Critique : The Offence

Jean-Noël Nicolau | 28 août 2007
Jean-Noël Nicolau | 28 août 2007

The Offence est une nouvelle preuve, et inédite en salles en France de surcroît, de l’incroyable créativité du cinéma anglo-saxon du début des années 70.  Mais plus encore, le film confirme le talent unique de Sidney Lumet pour transmettre la vivacité du théâtre sur grand écran. Son plus grand film, 12 hommes en colère, ne cachait pas ses origines et dans The Offence le découpage est encore plus flagrant, tout en étant mis en scène avec une intelligence remarquable. Pour scander les différents actes, Lumet choisit des procédés faisant échos au cinéma expérimental : plans subliminaux, surexposition, déconstruction narrative, flashbacks et flashforwards complexes, musique atonale angoissante, etc…

Dans sa première partie, où sont exposés les faits criminels révélant la psychose du personnage principal, Lumet joue sur le silence et l’espace (de la forêt, de la ville, du commissariat). Une fois la scène clef de l’interrogatoire nouée, le réalisateur plonge dans le théâtre pur, déroulant trois actes comme autant de confrontation entre l’inspecteur campé par Sean Connery et sa propre culpabilité. Dominant et cruel avec sa femme, en rapport de force équilibré avec le lieutenant interprété par Trevor Howard, puis entièrement mis à nu par l’incarnation de ses pulsions les plus malsaines, un suspect troublant magistralement porté par le méconnu Ian Bannen. Autant de moments terribles, moralement ambigus, qui nous font basculer dans le chaos psychologique de l’inspecteur Johnson.

Dans le rôle, Sean Connery est extraordinaire et la performance figure parmi les plus marquantes de sa longue carrière. Intense jusqu’à l’étourdissement, l’écossais n’a jamais été aussi vulnérable et inquiétant à la fois. Très intelligemment, Lumet joue du capital sympathie que véhicule l’interprète de James Bond. Le spectateur peut ainsi se dire que si Sean joue des poings, c’est forcément pour une juste cause. Insidieusement, le récit nous manipule pour mieux éclairer ce qui était pourtant là dès le tout début. Le face à face final bascule les rapports de force et envoie le spectateur au tapis, la plongée dans la folie et la violence donnant le vertige. La redécouverte de The Offence arrive à point nommé, à la fois pour célébrer la carrière de Sidney Lumet, mais aussi pour rappeler qu’avant la facilité hollywoodienne, Sean Connery était l’un des plus étonnants acteurs de son temps.

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