Bliss : critique Rollergirls

Stéphane Argentin | 10 janvier 2010 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Stéphane Argentin | 10 janvier 2010 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Difficile au travers de ce premier long-métrage réalisé par Drew Barrymore de ne pas dresser certains parallèles avec la carrière / vie privée de la comédienne ou, à défaut, de comprendre pourquoi elle fut séduite par le sujet. 

Propulsée sur le devant de la scène à tout juste sept ans suite au succès planétaire de « E.T. téléphone maison », elle mettra ensuite des années à se relever de ses dérives personnelles (la drogue), littéralement tailladée, au propre comme au figuré (sa mort mémorable en ouverture de Scream en 1996), par une Amérique puritaine, bien pensante et, in fine, terriblement hypocrite.

 

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Ce visage bicéphale se retrouve transposé in extenso dans le portrait de la petite Bliss (Ellen Page toujours aussi irréprochable en garçon manqué de l'Amérique profonde), 17 ans, promue future reine de beauté avec sa robe bien taillée et ses discours policés (« J'aime Dieu et mes parents ») mais qui, au détour d'un magasin hippie forcément synonyme de dérives en tous genres (alcool, drogue, fringues) va se découvrir un exutoire à sa petite vie morose dans sa bourgade natale : le roller derby. Lointain cousin du Rollberball, ce sport de contact féminin dont les bases nous sont sommairement expliqués histoire de ne pas larguer les néophytes devient dès lors un prétexte pour faire tomber tous les masques sociaux ainsi qu'une école de la vie pour Bliss.

 

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Elle va ainsi y découvrir l'amour (magnifique scène de piscine) et les chagrins qui vont avec et le vrai sens des mots « esprit d'équipe » par opposition aux concours de beauté égocentriques mais aussi et surtout famille. Famille biologique d'une part où la confrontation entre les aspirations des parents et les vrais désirs de leur progéniture vont inéluctablement conduire au clash. Famille de substitution d'autre part avec cette équipe de rollergirls où chacune reçoit autant de coups, aussi bien sur le terrain que dans la vie, qu'elle en donne. Difficile là encore de ne pas voir dans le personnage de second plan campé par Drew Barrymore, punching-ball et cogneuse à la fois, une allusion à son parcours semé d'embûches.

 

Affiche française

Résumé

Sans chercher à atteindre la violence graphique et sociale du chef d'œuvre de Jewison, la comédienne devenue depuis productrice et désormais réalisatrice nous livre une histoire dont la simplicité fondamentale se mue en un très joli portrait de femme qui refuse de se laisser enfermer dans un carcan social tout tracé. Juste, drôle et touchant à la fois, Bliss est le genre de petite merveille comme seul le cinéma indé US sait si bien les faire.

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