Critique : Natural City

Stéphane Argentin | 7 janvier 2006
Stéphane Argentin | 7 janvier 2006

En matière de science-fiction, les productions asiatiques récentes sont, au mieux regardables, au pire peu recommandables. Et ce n'est finalement peut-être pas un hasard si ces films sortent sur les autres continents, à commencer par le vieux, directement en vidéo contrairement aux autres genres : les polars (les films de Johnnie To), les wu xia pan (Tigre et dragon, Hero, Le secret des poignards volants).


En effet, quelque soit le pays sur lequel les regards se portent, les films sont globalement très fades. Le Japon nous a offert le très poussif The Returner et, plus récemment, le naïf et épileptique Casshern. Du côté de la Chine, ce n'est guère mieux puisque, exception faite d'un 2000 A.D. qui s'apparente davantage à un thriller technologique qu'à un véritable film de SF (plutôt réussi d'ailleurs), toutes les déclinaisons plus ou moins futuristes du film policier qui ont été tentées ces dernières années sont là encore globalement toutes ratées : Gen X Cops et sa suite Gen Y Cops produits par Mr. Chan (Jackie) et réalisés par Mr. Chan (Benny, New police story), The Wesley's mysterious files, version hongkongaise de Men in black que l'on doit au futur Mr. Infernal affairs, Andrew Lau, Silver hawk de Jingle Ma (Tokyo raiders).


Quant aux productions du pays du matin calme, on ne trouve, là encore, rien de bien folichon à se mettre sous la dent à une exception près, 2009 lost memories, dérivé plutôt réussi sur le thème de l'altération de l'Histoire (avec un grand H) à l'aide de voyages dans le temps. Pour le reste, point de miracle : entre un Yesterday tombant à plat à mi-parcours (après un monologue d'explications de dix minutes des plus rébarbatifs) sur le thème des super guerriers mâtiné à la sauce fantôme ou encore un Resurrection of the little match girl, dérivé du Avalon de Mamoru Oshii, sans oublier un Wonderful days en matière d'animation high-tech, toutes les tentatives sont à nouveau vaines.


La raison est généralement commune à toutes œuvres qui souffrent en effet du même syndrome : le pompage thématique (biotechnologie, manipulation du génome humain…) et visuel (bullet-time, cité verticale dans des tons sépias et le plus souvent pluvieux) des mangas nippons (Ghost in the shell et Akira pour ne citer que les plus connus, soit au final les seules vraies réussites du pays du soleil levant en matière de SF : la japanime) et des films américains (Blade runner, Terminator, Matrix…) dans un patchwork plus ou moins indigent aussi bien en matière de narration que de transposition à l'écran.


Réalisé par un Min Byeong-cheon, déjà à la mise en scène du bien faisandé Phantom the submarine, Natural city ne fait pas vraiment exception à la règle et n'appose finalement d'une (très) petite pierre de plus au gigantesque édifice préalablement bâti à grands renforts de budget conséquent (la réforme du financement des films coréens qui eut lieu dans le courant des années 90 aide beaucoup) permettant une débauche d'effets de mise en scène (ralentis, filtres…) et d'effets numériques aux influences plus que flagrantes. Sans compter le scénario dont la simple lecture mise en parallèle de celle d'un certain Blade runner se passe de commentaire. Et bien que l'ensemble demeure très solide une fois encore grâce à un certain savoir-faire des productions coréennes, le résultat global, peut-être un peu plus digeste que ses piètres prédécesseurs, n'en reste pas moins à des années lumières des influences singées.

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