de jouer sur cette fibre du mec obsolète mais toujours prêt à montrer aux plus jeunes qu'il est encore de la race des grands. Il y a ainsi un vrai plaisir cinéphile à le revoir bougonner comme à ses plus belles heures et remettre à sa place ceux qui ne croient plus en lui (Matthew Lillard en prendra pour son grade).

 

 

Qu'il le fasse dans l'univers ultra codifié et si américain du base-ball renforce la légende autour du personnage. Au point qu'on s'étonne que ces deux monstres sacrés de la culture US ne se soient pas donnés rendez-vous plus tôt. En découle alors un récit ultra classique (trop diront certains) que le néophyte dans le domaine, Lorenz, filme à la manière de son illustre star. Reconnaissons d'ailleurs que le « jeune » réalisateur réussit le plus souvent à faire jeu égal et qu'il est difficile de faire une vraie différence stylistique entre Une nouvelle chance et les dernières réalisations d'Eastwood.

 

 

Si l'interprète de l'inspecteur Harry est bien la raison phare pour se laisser tenter par cette routinière mais toujours agréable histoire de baroud d'honneur, chant du cygne d'un mec qui a tout connu, il y a d'autres atouts non négligeables. Et notamment Amy Adams qui, dans le rôle de la fille à papa qui aimerait tant finalement être aimée par son père pour ce qu'elle est, vole le plus souvent la vedette à ses partenaires masculins grâce à un jeu toute en émotions retenues. Malgré une certaine schématisation (à l'image de la révélation des raisons de la « séparation » entre le père et sa fille), leurs relations filiales donnent du corps au récit, lui permettant de dépasser son cadre routinier lié au base-ball.

 

Résumé

Si, on juge encore que c'est dans une salle de cinéma qu'il faut découvrir les films, Une nouvelle chance échappe à son côté anecdotique qui le guette plus d'une fois, pour in fine rester cet événement de voir à l'œuvre le dernier des géants hollywoodiens. Une dernière chance ?

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