Critique : Redacted

Didier Verdurand | 1 septembre 2007
Didier Verdurand | 1 septembre 2007

POUR LE FILM (4/5)

par Matthieu Perrin


Comme s’il fallait que la situation politico-sociale actuelle des États-Unis réveille Brian De Palma, le réalisateur de Blow out et de Phantom of the paradise nous raconte un fait divers survenu pendant l’occupation des américains en Irak (le viol d’une jeune fille et son assassinat ainsi que le meurtre de sa famille par des marines), Brian De Palma refait surgir ses vieux démons et redevient l'immense
cinéaste qu'il etait dans les années 70. Il signe un film engagé tant politiquement qu’artistiquement. 

Pour ce faire, le cinéaste, utilisant toutes les images générées par les nouvelles technologies disponibles aujourd'hui, redevient ce qu'il a été au début de sa carrière : un cinéaste expérimental. La caméra DV, la vidéo sur Internet, les blogs, les caméras de surveillance... Il y inclut même un faux court-métrage documentaire vu du point de vue du journalistes français. Il arrive même à générer des images jamais vues où l’horreur peut trouver une certaine beauté. Pourtant, ce n’est pas l’utilisation de la DV au cinéma qui a manqué ces dernières années (comprenez par là des images merdiques devenues une véritable marque de fabrique depuis Le Projet Blair Witch et le dogme). Rarement l’image vidéo n’a été si bien utilisée. On retrouve son talent à utiliser la technologie sans jamais négliger sa direction d’acteurs (ici, pas de stars, tous les comédiens sont des « soldats inconnus »…) et sa fascination pour la manipulation des images. Évidemment impossible de ne pas penser à Outrages qui racontait quasiment la même histoire, mais ici De Palma s’est débarrassé de la forme académique et hollywoodienne qui paralysaient sa mise en scène depuis une dizaine d’années. L’ex-wonderboy des seventies se révèle ici comme un jeune cinéaste de la modernité des années 2000.

 

CONTRE LE FILM (1/5)

par Didier Verdurand

 

Outrages n’est jamais cité par les fans comme étant le meilleur De Palma, il n’en reste pas moins une œuvre majeure, malgré son échec public, de la Vietnam-mania des années 80 au cinéma. Il est inévitable de ne pas y penser à la vision de Redacted mais la ressemblance s’arrête au thème abordé – le viol et le crime de guerre. De Palma s’attaque ici à un conflit encore d’actualité, et c’est probablement ce qui lui a fait perdre les pédales, sous la forme docu-fiction expérimental.

Que voulait-il dire ? Que l’occupation en Irak développe chez les soldats américains des névroses qui peuvent provoquer le pire ? Qui pouvait douter du contraire ? Sûrement pas ceux qui s’attarderont sur la chose et qui ne l’auront pas attendu pour savoir que des soldats se confient sur Internet et qu’il est facilement possible d’y lire d’émouvants témoignages.

Redacted leur donnera-t-il plus envie de consulter leur blog pour en apprendre plus sur les horreurs quotidiennes vécues là-bas ? Non, à part les voyeurs et amateurs de trash ou snuff movies. Certains plans dans Redacted sont ignobles de cruauté et on aurait voulu plus de subtilité de la part de l’ancien maestro. Même dans ses choix musicaux, De Palma a la main très lourde et nos oreilles en prennent aussi pour leur grade (on ne s’attardera pas au grotesque hommage à Kubrick). Les détracteurs passeront pour des insensibles auprès des inconditionnels fanatiques, mais au contraire : trop c’est trop !

Résumé

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