Les Petits Mouchoirs : Critique

Sandy Gillet | 20 octobre 2010
Sandy Gillet | 20 octobre 2010

Guillaume Canet le dit et le répète à qui veut l'entendre. Les petits mouchoirs est un film très personnel et certainement le plus abouti de sa jeune carrière de réalisateur. Et franchement on le croit sans problème tant il est clair que le bonhomme y a littéralement mis ses parties les plus intimes sur le billot. On le ressent au détour de tous les plans où chaque mouvement est étudié, soupesé, calculé pour en sortir une forme de quintessence filmique... Mais c'est justement là que le bât blesse. Car à trop vouloir tout contrôler, Canet en oublie les émotions initiales, de celles qui le touchèrent au point de pleurer au moment de l'écriture du scénario qu'il termina sur le tournage de L'affaire Farewell. Il s'est certainement mis à nu mais cette nudité donne l'impression paradoxale que tout ou presque demeure dans l'ombre.

 

 

Ne nous y trompons pas, l'homme est un timide doublé d'un introverti. Son film qu'il veut comme un miroir intime à multiples facettes est en fait un exercice d'équilibrisme continuel traversé par des éclairs de colère, de rires, de larmes et de douceur. Entre tous ces pics plus réfléchis que spontanés il y a cette histoire de bande d'amis qui décide de partir tous ensembles en vacances comme prévu et ce malgré l'accident très grave de l'un des leurs. Entre culpabilité à peine enfouie, tensions au quotidien, comédie de situation, humour potache et tragédie grecque tout y passe. Les petits mouchoirs c'est le grand huit des sensations forcément fortes. C'est le manège de la vie, le kaléidoscope façon septième Art, le lupanar de la baise sensorielle et intellectuelle.

 

 

N'en jetez plus d'autant que tout cela dure plus de 2h30 et que l'on a bien compris que le but était de nous essorer et accessoirement de sucer jusqu'à la moelle la moindre de nos émotions. Et Canet le démiurge vampire y arrive très souvent à commencer par ce plan-séquence d'ouverture magistral. Son talent est d'arriver à disséminer ce genre de gageure visuelle et émotionnelle d'une façon quasi métronomique distillant auprès du spectateur une tension sourde mais efficace qui le maintiendra à tout le moins au top de son attention.

Efficace oui. Le mot est lâché. Car si Les petits mouchoirs ne laisse en effet rien au hasard, il peut avoir cette capacité en lui à emmener très loin dans les cœurs et les ressentis intimes de chacun (même si en cette occurence Le premier jour du reste de ta vie voire Les copains d'abord lui tiennent la dragée haute). Il est aidé en cela par un cast à l'unisson à qui il permet généreusement à chacun de sortir son épingle du jeu. Pour autant certaines (grosses) ficelles sont là, comme par exemple cette fin en rupture complète avec tout le reste que certains pourront voir comme une faille bienvenue dans un système trop bien huilé. Mais le tout reste, on veut le croire, sincère : l'homme comme le film ayant tout simplement une peur obsessionnelle de décevoir ou de se louper. In fine ne peut-on pas qu'être magnanime face à une telle débauche de bien faire ?

Résumé

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